Contribution à l’enquête publique – Projet autoroutier de Jonction Est

Les résultats communiqués par l’association 2 pieds 2 roues

SYNTHÈSE DE NOTRE CONTRIBUTION :

Nous émettons un avis défavorable au projet autoroutier de Jonction Est et rappelons les principaux arguments soutenant cet avis:

  • Le projet ne répond pas aux futurs besoins de déplacements de la population de la Métropole (Cf. l’enquête Ménages 2024 de l’INSEE) et de l’aire toulousaine; il continue de nous enfermer dans un modèle du “tout voiture” onéreux
  • La population s’est exprimée massivement contre le projet, lors des 2 concertations
  • Le projet est en totale contradiction avec les engagements environnementaux et climatiques portés par la France et par Toulouse Métropole
  • Aucune étude alternative au projet de Jonction Est n’est présentée, ni soumise à discussion
  • Le coût global du projet ne fait qu’augmenter, passant de 60 millions en 2016 à plus de 90 millions aujourd’hui. Eu égard au contexte de baisse des moyens alloués aux collectivités locales, Toulouse Métropole ne peut pas se permettre de dépenser de l’argent dans un projet inutile et coûteux.

Nous proposons de réaffecter les sommes budgétées pour la Jonction Est à l’une ou à une combinaison des solutions suivantes : 

  • la création de nouvelles lignes de bus Lineo en site propre et à haut niveau de service; 
  • la réallocation d’une partie de cette somme sur le budget consacré au vélo, ce qui permettrait, de l’augmenter (puisqu’il n’est que de 80M€ sur l’ensemble du mandat 2020-2026), et de réaliser rapidement les tronçons du Réseau Express Vélo sur l’Est toulousain; 
  • la participation au lancement de la première phase d’un RER métropolitain; 
  • le renforcement des connexions des transports en commun sur l’Est toulousain (par exemple : la jonction des Lineo 1 et 7, la constitution d’une ceinture Sud de transports en commun reliant le secteur Cité de l’Espace à Ramonville et au Téléo).

RÉDACTION ARGUMENTÉE DE NOTRE CONTRIBUTION :

1. Introduction

Dans le prolongement de notre contribution rédigée, lors de la concertation au projet de Jonction Est en septembre 2022, nous participons à l’enquête publique ouverte du 26/11/24 au 07/01/25.

Le projet conçu et pensé à la fin du siècle dernier ne répond plus aux attentes de la population et aux enjeux contemporains. C’est un projet daté et inadapté, quand on voit la progression croissante de l’utilisation des modes doux dans les déplacements : vélo, trottinettes, marche, etc. comme nous le constatons dans l’enquête Ménages de l’INSEE de 2024, valorisée par l’AUAT. Il est indiqué que :

  • “La voiture reste le principal mode de déplacement, mais l’utilisation des modes actifs progresse,
  • Hausse de 30 % de la pratique de la marche à pied,
  • La pratique du vélo a doublé en 10 ans,
  • La part des ménages disposant de 2 véhicules ou plus a baissé de 15 %.”[1]

Soulignons que ces tendances sont observées alors même que “l’évolution démographique du territoire a connu une augmentation de 11 %.”

2. Rejet historique du projet par la population

Lors de la précédente concertation (ayant eu lieu à l’été 2022) dont le délai de concertation avait été rallongé d’un mois, suite à la demande des groupes d’opposition et à la mobilisation des riverains, plus de 90% des 500 avis exprimés étaient défavorables au projet de Jonction Est. Malgré ce second désaveu, puisqu’il y avait eu une première concertation en 2007, qui avait reçu aussi un très grand nombre d’avis défavorables[2], la majorité métropolitaine persiste dans ce projet en proposant aujourd’hui l’ouverture de l’enquête publique. Pourtant, plus de 2 300 personnes ont signé la pétition lancée par le collectif « Non à la Jonction Est », en 2022.

→ Il y a donc eu un rejet massif du projet par la population, lors des deux concertations.

3. Enjeux environnementaux et climatiques

Alors que la France s’est engagée, à travers l’Accord de Paris[3] et sa Stratégie Nationale Bas Carbone[4] à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et alors que les alertes des scientifiques sont de plus en plus alarmantes, la construction de ce projet autoroutier ne répond pas aux enjeux environnementaux et climatiques.

A l’heure où nous devons modifier nos comportements en termes de mobilité pour diminuer la pollution de l’air et réduire nos émissions de gaz à effet de serre, qui cause le dérèglement climatique, ce projet aurait pour conséquence d’accroître le trafic routier. Or, toutes les études scientifiques sur le phénomène du trafic induit[5] indiquent que plus nous construisons de routes, plus nous augmentons le nombre de véhicules les empruntant et donc la pollution inhérente à ce trafic.

Le bureau d’études Citec ayant réalisé les études de trafic indique que le gain de parcours serait estimé de 2 à 3 min en 2030. Allons-nous détruire une zone de biodiversité – par ailleurs identifiée par la Métropole comme le futur “Grand Parc de l’Hers” -, artificialiser encore plus de terres, augmenter la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre, pour avoir un hypothétique gain de trajet de 2 à 3 min, en 2030 ?

