Vœu déposé pour le groupe Toulouse Ecologiste, Solidaire & Citoyenne lors du Conseil municipal du 08 février. Après amendement par la majorité, ce vœu a été adopté à l’unanimité.
Depuis les années 80, l’hôpital public a connu des réformes successives de son organisation et de son financement. Elles ont eu comme principal effet de contraindre les hôpitaux à imiter le fonctionnement des entreprises privées, à la recherche de rentabilité toujours plus forte, ce qui a fondamentalement transformé l’exercice de leurs fonctions pour tous les professionnels de santé.
Ces réformes conduisent à une course à la rentabilité qui a de très nombreux effets pervers. Les hôpitaux sont poussés à sélectionner les patients les plus rentables ou les inciter à sortir plus rapidement de l’hôpital. Nous assistons aussi, partout en France à des fermetures de lits dans des services moins rentables mais pourtant non moins indispensables : les services de réanimation ou les services des urgences par exemple.
Aussi, cette course à la rentabilité a considérablement augmenté la souffrance au travail et la crise sanitaire que nous vivons depuis deux ans n’a rien amélioré. Un malaise profond s’est installé chez tout le personnel hospitalier : médecins, infirmières, aides-soignantes, toutes et tous sont épuisés. On ne leur donne plus les moyens de bien s’occuper de leurs patients, ce qui constituait pourtant chez beaucoup d’entre eux leur motivation principale. . Les témoignages des professionnels de santé découragés, éreintés, déprimés, nous sont insupportables. Par ces conditions de travail, ils sont aujourd’hui nombreux à se détourner de cette vocation.
C’est dans ce contexte national de crise hospitalière et alors même que nous subissons une crise sanitaire d’ampleur, que la direction de l’hôpital Joseph Ducuing – une institution à Toulouse ! – a décidé de fermer son service de médecine générale depuis le 17 décembre 2021.
L’ancien hôpital Varsovie fut créé par l’état-major de l’Agrupación de guerrilleros españoles FFI de Toulouse au mois de septembre 1944, dans un château situé rue de Varsovie, dans le quartier Saint-Cyprien. Le but était alors de soigner les blessés des unités de guérilleros qui s’étaient battus en France contre les nazis aux côtés de la Résistance. Il reçut également les républicains blessés lors de l’invasion du Val d’Aran, qui avaient tenté en octobre 1944 de reprendre la guerre contre Franco, avant de devoir reculer. Cet hôpital est viscéralement lié à l’histoire de Toulouse et compose une partie de son identité la plus profonde.
Aujourd’hui encore, hôpital privé à but non-lucratif, il est le seul établissement toulousain classé en « secteur 1 », il ne pratique pas de dépassements d’honoraires. Cela permet d’offrir une prise en charge de très haute qualité, reconnue nationalement, à des patients qui souffrent de pathologies complexes et qui connaissent aussi souvent une grande détresse sociale : l’Hôpital Joseph Ducuing soigne des sans-abris, des toxicomanes. La fermeture du service pose la question de l’accès aux soins pour tous.
Pourtant, depuis l’arrivée de la nouvelle direction en 2018, pour beaucoup l’esprit humaniste de cet hôpital ne parait plus d’actualité. Les crises ne cessent de s’accumuler : service des urgences, management agressif, démissions en cascade, jusqu’à en arriver à la fermeture du service de médecine générale en décembre dernier.
Nous considérons que les importantes tensions qui existent à l’Hôpital Joseph Ducuing sont de nature à mettre à mal la continuité des soins à Toulouse et doivent inquiéter notre Conseil municipal. Par son histoire, par les valeurs qu’il défend, par sa localisation géographique, le maintien d’un haut niveau de service à l’Hôpital Joseph Ducuing doit constituer un enjeu stratégique majeur pour la municipalité.
Le Conseil municipal de Toulouse décide :
- De réaffirmer son attachement à un système de santé solidaire qui offre à toutes et tous des soins de haute qualité ;
- De réunir tous les partenaires publics afin de trouver des solutions pour soulager l’Hôpital Joseph Ducuing dans la crise qu’il traverse ;
- D’intervenir, afin d’assurer la réouverture du service de médecine interne de l’Hôpital Joseph Ducuing dans de bonnes conditions, en réunissant les conditions pour le retour des professionnels démissionnaires.
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