Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement de Toulouse Métropole : position du groupe Toulouse écologiste et solidaire – Ville & Métropole

Le bruit est un facteur de risque majeur, aujourd’hui encore sous-estimé et insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques. Il s’agit pourtant d’un enjeu majeur de santé publique, le bruit étant considéré comme le deuxième facteur de risque environnemental après la pollution de l’air.


Sur le territoire de Toulouse Métropole, 81 000 habitants sont exposés à des seuils élevés de bruit routier, au-delà de 68 dB et 42 800 personnes sont exposées à des seuils élevés de bruit aérien, au-delà de 55 dB.


Le bruit est révélateur des injustices socio-environnementales. Les personnes exposées à des niveaux de bruit élevé sont souvent les plus précaires, résidant dans les quartiers de la politique de la ville, à proximité d’installations industrielles, d’axes routiers structurants ou sous des couloirs aériens, vivant dans des logements mal isolés. Le bruit a un impact important sur le bien-être et la santé de ces personnes, qui sont d’ailleurs souvent doublement exposées, avec des niveaux importants de pollution de l’air, celle-ci ayant la même origine que les nuisances sonores (circulation routière et trafic aérien).


Aussi, il est nécessaire d’actionner plusieurs leviers afin de réduire les sources de nuisances sonores et le nombre de personnes exposées à ces pollutions.


Nos propositions :


L’aéroport de Toulouse-Blagnac doit respecter le sommeil des Toulousain.e.s et des habitant.e.s de la métropole


Nous demandons depuis plusieurs années la mise en place d’un couvre-feu nocturne effectif sur la plateforme aéroportuaire et non des décisions pseudo-restrictives, comme cela vient d’être fait par la préfecture de Haute-Garonne en septembre dernier. S’il n’y a désormais plus de vols commerciaux programmés la nuit, de trop nombreux vols dits « basculants » continuent d’atterrir à Toulouse-Blagnac après 22h et même en cœur de nuit, après minuit. Les compagnies aériennes responsables de ces retards ne sont pas suffisamment sanctionnées et ne sont donc pas incitées à respecter la programmation initiale des vols. Nous demandons l’application stricte et renforcée de pénalités financières afin de pousser les quelques compagnies aériennes récalcitrantes à respecter la tranquillité des riverains et habitantes et habitants sous le couloir aérien.


Apaiser le trafic routier en ville et réduire le bruit associé


Nous proposons de réaliser un audit exhaustif des nuisances sonores sur les principaux axes de circulation incluant l’accélération des véhicules, afin d’identifier les points noirs susceptibles de générer davantage de bruit. Cela permettra de faire évoluer l’aménagement de la voirie, au cas par cas, afin de fluidifier le trafic et atténuer le bruit lié à l’accélération, au freinage et au redémarrage des véhicules.


Par ailleurs, la logique des « villes à 30 km/h » est positive et doit être mise en oeuvre partout en agglomération. Nous proposons de renforcer ce dispositif et de limiter les dérogations permettant de rouler à 50 km/h aux axes dotés d’infrastructures sécurisées pour les cyclistes et les piétons d’une part, et où le bruit engendré n’est pas susceptible d’exposer les riverains à un niveau de bruit routier au-delà du seuil de 68 dB d’autre part.


Développer les mobilités douces


La pratique du vélo et de la marche doit être mieux soutenue. L’amélioration des infrastructures est un levier majeur pour inciter les usagers au report modal, en leur garantissant des itinéraires de qualité, continus et sécurisés. Il y a urgence à renforcer les moyens alloués à la concrétisation des réseaux express vélo, au réseau cyclable secondaire et à la mise en accessibilité des trottoirs. Le rythme actuel de réalisation des infrastructures cyclables est très en-deçà des objectifs fixés et nous craignons qu’aucun réseau express vélo ne soit achevé d’ici la fin du mandat.
Les transports en commun ont une contribution positive puisqu’ils offrent une alternative aux véhicules motorisés individuels. Pour autant, la flotte de bus de Tisséo doit évoluer rapidement vers des véhicules électriques afin de réduire les nuisances sonores (et les émissions polluantes) générées par les bus.


Réduire la présence de la population dans les zones exposées


L’urbanisme est un levier majeur pour atténuer les nuisances et l’exposition de la population à celle-ci. Le futur PLUi-H prévoit l’interdiction des constructions de logement dans les zones les plus exposées au bruit et à la pollution de l’air. Cette mesure va dans le bon sens, mais nous proposions de l’élargir également aux activités économiques et aux établissements recevant du public afin de protéger la santé de toutes et tous, y compris sur les lieux de travail.
Les normes d’isolation phonique des logements et des bâtiments doivent être renforcées, notamment dans les zones exposées. Nous proposons d’accorder une attention particulière à cet enjeu dans la programmation des opérations immobilières et dans la délivrance des permis de construire.


Enfin, la végétalisation de l’espace public est un levier d’action fort pour agir sur la santé des habitantes et habitants. La présence de végétation diminue le niveau de stress, permet de limiter la surchauffe estivale, contribue à l’embellissement et peut aussi permettre d’atténuer diverses nuisances, y compris le bruit. Nous proposons de végétaliser l’ensemble des quartiers et de conforter les masses végétales implantées le long des axes routiers, ferroviaires et autour des sites industriels générateurs de bruit.