Propos liminaires du Conseil municipal du 26 juin 2024 – Antoine Maurice

Aujourd’hui, j’aurais pu vous parler de l’actualité locale, comme vous l’avez fait longuement, et me réjouir par exemple que le Stade Toulousain remporte, vendredi, le 23ème bouclier de Brennus vendredi.

L’inquiétante montée du Rassemblement National à Toulouse

Mais le contexte politique national actuel nous oblige à prendre de la hauteur, pour faire face à nos responsabilités. A Toulouse, le seul Rassemblement National a approché les 14%, et l’extrême droite dans son ensemble, près de 20% aux élections européennes.

Nous avons été frappés par ce score historique de l’extrême-droite.

Puis, nous avons subi un second coup dur avec la décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale. Ce coup de poker présidentiel est irresponsable. Cette décision inconséquente apparaît comme un nouveau tremplin donné à l’extrême droite avec ces élections législatives qui s’organisent en toute hâte les 30 juin et 7 juillet prochains, en dépit de toutes considérations démocratiques.

Ce contexte politique nauséabond, qui n’est pas sans rappeler d’autres périodes de l’histoire, obligeait tous les défenseurs des valeurs de la République de ce pays.

Et qu’a-t-on constaté ?

Nous avons vu la création d’une alliance des droites et de l’extrême droite avec la coalition initiée par M. Ciotti et Mme Maréchal autour du Rassemblement National.

Nous voyons les conséquences concrètes de cette dérive du parti “Les Républicains” à l’échelle locale puisque sur 10 circonscriptions en Haute-Garonne, il n’y aura au final qu’un candidat des Républicains sur la 3ème circonscription, et dans la 7ème circonscription, un candidat se disant Républicain sera soutenu par le RN et Reconquête.

Mais où est passée la droite gaulliste ? Où sont les candidates et candidats de la droite traditionnelle face à l’extrême-droite sur les 10 circonscriptions de Haute-Garonne ?

L’espoir de l’alliance des gauches et écologiste du Nouveau Front Populaire

Face à ce risque, toutes les formations de gauche et écologistes ont su s’organiser et s’unir pour proposer une alternative au statu quo macroniste et au danger que représenterait l’extrême-droite au pouvoir : ainsi, le nouveau Front populaire est né.

Au-delà des partis, c’est une alliance de toutes celles et ceux qui défendent l’universel, qui croient en l’égalité de toutes et tous, dans les droits de l’Homme inaliénables et imprescriptibles, dans la force de la démocratie.

La ressemblance entre notre époque et les années 30

L’histoire ne se répète pas mais l’ensemble des faits de notre temps réactive le passé. Peut-être la troublante ressemblance entre notre époque et les années 1930 vient-elle de là. La crise économique qui se prolonge, l’extrême-droite qui progresse, les guerres qui viennent, autant de similitudes qui ne manquent pas de susciter l’inquiétude.

Jusqu’ici, le septennat d’Emmanuel Macron n’a cessé de jouer avec ces symboles et ces repères de notre passé. Il fit l’éloge du « grand soldat » Pétain, reprit des termes et des thèmes de l’extrême droite avec la Loi immigration notamment.

Et que dire de la tentative de frapper la gauche d’antisémitisme tout en l’épargnant à l’extrême-droite ? Par quel étrange retournement de l’histoire, les défenseurs du capitaine Dreyfus seraient-ils devenus ses calomniateurs ?

La grave instrumentalisation politique de l’antisémitisme

L’antisémitisme est un fléau trop grave, pour être à ce point exploité.

Et particulièrement, à Toulouse, qui a vécu l’horreur de l’assassinat d’enfants tués parce que juifs en 2012.

Oui, l’antisémitisme explose en France, multiplié par 4 entre 2022 et 2023.

Oui, l’antisémitisme connaît une résurgence incontestable, dans toutes les sphères de la société ; mais cela ne doit pas être instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire.

Le seul parti politique français qui puise ses origines dans l’antisémitisme, c’est le Front National. Deux de ses membres fondateurs étaient des SS , adaptent de l’idéologie nazie. J.-Marie Le Pen a été condamné 12 fois par la justice pour des propos antisémites et révisionnistes.

Cette extrême droite qui défend la préférence nationale, nous devons la battre, dans les urnes et dans l’urgence, pour éviter que la France ne renie son identité républicaine en renouant avec les pires pages de son histoire.

Le Front Populaire : la seule alternative à un gouvernement xénophobe

La réalité est que le Nouveau Front populaire est la seule alternative électoralement crédible pour éviter qu’un parti ouvertement xénophobe ne prenne le contrôle de nos institutions.

