Merci pour la présentation de ce document éminemment stratégique qui concerne la troisième ligne de métro ainsi que les opérations annexes que sont la connexion de la ligne B, mais aussi la modification de la ligne de tramway desservant l’aéroport Toulouse-Blagnac.
J’ai eu l’occasion de m’exprimer longuement, au sein du Conseil Municipal de Toulouse, concernant ce projet de pacte urbain. J’essaierai de m’attacher, aujourd’hui, à ses dimensions métropolitaines. J’en profite pour répondre à Monsieur Pierre ESPLUGAS qui, ce matin, nous interrogeait en disant : « Mais comment est-il possible de souhaiter densifier la ville et dans le même temps de refuser la hauteur ? » Je veux rappeler à chacune et à chacun, nombre d’élus connaissent déjà cette réalité, qu’à Toulouse, le quartier des Chalets, situé entre la rue de la Concorde et la rue de Roquelaine, est bien plus dense que le quartier du Mirail. Donc le sujet de la hauteur n’est pas le seul sujet sur lequel nous devons travailler en matière de densité. Nous avons d’autres éléments sur lesquels nous pouvons travailler.
Si nous sommes évidemment, concernant ce pacte, parfaitement favorables aux objectifs poursuivis au travers de la démarche de ce dernier, je veux toutefois émettre un certain nombre de remarques et de réserves sur le document qui nous est soumis.
Premièrement, le pacte intègre un large volet de diagnostic territorial, dont on peut saluer la qualité et le sérieux. Monsieur CARLES en parlait, il y a quelques instants, en disant : « Nous allons le mettre en débat. » Qu’il me soit permis ici de regretter que cela ne fut pas fait en amont. Nous aurions pu finalement travailler avec les habitants dès le départ et ne pas attendre que ce diagnostic-là soit fait, comme si les habitants ne pouvaient venir que proposer. Je crois qu’ils sont aussi les plus fins connaisseurs de leur réalité.
Ensuite, le pacte urbain, d’après moi, intervient trop tardivement dans le processus de mise au point du projet conjoint d’urbanisme et de transport associé à la troisième ligne de métro, dont nous parlait tout à l’heure Monsieur Jean-Michel LATTES. Il se télescope avec des logiques de libération de foncier pour permettre la mise en chantier du métro. J’en veux pour preuve le déménagement précipité, dont nous avions ici parlé, de la Maison de la Peinture, boulevard de Suisse, dans un bâtiment alors propriété de la collectivité et au cœur d’un secteur qui aurait mérité une véritable restructuration, pour reprendre les termes nommés à l’intérieur du pacte urbain. Le quartier s’en est trouvé privé, finalement par manque d’anticipation, par manque de coordination.
Il délimite ensuite, ce projet de pacte urbain, un véritable terrain de jeu pour les acteurs de la promotion immobilière autour des stations de la troisième ligne de métro, sans véritablement décliner des règles qui s’appliqueront à l’urbanisation de ces secteurs. Certes, vous l’avez évoqué, Monsieur CARLES, sont mis en place des périmètres de sursis à statuer. Mais ils n’empêchent pas, vous le savez, les prises de position des prospecteurs fonciers. Je crains que certains de nos quartiers ne voient se multiplier des demandes nouvelles et fortes de permis de construire dans la période qui s’ouvre, sans que nous ne sachions réguler ces demandes, ni les inscrire dans un calendrier opérationnel véritablement acceptable et raisonnable.
Il entre, ce pacte urbain, potentiellement en conflit avec des projets structurants. Nous avons récemment appris, par voie de presse, que la Cité du rugby allait connaître un coup d’accélérateur. Soyons lucides, ce projet en embarquera d’autres, privés, tout autour du stade. Je le dis ici avec d’autant plus de certitude que vous n’avez pas démontré, jusque-là, une grande capacité à réguler la densification sauvage portée par les promoteurs. Le quartier des Sept Deniers en est lourdement impacté. Indépendamment de la pertinence des propositions contenues à l’heure actuelle dans ce pacte, en travaillant sans associer l’ensemble des habitants de notre commune, de l’ensemble des communes de la métropole, en entretenant finalement une forme parfois de confusion sur les modalités de mise en œuvre des projets immobiliers, nous prenons le risque de distendre plus encore le lien entre les élus et les habitants.
