Propos liminaires introductifs du Conseil de Métropole du 12 octobre 2023 – Isabelle Hardy

Ce Conseil de Métropole se tient dans une période douloureuse dans laquelle la stupeur a été suivie de l’effroi.

Je veux, au nom de notre groupe « Métropole écologiste, solidaire et citoyenne » avoir des pensées toutes particulières pour les enfants, les femmes, les hommes massacrés en Israël, et pour toutes celles et ceux qui sont pris en otage. Nous voulons réaffirmer ici notre condamnation sans réserve et de façon inconditionnelle des odieux assassinats perpétrés par l’organisation terroriste du Hamas et des prises d’otage pour servir de boucliers humains et de monnaie d’échange en violation du droit international.

Condamner ces crimes de guerre ne nous exonère pas de chercher à analyser et combattre les raisons profondes d’un conflit qui plonge depuis des années des millions de Palestiniens et d’Israéliens dans l’horreur. Nous voulons rappeler notre attachement au droit d’Israël à exister en à vivre en sécurité et au droit du peuple palestinien à vivre dans un Etat reconnu, souverain et en pleine sécurité au côté d’Israël. Nous appelons à une reprise des négociations internationales pour trouver une solution de paix durable à un conflit qui dure depuis trop longtemps.

https://x.com/Ecolo_ToulouseM/status/1712396121220272365?s=20

L’actualité locale, et sans chercher de transition qui est vous en conviendrez impossible, c’est celle du combat mené pour l’arrêt de l’A69. Nous avons accueilli avec espoir, même si l’avancement est infime, il est positif, l’annonce par les Préfecture de la Haute-Garonne et du Tarn de la suspension des opérations de défrichement prévues dans l’attente d’une réunion, à la demande du ministre des Transports, à laquelle sont conviés les maires et les élus du territoire demain et nous espérons qu’elle sera suivie d’une médiation et d’une analyse des alternatives. Au vu de la gravité de la situation, de la mobilisation des militants et notamment ceux qui mettent leur vie en péril pour se faire entendre, mais aussi des élus, des experts, des chercheurs, des scientifiques (cf. tribune Libération avec 750 signataires), nous espérons que le vœu qui doit être rapporté par Hélène Cabanes sera à l’ordre du jour aujourd’hui. C’est un vœu qui va d’ailleurs au-delà de la dénonciation de cette autoroute qui est un projet totalement anachronique au vu des enjeux environnementaux, de la nécessaire baisse des gaz à effet de serre et de la protection des espaces naturels mais qui interpelle sur les enjeux de mobilité, sur l’urgence et sur la nécessité de nommer des médiateurs et d’étudier des solutions alternatives. Autre exemple parfaitement décalé par rapport aux objectifs annoncés de lutte contre la pauvreté dans ce bassin de vie, le coût du trajet qui est annoncé à 17 euros…sans commentaire. Vous avez jusqu’à présent refusé le débat alors que c’est un projet qui impacte la Métropole, nous avons encore de l’espoir aujourd’hui.

Dans l’actualité locale, toujours sans transition, il y a une question cruciale d’éthique en politique : sans refaire l’historique que vous connaissez et sans trahir de secret, Thierry Fourcassier, Maire de St Jory a été mis en examen pour corruption passive et trafic d’influence passif ». Face à cette situation, Hélène Cabanes qui siège à la commission Voirie, a demandé sa démission, sans effet. Aujourd’hui nos concitoyens attendent des élus de la transparence, de la clarté, de l’éthique. Ce genre d’attitude rejaillit sur l’ensemble des élus, nous décrédibilise, nous pensons qu’il serait respectueux pour les élus, notre institution et les citoyens de la part de M. Fourcassier de démissionner afin de se consacrer à sa défense.

Alors que nous allons débattre du rapport de développement durable et avoir le débat d’orientations budgétaire je voudrais aborder ce qui devrait être au cœur de votre vision et qui ne l’est malheureusement pas et qui doit guider à notre sens nos politiques, c’est la vision du modèle de développement de notre territoire.

