Propos liminaires au Conseil Municipal du 20 septembre 2024

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, 

Nous ouvrons ce conseil municipal à la veille d’un triste anniversaire : celui de la catastrophe de l’usine AZF, le 21 septembre 2001. Ce drame a marqué Toulouse à jamais. 31 morts, des milliers de blessés. 23 ans plus tard, avons-nous vraiment tiré toutes les leçons ? Nous ne le croyons pas. 

Aujourd’hui, notre pays traverse une crise politique sans précédent. Le Président refuse de reconnaître les résultats des législatives en ne nommant pas une Première ministre issue du Nouveau Front Populaire, pourtant arrivé en tête. À la place, il a désigné un Premier ministre d’un parti marginal à l’Assemblée et qui a refusé d’appeler au front républicain face au Rassemblement National.  

Cette instabilité crée des tensions dangereuses.  

Heureusement, l’été a apporté une occasion de nous rassembler avec les Jeux Olympiques et Paralympiques, et aussi la joie et la fierté des nombreuses médailles des athlètes toulousains, que nous avons célébrés ce mercredi au Capitole. 

Plus que jamais, nos politiques locales doivent aussi apaiser et rassembler. 

Et pourtant, Monsieur le Maire, vous choisissez une autre voie : celle de la peur et de l’agitation.  

En cette rentrée scolaire, vous avez annoncé des mesures de sécurité renforcées dans nos écoles, sans nous fournir de diagnostic clair ni les données qui justifieraient ces actions. Malgré notre demande du 3 septembre pour connaître les faits précis, vous restez silencieux. 

Votre communication repose sur deux axes : une exploitation indigne des faits divers et une autosatisfaction basée sur des chiffres de moyens, pas de résultats.  

Vous jouez la carte de la sécurité pour masquer votre propre échec. Vous avez même osé critiquer le maire de Grenoble en utilisant le crime perpétré sur un agent de la propreté de cette ville pour servir votre discours. C’est indécent et honteux. 

Fidèles à notre sens des responsabilités, contrairement à ce que vous avez toujours fait avant 2014 et que vous faites encore aujourd’hui vis-à-vis de collègues Maires, nous n’utiliserons jamais les crimes et délits dans notre ville pour vous en rendre seul responsable. 

Lors de votre conférence de presse de rentrée, vous avez parlé d’un été « apaisé », alors que deux fusillades dont un mort ont éclaté dans les quartiers d’Empalot et Bagatelle la veille votre déclaration.  

Ces violences, liées aux trafics de drogue, montrent la réalité de notre ville. Toulouse est confrontée à une montée inquiétante des crimes : depuis le début de l’année 2024, trois morts et une quinzaine de tentatives de meurtre liées aux stupéfiants. De nombreux Toulousains vivent quotidiennement une insécurité liée aux réseaux criminels de drogue, à commencer par ceux des quartiers populaires. Où est la détermination à agir contre ces fléaux ? 

Vous proposez même de confier à la police municipale des pouvoirs qui devraient rester à la police nationale. Est-il vraiment juste que les contribuables toulousains paient pour pallier les manquements de l’État ? La police municipale doit-elle devenir supplétive de la police nationale comme vous le proposez, ou complémentaire à celle-ci comme nous le souhaitons ? Où est la police de proximité dont nos quartiers ont besoin ? 

Nous devons cesser cette confusion des rôles et nous concentrer sur une vraie stratégie de sécurité. Vos politiques se basent sur des moyens : plus de policiers, plus de caméras. Mais ne travaillent pas dans une logique de résultats. Ce qui est sûr, aujourd’hui, c’est que les atteintes aux personnes explosent. 

Quelques chiffres du ministère de l’Intérieur : 

  • Coups et blessures volontaires : +30 % entre 2016 et 2023. 
  • Trafic de stupéfiants : cas doublés sur la même période. 
  • Violences sexuelles : elles ont doublé en 7 ans, passant de 526 cas en 2016 à plus de 1 000 en 2023. 

Face à ces réalités, nous devons poser les bonnes questions : avez-vous réalisé un diagnostic puis un bilan complet et partagé sur la sécurité à Toulouse ? Quelles sont les stratégies mises en place avec les services de l’État pour répondre à ces problèmes ? Nous attendons toujours vos réponses. 

En décembre 2023, nous avions proposé trois axes d’action que vous avez rejetés. Pourtant, ils restent essentiels : 

  1. Interpeller l’État pour obtenir les moyens humains promis dans le contrat de sécurité intégrée. Nous avons actuellement 90 policiers nationaux, loin des 111 à 150 nécessaires. Où en est-on réellement sur ce sujet, avec les départs et les arrivées ? Qu’en est-il des policiers affectés aux enquêtes sur les trafics de drogue et les violences notamment ? 
  1. Renforcer les politiques de prévention et de cohésion sociale. Nous avons besoin de plus d’éducateurs spécialisés. Nous proposons également un service de médiation dans chaque quartier pour décharger la police municipale des missions qui ne sont pas de son ressort. 
  1. Favoriser la coopération entre la police nationale, la police municipale et les acteurs de la prévention. Pour lutter efficacement contre les crimes, il faut allier répression et prévention. Les trafics de stupéfiants et les violences sexuelles ne peuvent être démantelés que par un travail en amont et en aval. 

Pour nous, une politique de sécurité efficace repose sur trois piliers : prévention, médiation, et répression. Il est crucial d’évaluer les moyens au regard des résultats. Vous investissez 42 millions d’euros dans la sécurité, mais cet argent est-il vraiment utilisé à bon escient ?  

Diagnostiquer, agir, évaluer, ajuster : c’est cela avoir une approche en bon gestionnaire; c’est cela avec une approche non dogmatique; c’est cela avoir une approche responsable, pour ne pas nourrir le désespoir et la désespérance. 

Ce conseil municipal sera notamment l’occasion d’évaluer vos politiques en termes de développement durable et de connaître vos orientations budgétaires qui devraient tenir compte de cette évaluation de vos politiques publiques. Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal, dont nous votons l’avis aujourd’hui, est-il à la hauteur des défis ? D’ores et déjà, je peux vous dire qu’hélas, nous n’y voyons pas la transformation écologique et sociale nécessaire pour notre ville. 

Enfin, je veux terminer mon propos liminaire en vous annonçant que nous avons la joie d’accueillir un nouveau membre dans notre groupe Toulouse écologiste et solidaire : Philippe Perrin. Monsieur le Maire, vous l’aviez présenté en 2020 comme votre « Monsieur écologie », mais il a quitté ses fonctions après seulement une année passée à vos côtés, prouvant qu’il est impossible de faire de l’écologie dans une majorité de droite. Nous lui souhaitons donc la bienvenue. Son arrivée dans notre groupe marque l’importance d’une écologie sociale pour construire un avenir meilleur pour notre ville. Un avenir qui rassemble. Un nouvel espoir pour Toulouse.