Situation du secteur de la santé – Sophie Boubidi – Conseil du 1er avril 2021

Tout d’abord, j’aimerais revenir sur le chiffre des 19 milliards d’investissement et préciser que cette somme sera répartie de la manière suivante : 13 milliards d’euros seront concentrés sur la reprise de la dette. 2,1 milliards d’euros pour les EHPAD, 1,4 pour le numérique et 2,5 pour le volet ville hôpital. Seulement 6 milliards d’euros sur ces 19 seront consacrés à l’amélioration des équipements. Pour l’Occitanie, l’enveloppe est de 678 millions d’euros pour l’amélioration des équipements, sur dix ans. Par année, cela représente 1,15 euro par habitant et par an. Nous ne pouvons pas nous réjouir de ces chiffres, contrairement à vous, Monsieur MOUDENC. Ces chiffres ne sont pas suffisants et ne correspondent pas à la réalité des besoins.

D’autre part, dans l’exposé de votre vœu, vous dites vouloir une juste répartition financière entre les hôpitaux situés en zone rurale et ceux situés en zone urbaine. Et en même temps, vous insistez pour que le CHU de Toulouse et le CHS Marchant bénéficient d’une répartition territoriale proportionnelle à leur indéniable offre et qualité de soins, par un fléchage juste de la part de l’enveloppe. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Ces deux points doivent être mis sur le même plan et traités avec la même importance et équité. Le Ségur prévoit le développement de la télémédecine, ce qui va aggraver la désertification médicale des campagnes.

Le Ségur le dit lui-même. Je cite : « Il faut privilégier l’installation des médecins dans les bassins d’activité économique et de vie. » Alors qu’avec la crise de la COVID, de plus en plus de personnes souhaitent s’installer dans des zones moins denses. Concernant les soignants, nos soignants, ce ne sont pas les investissements qui règleront le malaise qui est le leur. D’ailleurs, les revalorisations des salaires accordées ne répondent qu’en partie à la sous-valorisation des métiers de l’hôpital et n’apportent pas de solution aux sous-effectifs chroniques.

Aujourd’hui, la réalité est que 30 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants, que nos soignants épuisés enchaînent les gardes et ne peuvent pas récupérer leurs heures supplémentaires, d’où, bien souvent, leur absentéisme. La réalité c’est aussi que des chefs de service renoncent à certaines de leurs fonctions afin de privilégier les soins aux patients. Pour toutes ces raisons, nous ne participerons pas au vote de ce vœu.