ZAC Paléficat – Rives de l’Hers : un projet d’aménagement à revoir à l’aune de l’urgence écologique – Conseil de Métropole du 23 juin 2022 – Romain Cujives

Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, chers collègues,    

Notre Conseil de Métropole doit se prononcer aujourd’hui sur un nombre important de comptes rendus annuels d’activités à la collectivité locale. Il s’agit ici de soumettre à l’avis des élus l’avancement d’opérations d’aménagements concédées par la Métropole à des aménageurs, publics comme privés, et de partager avec eux des perspectives quant à la poursuite de la transformation d’un certain nombre de nos quartiers. J’ai souhaité m’exprimer à l’occasion de la délibération relative au site de Paléficat, mais une partie de mon propos concernera l’ensemble des délibérations de la 13.1 à la 13.23. Il y a actuellement, si j’en crois l’ordre du jour de notre conseil, 23 opérations d’aménagements concédées par la Métropole à sa société d’économie mixte Oppidea, sa société publique d’aménagement Europolia, et de manière plus exceptionnelle à des bailleurs sociaux, ou encore des promoteurs immobiliers. 23 secteurs de construction, ou de reconstruction de la ville sur elle-même, pour lesquels notre assemblée a considéré collectivement que nous devions nous doter des outils les plus puissants pour réussir à aménager ces quartiers, au bénéfice de leurs riverains.

Chers collègues, je vous le dis très explicitement, 23 opérations, d’échelles très variables je le précise, alors que nous intervenons au nom d’une Métropole particulièrement dynamique sur le plan démographique, c’est très peu. Beaucoup trop peu. Une opération d’aménagement, disons-le sans détour, évoque encore chez un grand nombre d’entre nous la perspective de bâtir une ville nouvelle, avec ses réussites, mais aussi – surtout – ses échecs. Ainsi, la ZAC s’est-elle progressivement transformée en sigle de quartier sans caractère, sans identité. Des bâtiments trop semblables, des rues trop prototypées, bref une ville trop uniforme, rationnelle, conventionnelle pour être belle à vivre.  Pourtant, je veux ici le dire sans détour, cet outil est un bon outil d’aménagement. Plus que jamais, nous avons besoin des conseils, de la créativité, de la sensibilité, et de l’écoute des urbanistes, des paysagistes, des architectes, pour construire la ville. Et a fortiori depuis que l’Etat nous demande, félicitons-nous-en, de ne plus construire au-delà des limites de la ville existante, mais de rebâtir la ville sur elle-même. Par ailleurs, la ZAC c’est l’outil d’aménagement du territoire qui garantit à notre assemblée, et donc aux représentants des citoyens que nous sommes, de pouvoir accélérer, ralentir, réorienter l’ambition d’un projet de quartier. 

Chers collègues, j’en arrive à mes principales conclusions :  

Le premier enseignement, que je souhaite partager avec vous, consiste à confirmer l’opportunité de généraliser les opérations d’aménagements dans tous les secteurs de renouvellement urbain : qualité des projets, performance environnementale, et sécurisation de réserves foncières sont de tels atouts qu’il n’y a plus matière à temporiser. Je vous propose donc que notre Conseil prenne date pour restructurer la question de l’aménagement public autour d’opérations concertées, coordonnées, et dont nous pourrons prendre connaissance d’un prochain compte rendu annuel d’activités à la collectivité locale. 

Le second enseignement concerne plus spécifiquement la ZAC de Paléficat. Je veux partager avec vous mes doutes face à ce projet d’extension urbaine, d’artificialisation des dernières grandes emprises de terres agricoles de Toulouse et sa première couronne. Je connais l’histoire de cette opération, et le soutien que nous avons été nombreux à lui apporter au fil des années. Mais la situation climatique est trop grave, l’urgence trop pressante pour que nous poursuivions notre plan d’aménagement comme si rien n’avait changé autour de nous. 

Au-delà du bilan carbone d’une telle opération, l’enjeu est aujourd’hui aussi symbolique. La 4ème ville de France, qui attend beaucoup de ses habitants en matière de renversements d’habitudes face au changement climatique, ne doit-elle pas donner l’exemple en changeant ses pratiques ? Vous l’avez compris, chers collègues, nous sommes intimement convaincus qu’il est urgent de stopper le projet porté par Oppidea dans sa forme actuelle, pour imaginer un grand projet de territoire autour de ces surfaces agricoles et ces espaces très peu bâtis. Il n’est pas trop tard pour bien faire. Il n’est pas trop tard pour changer. Il n’est pas trop tard pour prendre enfin notre part dans la lutte contre le dérèglement climatique. C’est donc bien pour ces raisons que mes collègues et moi-même nous abstiendrons sur cette délibération, et vous proposons d’enclencher dès le sortir de l’été une mission de conception participative du projet à venir pour faire de ce secteur le symbole de votre prise de conscience des grands enjeux climatiques.