Concernant les orientations stratégiques à proprement parler, Madame LAIGNEAU nous a donné quelques chiffres. Il convient de les rappeler et que chacun prenne conscience de ces réalités. Nous parlons d’un objectif de 53 000 habitants, de 45 000 logements, ce qui est évidemment considérable. Il s’agit en réalité d’accueillir la population de Montauban le long de la troisième ligne de métro, et ce dans les 20 prochaines années. Les éléments que nous avons à l’heure actuelle, les éléments cartographiques intégrés dans cette partie du pacte urbain, corroborent nos inquiétudes puisqu’ils ne figurent, que de manière très sommaire et, j’ose le dire, masquée, les secteurs de renouvellement urbain dans le diffus. Je regrette, une fois de plus, que nos propositions ne soient pas entendues. Je regrette que vos propositions ne soient pas clairement exprimées, exposées à notre conseil, et demain à l’ensemble des riverains qui seront concernés par cet accueil massif de populations. Il ne sera, d’après moi, absolument pas possible d’accueillir 53 000 habitants, 43 000 emplois nouveaux le long de la troisième ligne de métro sans créer des équipements publics massifs. Or souvent, nous nous sommes trouvés ces dernières années dans des situations regrettables où par manque d’anticipation, les nouveaux habitants se trouvent dans des quartiers ne disposant pas suffisamment d’équipements publics de qualité.
Je veux, enfin, vous rappeler que la transformation en profondeur des quartiers implique de se doter d’outils adaptés, d’outils d’aménagement public. Nous constatons chaque jour, et dans l’ensemble des communes, que la seule application de nos réglementations municipales ou intercommunales ne permet pas d’encadrer de manière suffisante le renouvellement urbain.
Permettez-moi, pour conclure, de renouveler une proposition, déjà formulée au sein de cette instance et en Conseil Municipal de Toulouse. Sans outil d’aménagement public, nous privons notre collectivité de recettes qui seraient bien utiles au financement des équipements publics de proximité que je viens d’évoquer. Je vous propose que nous engagions, à l’appui de ce pacte urbain et après avoir mené une vaste concertation, la création d’une ou de plusieurs zones d’aménagement concerté. Ces ZAC, qui peuvent tout à fait intégrer les emplacements territorialement distincts au sein d’une même opération, et donc ne contenir que les secteurs à fort enjeu de renouvellement urbain, permettraient, d’après nous, tout à la fois de programmer la création des équipements publics, mais aussi de planifier véritablement le rythme de production de logements et de bureaux. Ces opérations d’aménagement seraient susceptibles, par ailleurs, et chacun s’en porterait mieux, de recevoir le soutien accru de l’État et de l’Europe, qui favorisent désormais les opérations de renouvellement urbain dès lors qu’elles répondent à une ambition sociale et environnementale que nous saurions alors à même de démontrer sur le territoire de notre métropole.
Chers collègues, vous l’avez compris, si nous notons une ambition traduite dans un scénario cible, les modalités de mise en œuvre ne nous semblent pour l’instant pas suffisamment développées. Des inquiétudes demeurent. Des éléments nous semblent encore être quelque peu masqués. C’est pourquoi nous ne pourrons pas voter ce pacte urbain.
(…)
Je ne veux pas rallonger inutilement les débats. Simplement, ayons quand même quelques engagements. Vous évoquez à nouveau la possibilité d’outils d’urbanisme à nouveau plus contraignants, comme vous l’avez fait à la Ville de Toulouse. Et je veux dire, parce que c’est suffisamment rare, que je vous remercie de ces pistes que vous évoquez, qui nous permettent de voir qu’il arrive de temps en temps que nous ne parlions pas complètement dans le vide et que vous soyez en capacité d’entendre les propositions que nous faisons, avec le même attachement, à la Ville de Toulouse et à la Métropole que celui qui est le vôtre.
Concernant les Sept Deniers, Madame LAIGNEAU, je sais parfaitement qu’il n’est pas aujourd’hui, peut-être me suis-je mal exprimé, un quartier des plus attaqués et des plus en tension par rapport aux promoteurs. Ce que j’ai dit dans mon intervention, ou a minima ce que j’ai voulu dire, c’est que je craignais qu’il ne devienne demain la cible des promoteurs. Si nous n’y prenons pas garde, je crains que nous y allions tout droit. Je voulais simplement que tous ensemble, on en ait conscience et qu’on se prémunisse de cela.
Dernier élément, Madame LAIGNEAU, vous citez la Maison de la Peinture en nous disant : « Mais regardez, la Maison de la Peinture, il n’y a aucune difficulté. » Ne dites pas cela, Madame LAIGNEAU. Nous n’allons pas refaire le débat. Vous aviez justement eu l’honnêteté, lorsque j’étais intervenu la dernière fois, de nous dire : « Stop, on ne peut pas prendre le temps de parler du quartier dans sa globalité parce qu’on est dans l’urgence, parce que la Maison de la Peinture doit partir tout de suite, parce qu’il faut agir immédiatement, parce qu’on ne peut plus attendre, parce qu’il faut sauver les emplois. » Donc, c’est qu’on n’avait pas anticipé. Le seul sujet que je veux évoquer ici avec vous, c’est que je pense qu’aujourd’hui, on ne contrôle pas assez, on n’anticipe pas assez. Et je pense simplement qu’il faut qu’on travaille de façon plus efficace et plus anticipée, et qu’on a tous à y gagner.