Et pendant ce temps, la majorité macroniste, comme la vôtre M. Moudenc, continuent de renvoyer dos à dos la gauche et l’extrême droite en parlant des « extrêmes » de manière indifférenciée.

Cette perversion de l’imaginaire de gauche, cette relégitimation de représentants de l’extrême-droite, en vérité, ne sont que les symptômes d’un échec bien réel.

Macron, depuis sept ans, a fait croire qu’il serait rempart de l’extrême droite alors même qu’à l’Assemblée Nationale, la présence de leurs thèmes et obsessions n’a cessé de s’affirmer.

Le vote qui « l’obligeait » en 2017 puis 2022, le temps d’un second tour, celui de tous ces électeurs sincères, héritiers de notre histoire républicaine, n’a-t-il pas été trahi ? Quand les militants fascistes défilent en toute sérénité dans les rues de Paris et organisent des attaques racistes ou homophobes de plus en plus régulières ; quand les désirs de préservation de droits à la retraite sont brimés à coup de matraque ou de lacrymogène, Emmanuel Macron n’a-t-il pas échoué ?

Comment le Président de la République et sa majorité peuvent-ils prétendre lutter contre l’extrême-droite lorsqu’ils la renvoie dos à dos avec toute opposition de gauche ?

Qu’en est-il de la politique à Toulouse ?

Et vous M. Moudenc, et votre majorité, à Toulouse, il en est de même. Vous vous cachez, vous fuyez et refusez même d’affronter l’extrême-droite dans les urnes.

Depuis les résultats des élections européennes, vous tenez un discours dépolitisé en disant lors des fêtes de cœur de quartier qu’ « un Maire n’est pas là pour faire de la politique », ou en prétendant être rassembleur, en vantant la nécessité de réunir et rassembler comme vous l’avez redit ce matin….

Mais que faites-vous depuis 4 ans ? Dénaturer les mots, caricaturer, calomnier, entretenir la confusion en reprenant les mots de l’extrême droite, cliver, à l’inverse de ce que vous prétendez et ce que vous devriez faire : débattre dans le respect, apaiser, rassembler.

Quelques exemples :

– Novembre 2022, expression politique du groupe Aimer Toulouse :

« la NUPES, une vision totalitariste de la société », « un totalitarisme qui s’oppose à toute mobilité », « un soutien aux occupations illégales par des migrants clandestins»

– Novembre 2022, tweet du groupe Aimer Toulouse avec une photo de Michèle BLEUSE sur fond rouge et écrit : « l’opposition ne condamne pas les actions violentes de l’écoterrorisme ».

– Janvier 2023, tweet du groupe Aimer Toulouse : « des black-blocs éco-terroristes, rejoint par des députés NUPES »

M. le Maire, vous avez signé une tribune appelant à voter contre les extrêmes qui renvoyait encore dos à dos la gauche et l’extrême-droite.

Lundi, le groupe de votre majorité a fait une conférence de presse avec pour seul ordre du jour : le nouveau Front populaire.

Pas un mot sur l’extrême droite, qui a pourtant atteint un niveau inédit à Toulouse aux européennes – mais encore une fois, la même posture : dénaturer les mots, caricaturer, et expliquer que le danger n’est pas l’extrême droite : je vous cite, “ A Toulouse, le danger ce sont les candidats d’extrême gauche portés par le Nouveau Front Populaire”.

M. le Maire, vous n’êtes pas à la hauteur de la situation et je vous invite à vous reprendre, retrouver votre chemin de républicain.

Ne vous en déplaise, le Conseil d’Etat l’a dit : le RN est bien d’extrême droite, mais ni le PS, ni le PCF, ni FI ni les Ecologistes ne sont d’extrême gauche.

Notre message d’espoir : une gauche unie via le Front Populaire

De notre côté, nous sommes clairs.

Avec l’émergence du Nouveau Front Populaire, c’est une alternative d’espoir qui sera présentée le 30 juin et le 7 juillet.

Le Nouveau Front Populaire est comme un phare dans la mer agitée.

Et nous n’avons rien de moins que l’ambition de faire face, toutes et tous ensemble, faire face à un racisme qui veut nous opposer les uns les autres; faire face à des violences et des abus dont trop de femmes sont encore victimes, ainsi que les personnes LGBTQI+ ; faire face à un libéralisme économique qui a sacrifié la solidarité sur l’autel du profit ; faire face à une crise écologique sans précédent qui menace nos vies même ; faire face à la guerre, enfin, qui résonne en Europe et au Proche-Orient.

Nous sommes debouts et déterminé.e.s. Pour les Toulousain.e.s, comme pour la France. Pour les valeurs de la République: la liberté, l’égalité, la fraternité. Et pour l’espoir de jours heureux.