Nous sommes inquiets Monsieur le Président car nous sommes certainement la seule Métropole à naviguer à vue, à ne pas avoir de PLUi-H ni de PDU…Nous sommes inquiets car beaucoup de faisceaux nous laissent à penser que nous n’aurons certainement pas de PLUi-H pendant tout ce mandat car nous sommes très pessimistes sur la capacité à délibérer avant 2026. A l’heure où les enjeux de transition écologique sont colossaux, c’est pour Toulouse et les villes de la Métropole catastrophique. Catastrophique pour les projets qui sont bloqués, catastrophique pour tous les territoires qui se développent au coup par coup sans cohérence… Catastrophique aussi pour le monde économique qui est à la peine notamment dans le secteur immobilier. C’est le fruit notamment d’une logique d’opportunisme, sans vision globale qui laisse le développement du territoire aux professionnels et aux promoteurs comme il en a été fait la démonstration le week-end dernier avec l’opération « Toulouse Demain ». Une manifestation de ce type (avec d’ailleurs certains débats de qualité) aurait tout son sens si elle était pilotée par la puissance publique, avec les acteurs qui font la ville, mais avec une vision et des orientations politiques (que les acteurs eux-mêmes appellent de leurs vœux).

Nous sommes face à des urgences climatiques dont vous n’en mesurez pas le niveau et vous allez même jusqu’à écrire une tribune (dans le JDD, journal d’extrême droite dont plus de 90 % des journalistes se sont opposés à l’arrivée de Geoffroy Lejeune l’été dernier), une tribune à charge contre « le rôle excessif des autorités environnementales et des autorités indépendantes qui prennent un malin plaisir à censurer les activités des élus, sans rendre compte à personne », mais aussi contre le non cumul des mandats, contre le ZAN, sans présenter une vision si ce n’est à demander en creux les pleins pouvoirs. Un mot sur les enjeux du ZAN : si je partage le fait que la loi  comporte des faiblesses avec une déclinaison trop algorithmique, c’est un sujet qui mérite débat. Or vous avez effectué une saisine du CODEV qui est venu nous présenter son analyse, à votre demande lors de la dernière commission urbanisme et qui posait la question de l’opportunité du ZAN pour améliorer le cadre de vie. Nous avons été surpris Monsieur le Président par l’interruption de cette présentation par le Maire de St Orens, tout simplement parce que cela ne lui plaisait pas. Non seulement c’était totalement irrespectueux vis-à-vis du CODEV mais cela a coupé court à la présentation alors que c’est vraiment, même si c’est extrêmement complexe le passage obligé si nous voulons construire une métropole au rendez-vous des enjeux climatiques.

J’en termine avec un mot sur les enjeux du SERM (Service express régional métropolitain) et de l’importance pour nous de ne pas attendre 2030 pour avancer. Vous le savez, notre discours est toujours le même depuis toujours : tant que l’on prendra ce projet dans sa globalité, que l’on considèrera qu’il est trop coûteux, et que l’on continuera à se regarder en chien de Fayence on aura du mal à avancer. Aujourd’hui il y a des espoirs d’évolution : la Région, le Département et l’Etat sont prêts à avancer. Des études multimodales ont été réalisées, et le Gouvernement a annoncé, au départ un budget de 10 milliards, certes, il faut qu’il soit au rendez-vous je vous le concède. Mais les 700 millions annoncés peuvent être un effet de levier pour lancer des études de construction du projet. C’est exactement ce que je vous ai dit lors du dernier Conseil Municipal, ce que vous avez balayé d’un revers de la main…en effectuant notamment la même demande au Préfet et à la Présidente de Région, au Président du Département et de Tisseo le jour même ! (cf. Courrier). Il y a un an nous avons voté un vœu, vous avez fait évoluer votre discours (il n’y a pas de projet, je n’y mettrai pas un sou,…) et pour autant vous ne vous êtes pas engagé à participer financièrement à ces futures études aux côtés de la Région, de l’Etat et du Département.  Aujourd’hui nous avons la responsabilité de faire émerger des solutions alternatives avant la mise en service effective du métro en 2030.

Je terminerai avec un souhait, c’est d’avoir aujourd’hui des débats où chacune et chacun d’entre nous puisse s’exprimer dans le respect et l’écoute, malgré parfois nos désaccords et sans coupure de micro.