Vœu pour la restauration de la sécurité à Toulouse

Rapporté par Romain CUJIVES

Exposé des motifs 

Nombre de Toulousaines et Toulousains expriment un sentiment d’insécurité croissant, qui peut être objectivé et conforté par l’augmentation des incivilités, des délits et des crimes enregistrés à Toulouse. Depuis 2016 le nombre de “coups et blessures volontaires” a augmenté de plus de 50% tandis que l’incidence des violences sexuelles a été multipliée par plus de deux sur la période 2016-2022. Le nombre de délits liés au trafic de stupéfiants a, lui aussi, plus que doublé depuis 2016 et l’usage de stupéfiants est également en forte hausse. 

Le trafic de drogue est particulièrement implanté dans plusieurs quartiers toulousains où il a un impact notable sur la tranquillité des riverains et des usagers de l’espace public, en particulier celle des femmes dont la présence est parfois rendue impossible. Cette réalité est incompatible avec le nécessaire ordre républicain. 

Les activités liées au trafic de stupéfiants conduisent également à la multiplication des violences et des meurtres commis avec usage d’arme à feu, dans un contexte d’affrontement entre rivaux pour le contrôle de points de deal. De telles fusillades ont lieu de manière répétée à Empalot depuis le début de l’année 2023, où des mères et des pères de famille livrés à eux-mêmes organisent collectivement un cordon sanitaire pour amener leurs enfants à l’école, espérant diminuer le risque qu’un enfant soit victime d’une balle perdue. 

Le trafic de drogue contribue également à la dégradation du tissu commercial, faisant diminuer de manière importante la fréquentation des commerces et autres établissements recevant du public. Les commerçants du quartier Jeanne d’Arc sont particulièrement concernés depuis l’établissement en 2020 de points de deal à la sortie du métro, conduisant à une réduction de 40% du chiffre d’affaires pour certains d’entre eux et laissant craindre de nouvelles fermetures dans un avenir proche. 

Le contrat de sécurité intégrée adopté en 2020 aurait dû permettre d’obtenir des moyens supplémentaires afin de rétablir l’ordre et de faire reculer la délinquance et la criminalité à Toulouse. Or, les actions entreprises jusqu’à présent restent en-deçà des objectifs fixés dans ce contrat tant du côté de l’Etat que du côté de la municipalité. Concernant les engagements de l’Etat seul 94 policiers nationaux supplémentaires furent recrutés ou déployés entre 2020 et 2022 – en-dessous donc de l’engagement de recruter 111 nouveaux agents.

De fait, les agents de la police municipale et ceux de la police nationale ne peuvent pas être présents partout, faute de moyens suffisants. Pour autant, un renforcement de leurs moyens humains ne saurait suffire au rétablissement de la sécurité. Les politiques de sécurité doivent s’appuyer sur les deux piliers que sont la prévention et la répression. Pour ce faire, il semble urgent d’augmenter fortement les moyens alloués aux opérations de médiation et de prévention de la délinquance, en recrutant des éducateurs spécialisés supplémentaires et en sécurisant les conditions d’exercice de leurs missions. Le rétablissement d’un véritable service de médiation permettrait par ailleurs de décharger la police municipale d’un certain nombre de missions et de rétablir un lien de proximité et de confiance avec la population au plus proche du terrain et des réalités vécues. 

Lutter contre la délinquance est un défi dont nul ne saurait dire qu’il est aisé et que des solutions miracles existent. Il convient pour se faire de déployer un paradigme global de sécurité où chaque acteur, à sa place participe à l’objectif global qui dépasse ses propres leviers d’action et de responsabilité.   

Par conséquent : 

Article 1

Le Conseil municipal de Toulouse interpelle le préfet sur la hausse alarmante des crimes et délits commis à Toulouse, en particulier ceux en lien avec le trafic de stupéfiants. En ce sens, le Conseil municipal de Toulouse exhorte le gouvernement à respecter les engagements pris dans le cadre du contrat de sécurité intégrée en accordant les moyens humains qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la police nationale et des services de la justice à Toulouse. 

Article 2 

Le Conseil municipal de Toulouse s’engage à donner plus d’ambitions à ses politiques de prévention spécialisée et de cohésion sociale : 

– En renforçant sensiblement les moyens humains accordés aux éducateurs spécialisés, à travers la création de nouveaux postes. Dans le cadre du projet de réorganisation des services PROXIMA, une attention particulière sera accordée aux liens particuliers que ces agents ont réussi à tisser avec la population qu’ils suivent. 

– En étudiant la faisabilité de la création d’un service de médiation avec une présence sur le terrain dans chaque quartier afin de décharger la police municipale d’un certain nombre de missions qui ne devraient pas être de son ressort. 

Article 3 

Le Conseil municipal de Toulouse s’engage à tout mettre en œuvre pour faciliter la coopération entre les services de la police nationale, ceux de la police municipale et tous les acteurs concernés par la prévention de la délinquance et la médiation afin de lutter efficacement contre les crimes et délits le plus tôt possible. Démanteler durablement les trafics de stupéfiants, mener un suivi ainsi que des actions préventives afin d’empêcher la réinstallation ou le report du trafic dans d’autres quartiers, lutter contre les violences intra-familiales sont des priorités qui ne peuvent être traitées qu’en alliant la prévention et la répression.