Projet de Jonction Est : M. Moudenc ne tire aucun enseignement du bilan de la concertation et s’entête – Conseil de Métropole du 16 février 2023 – Hélène Cabanes

Monsieur le Président, cher-e-s collègues,

L’objet de cette délibération est d’approuver le bilan de la concertation, qui a eu lieu à l’été dernier sur le projet de Jonction Est, dont le délai de concertation avait été rallongé d’un mois, suite à la demande des groupes d’opposition et à la mobilisation des riverains.

– Le bilan de la concertation est sans équivoque. Sur les près de 500 contributions recueillies, 92% sont opposés à la Jonction Est. En outre, plus de 2 300 personnes ont signé la pétition lancée par le collectif « Non à la Jonction Est ». Il y a donc un rejet massif du projet par la population et pourtant la conclusion du bilan est de continuer… Nous voterons contre cette délibération, non seulement parce que vous ne tirez aucun enseignement du résultat de la concertation, mais aussi parce que nous soutenons le rejet massif que récolte ce projet.

En effet, les arguments contre ce projet sont foisonnants :

– s’il devait se réaliser, il aurait pour conséquence d’accroître le trafic routier, à l’heure où nous devons modifier nos comportements en terme de mobilité pour diminuer la pollution de l’air et réduire nos émissions de gaz à effet de serre, qui cause le dérèglement climatique ;

– le bureau ayant réalisé les études de trafic indique que le gain de parcours serait estimé de 2 à 3 min en 2030. Vous allez détruire une zone de biodiversité, artificialiser encore plus de terres, augmenter la pollution de l’air et les émissions de GES, pour avoir un hypothétique gain de trajet de 2 à 3 min ?

– toujours dans cette même étude de trafic, il est pris une hypothèse de croissance de la population de la zone, largement surestimée (5 000 personnes / an, alors que l’hypothèse d’augmentation de la population sur toute métropole est d’environ 9 000/ans, donc cela voudrait dire que la moitié de la Pop° arrivant sur notre territoire irait habiter à Malpère ?), pour tenter de justifier la réalisation du projet routier. C’est comme pour l’actuelle réforme des retraites, vous exagérez une situation pour la présenter de manière dégradée, afin de justifier de l’intérêt du projet,

– le coût du projet est très élevé, trop élevé, pour les finances de la Métropole, d’autant plus dans le contexte d’inflation actuelle et du renchérissement du prix des matières premières,

  • Le coût indirect de la voiture pour la collectivité : les vies humaines perdues dans des accidents de la route, le coût exorbitant de l’entretien des routes,…

Bref, je ne vais pas continuer à égrainer les arguments défavorables à ce projet, ils sont innombrables…

Je voudrais ici plutôt m’adresser à Messieurs les maires des communes d’Aigrefeuille, de Balma, de Quint-Fonsegrives, de Saint-Orens et de Toulouse, qui ont communiqué dans la presse fin janvier pour dire leur soutien à ce projet. J’en appelle à votre discernement, à votre sens de l’intérêt général et je vous invite à regarder toutes les études scientifiques sur le phénomène du trafic induit, qui signifie que plus vous ajoutez de routes, plus vous augmentez le nombre de voitures les empruntant et donc la pollution qui va avec.

Au moment, où la concertation pour le projet de Jonction était ouvert, cet été, nous avons toutes et tous assisté, médusé et apeuré aux méga-feux qui ont ravagé la Gironde. Il faut faire ce lien entre le dérèglement climatique et la construction de ces routes et autoroutes, ici, c’est nous. Oui, il faut avoir le courage de dire, car il en va de notre responsabilité d’élus, que pour assurer l’avenir de notre humanité, cela commence ici sur notre territoire et cela passe par un refus de ces projets du siècle dernier… Aujourd’hui, en l’état actuel de nos connaissances, vous ne pouvez plus soutenir des projets routiers et autoroutiers de ce type ! Sinon, quand arrêtons-nous ?

Quand arrêtons-nous de détruire notre espace de vie ? Quand arrêtons-nous de bétonner des sols fertiles ? Quand arrêtons-nous de détruite nos congénères les animaux, qui vivent dans cet espace ?

Oui, quand ? Parce qu’aujourd’hui ce sont Messieurs les Maires des communes de l’est toulousain qui demandent leur Jonction Est, (comme si cela était un dû)… Et demain ? Ce sera ceux de l’Ouest qui chercheront à nous démontrer de l’intérêt du BUCSM et du BUO ? Et après-demain ? Mais quand arrêtons-nous ? Quand commencerons-nous à regarder les choses en face ? Quand changerons-nous de chemin ? Le modèle du « tout voiture » et de l’étalement urbain dans l’aire toulousaine nous a amené dans une impasse. Nous y sommes et que proposez-vous : de continuer à faire toujours la même chose… Albert Einstein disait : « La folie, c’est de se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. ».

Cela fait des décennies que nous agrandissons les routes et en construisons de nouvelles, est-ce que le trafic diminue ? Non. Pour que les personnes changent de modalités de transport, pour notre santé à toutes et tous, pour le climat, il faut les accompagner et mettre en place les infrastructures nécessaires à cela. Si vous développez des pistes cyclables sécurisées, les habitant.e.s vont les utiliser. Si vous développez le réseau express métropolitain, les gens prendront le train, mais il n’est plus possible aujourd’hui de créer de nouvelles routes, nous l’avons déjà trop fait. Arrêtons maintenant et revenons à la raison.

Nous vous le demandons : stoppez maintenant ce projet d’un autre temps.