4. Enjeux en termes de mobilité au sein de Toulouse Métropole et de l’aire urbaine

La présentation du projet de Jonction Est dans le cadre de l’enquête publique ne nous permet pas d’évaluer d’autres options de déplacement dans le secteur Est toulousain. Il aurait été judicieux de comparer l’hypothèse du trafic avec un projet autoroutier de Jonction Est en 2030 (et en 2040) versus un développement des transports collectifs et modes doux à horizon 2030 (et en 2040). Or, les projections à 2030 (et 2040) n’intègrent pas les évolutions du Réseau ferroviaire toulousain (RER toulousain), qui viendra incontestablement modifier les habitudes de déplacements de la population, ni l’évolution des modes doux. Pourquoi ne pas avoir fait une comparaison entre une option 1 (Jonction Est) et une option 2 (la requalification de la M2 intégrant la ligne Est du Réseau Express Vélo, réalisé de bout en bout + la ligne de bus à haut niveau de service) en 2030 et 2040 ?

Il n’y a pas d’études alternatives basées sur le principe du report modal, en conformité avec la Stratégie nationale bas carbone de la France.

S’il est constaté que malgré la mise en place des transports collectifs et modes doux adaptés, à l’horizon 2030, le trafic routier serait encore de + 32% par rapport au flux actuel, alors il faut se poser la question si l’urbanisation dans le secteur Est de Toulouse a été correctement planifiée, notamment la ZAC Malepère ? La Jonction Est serait-elle plus un projet servant à urbaniser l’Est de la ville de Toulouse, plutôt qu’à “faciliter” les déplacements des populations habitant la métropole et au-delà ?

De plus, dans l’étude de trafic faite par le cabinet Citec, en 2021 / 2022, il est pris une hypothèse de croissance de la population de la zone, largement surestimée,  selon nous, pour tenter de justifier la réalisation du projet autoroutier. En effet, il est indiqué : +  5 000 personnes par an, alors que l’hypothèse d’augmentation de la population sur toute la métropole est d’environ 9 000 par an, donc cela voudrait dire que plus de la moitié de la population arrivant sur notre territoire irait habiter dans le sud-est de Toulouse ?

5. Enjeux financiers pour la collectivité et pour la population

D’abord, le coût de ce projet pour la collectivité est dispendieux, d’autant plus en période de forte restriction budgétaire. Le feu gouvernement Barnier annonçait vouloir diminuer les budgets des collectivités locales de 10 milliards d’euros pour 2025, soit une baisse de 45 millions € pour Toulouse Métropole. Même si à l’heure où nous écrivons ces lignes, le budget de la France n’a pas encore été voté, suite à la nomination du gouvernement Bayrou, il est cependant à craindre que des efforts budgétaires soient demandés aux collectivités. Nous considérons alors que TM doit hiérarchiser ses dépenses et que la Jonction Est n’est pas une priorité.

            Ensuite, lors de la concertation sur ce même projet en 2022, le coût global du projet, basé sur l’année 2016, était d’environ 60 millions d’ €, dont un coût pour la collectivité de 44,95 millions d’€. A ce jour, le coût global du projet serait de près de 90 millions, dont le coût pour la collectivité n’a pas été communiqué, nous pouvons estimer un surcoût de 22,5 millions d’ €, soit une participation globale pour Toulouse Métropole que nous estimons à environ 67,45 millions d’€.

Rappelons que le Conseil régional Occitanie s’est retiré du financement de ce projet en 2021, obligeant Toulouse Métropole à revoir sa participation à la hausse.

Enfin, il existait déjà des études de trafic pour le projet de Jonction Est, mais de nouvelles études ont été faites par le cabinet Citec en 2021 et 2022 parce que « les élus du comité de pilotage Jonction Est ont estimé nécessaire de confirmer la pertinence de ce projet au regard du niveau d’investissement qu’il représente pour la Collectivité. »[6] Des éluEs de la majorité métropolitaine partagent donc nos inquiétudes d’éluEs d’opposition quant à la soutenabilité financière d’un tel projet pour Toulouse Métropole.

6. Actions (non exhaustives) du groupe Toulouse écologiste et solidaire – Ville & Métropole sur le sujet des mobilités en général et de la Jonction Est

Nous listons ci-dessous les propositions et actions que nous avons faites depuis le début du mandat (2020) sur le thème des transports et de la Jonction Est.

Opposition à la Jonction Est – Antoine Maurice – Bureau de la métropole du 3 mars 2021 – elus-toulouse-ecologiste-solidaire 

Jonction Est : Toulouse Métropole se couche devant Vinci

  • 10 juin 2022 : rencontre du comité de quartier de l’Hers en présence d’Antoine Maurice, Michèle Bleuse et Hélène Cabanes, sur le site du projet.
  • 28 septembre 2023 : intervention d’Antoine Maurice en Bureau de Métropole, qui interpelle J.-L. Moudenc sur le projet routier BUCSM. J.L. Moudenc répond qu’il est favorable aux projets routiers (BUCSM, A69, Jonction Est) : Facebook https://fb.watch/wXq3W-gHgO/ 
  • 26 novembre 2024 : Participation d’Hélène Cabanes, Isabelle Hardy et Philippe Perrin (éluEs métropolitains) à la mobilisation organisée par les associations opposés au projet de Jonction Est, devant le siège de Toulouse Métropole.
  • 12 décembre 2024 : dépôt d’un vœu, avec le groupe AMC, lors du Conseil métropolitain pour demander l’abandon du projet Jonction Est. Le vœu a été rejeté par la majorité.

[1] Les principales conclusions de l’enquête sont consultables ici: Publication des études | Tisséo Collectivités

[2] Conseil communautaire du 22/06/2007.

[3] Qu’est-ce que l’accord de Paris sur le climat ?| vie-publique.fr

[4] Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) | Ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation Ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques Ministère du Logement et de la Rénovation urbaine

[5] Pourquoi supprimer des autoroutes peut réduire les embouteillages

[6] Compte-rendu de la commission Voirie du 29/09/22, p. 19.