Propos liminaires introductifs du Conseil de Métropole du 6 avril 2023 – Isabelle Hardy

Monsieur le Président, cher.es collègues, Mesdames et Messieurs,

Ce propos liminaire doit à mon sens s’inscrire dans l’histoire que nous vivons à l’échelle nationale, avec un monarque présidentiel qui s’acharne malgré le rejet par 90% de la population active de ce pays de sa réforme des retraites qui aboutit à vouloir retirer les deux plus belles années de retraite à nos concitoyens.
Vous nous avez privé lors du dernier Conseil de Métropole de l’opportunité d’un débat sur le sujet des retraites et de l’impact sur nos collectivités territoriales.

Ce contexte de mobilisation nationale doit nous interpeller, encore aujourd’hui, où des milliers de personnes sont dans la rue pour défendre leurs conquis sociaux. Pourtant le Président fait la sourde oreille, pire encore le gouvernement a choisi sur cette réforme le passage en force par le 49.3. Ainsi le monarque présidentiel qui souhaitait que le peuple s’exprime à travers ces élus n’a pas eu le courage d’aller jusqu’au vote de l’Assemblée Nationale. 

Ces événements nationaux, nous rappellent amèrement les propos tenus dans cette assemblée notamment par le premier Vice-président de la métropole. Il a été élu, donc il décide, et sur un projet comme la jonction Est qui recueille 92% d’avis négatif lors de la concertation, on continue comme si de rien n’était. Depuis le début du mandat, nous parlons régulièrement de perte de confiance des citoyen.nes dans les élu.es, mais comment le leur reprocher quand on voit la doctrine nauséabonde que vous imposez, en rejetant la légitimité des citoyens en dehors des périodes électorales. 

Il me semble également nécessaire de dire un mot sur la répression policière sans précédent que nous vivons, la doctrine du maintien de l’ordre qui devrait s’orienter vers l’apaisement consiste aujourd’hui à attiser les colères et suscite  l’incompréhension. Alors si nous dénonçons à Toulouse et ailleurs les dégradations de l’espace et des bâtiments publics, nous ne pouvons tolérer que des familles manifestant pacifiquement se fassent tirer dessus avec du gaz lacrymogène, comme ce fut le cas lors des deux dernières manifestations à Toulouse.. Les 8 premières dates de manifestations, organisées par les centrales syndicales, à Toulouse, comme partout ailleurs en France, se sont passées de manière pacifiste. Puis, il y a eu le déclenchement du 49.3 par le Président de la République. Cela a été vécu comme une provocation et cela a engendré des violences, que nous déplorons. La seule solution à l’impasse dans laquelle se trouve le pays est d’abord le retrait de la loi portant réforme des retraites, puis l’ouverture d’un dialogue avec les partenaires sociaux.  

Et que dire des propos inqualifiables du Ministre de l’Intérieur qui s’en prend maintenant à celles et ceux qui défendent la liberté d’expression et les droits de l’homme en laissant sous-entendre que les subventions à la LDH, créée en 1898 pendant l’affaire Dreyfus, pourraient être remises en cause.

Enfin, ces dernières semaines, une actualité essentielle et déterminante pour l’avenir de l’humanité a été éclipsée par le contexte national et celle-ci est beaucoup tangible au niveau local et en particulier dans notre Métropole. Il s’agit de la publication du 6ème rapport du GIEC. Ce rapport sera le dernier avant un point de non-retour dans le système climatique, il nous oblige. Il concentre toute l’expertise livrée par les scientifiques du monde entier pour diagnostiquer et identifier les solutions d’actions à l’échelle locale. Il incombe maintenant aux politiques de le transformer en actions tangibles.

Je vous reformule ici solennellement Monsieur le Président, la demande d’avoir en amont du prochain Conseil de Métropole, une présentation de ce rapport par un membre du GIEC à l’ensemble des élu.es de cette assemblée. 

Nous ne pouvons faire la sourde oreille, avec les informations que nous avons aujourd’hui, il n’est plus possible de soutenir et d’accepter des projets tels que l’A69 entre Toulouse et Castres. C’est le sens du vœu que nous avons soumis à l’occasion de ce conseil, afin que la Métropole affiche clairement sa volonté de ne pas soutenir un projet climaticide, destructeur de terres agricoles et inutile. Nous ne pouvons plus non plus dans le PADD, nous contenter de vouloir préserver la biodiversité, nous devons œuvrer pour recréer des réservoirs et des corridors de biodiversité pour compenser l’impact énorme qui est le nôtre. 

Durant le Conseil d’aujourd’hui, nous verrons que vous lancez des actions concernant la ressource en eau notamment la réutilisation de l’eau potable. Nous vous encourageons à décliner le plan national sur l’eau à une échelle locale, car notre territoire est parmi les plus impactés. Par exemple en investissant dans la réutilisation des eaux usées, en luttant contre les fuites ou en étudiant la tarification progressive et incitative de l’eau. Mais plus globalement, comme la mobilité est une urgence, la gestion de l’eau l’est tout autant. Nous vous proposons d’organiser, Monsieur le Président, une commission spécifique pour aborder ensemble les réponses aux défis qui nous attendent, avec notamment la prise en compte de notre contexte local et donc bien sûr les enjeux liés à la Garonne et au Canal du Midi.

Soyons à la hauteur des enjeux de notre temps en sachant d’une part renoncer aux projets destructeurs de vie et, d’autre part, en développant ENFIN des politiques publiques de lutte contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité.