Propos liminaires au Conseil de Métropole du 17 octobre 2024

Suivi du Conseil sur X – Ancien Twitter : https://x.com/Ecolo_ToulouseM/status/1846822980069761196

Monsieur le Président, Chères et chers collègues,

Tout d’abord, Je souhaite la bienvenue à Philippe Perrin, qui rejoint aujourd’hui notre groupe. Philippe, par ta vision, ton expertise et ton engagement en faveur des transitions écologiques et sociales, nous ne doutons pas que tu enrichisses nos réflexions et nos actions. Nous sommes ravis de t’accueillir.

Notre séance s’inscrit dans une période où les annonces du projet de loi de finance 2025 nous font craindre le pire. Le pire pour les collectivités, pour l’éducation, la santé, les services publics, l’économie sociale et solidaire. Rien de ce qui fait la vie de nos territoires, de ce qui fait la justice sociale et climatique n’est épargné. Le mépris affiché pour l’avenir des collectivités est inacceptable. C’est une menace pour nos territoires et l’avenir de nos services publics, de nos politiques écologiques, déjà mis à mal depuis l’arrivée Macron.

Que n’avions-nous pas entendu Monsieur le Président, lors du contrat de Cahors de François Hollande et de la contractualisation. Aujourd’hui, on nous annonce 60 milliards de coupes sombres dont 5 milliards qui vont asphyxier les collectivités, vous vous en êtes ému, Monsieur le Président, avec une posture que nous craignons de façade, mais qu’allez-vous faire vraiment ? Nous ne vous avons pas entendu sur la casse annoncée de l’éducation, de la santé, de la politique de la ville et même de l’ESS, où si les baisses annoncées sont effectives, c’est 186 000 emplois qui seront menacés. Certes, ce sont vos amis politiques qui sont à la manœuvre et nous connaissons votre soutien sans faille à Michel Barnier, et à sa politique conservatrice et inégalitaire mais aujourd’hui l’heure est grave et les postures ne suffiront pas.

 Car à l’injustice sociale et démocratique se rajoute un discours de fond nauséabond : avec par exemple un ministre de l’intérieur qui va dépasser le précédent dans sa posture annonce déjà que sa priorité ce sont les OQTF et qui remet en cause l’Etat de droit. Alors que nos villes subissent régulièrement des règlements de compte mortels sur fond de drogue, alors que police et justice hurlent leur manque de soutien, comment oser dire que la vie de nos concitoyens est obsédée par les OQTF.

Nous avons une proposition concrète à vous faire, celle de mobiliser toutes les maires et tous les maires de la Métropole pour interpeller le 1er Ministre sur le sujet.

Ce sujet trouve écho dans l’ordre du jour de ce conseil, à travers le Débat d’Orientation Budgétaire. Nous avons reçu un document qui, certes, est beau sur la forme, mais qui sous-estime la réalité par exemple ne donne pas de détails sur les recettes, et l’impact des 15 millions d’euros est certainement sous-évalué. On le sait et on le dit régulièrement, Toulouse sous investit…et Toulouse Métropole n’aura bientôt plus les moyens de ses ambitions.

Par ailleurs, dans un article de la Dépêche paru hier, Sacha Briand nous assure que le financement de la ligne C ne sera pas impacté par ce contexte budgétaire. Nous pouvons en douter. Historiquement, le budget de la ligne C a été sous-évalué, Claude Raynal l’indiquait déjà lors du dernier mandat. La vérité est que cette ligne C, non seulement n’est pas encore financée, mais elle va obérer tout investissement futur de notre métropole. Je rappelle que nous avons trouvé la dette de la ligne B en 2008 et que Tisséo était en quasi-banqueroute, cette situation va se répéter hélas en 2026…

Mais nous échangerons durant le DOB.

Monsieur le Président, vous êtes frileux quand il s’agit de dénoncer la politique désastreuse de notre gouvernement, soit, mais vos prises de positions récentes et vos amalgames sur des sujets qui touchent des populations fragiles ou en difficulté nous interpellent.

Je reviens sur les récents courriers que vous avez adressés au Gouvernement et sur lesquels vous nous avez proposé de nous associer. Or si en effet vous soulevez des problématiques réelles s’agissant de l’abandon par l’Etat de la protection de l’enfance, des personnes en situation d’exclusion et de marginalité, ou encore de la nécessité d’un accueil digne des gens du voyage, vous faites encore une fois des amalgames et des raccourcis tendancieux comme le lien entre mineurs isolés, immigration, délinquance et sécurité… Toutes ces situations décrites méritent non seulement des mesures d’urgence sanitaires et sociales mais aussi une action coordonnée de l’Etat et des collectivités que nous appelons de nos vœux.

Nous regrettons que vous ayez une stratégie de plus en plus fébrile qui consiste à agiter des peurs, à entretenir des confusions et à vouloir extrémiser votre opposition, jusqu’à la qualifier de dangereuse.

Mais si vous en êtes réduit à ces tactiques, c’est sans doute que vous n’êtes pas aussi tranquille que vous le laissez entendre. Mais cette attitude n’est pas responsable dans la période extrêmement complexe que nous traversons où la concorde serait de mise.

Au cours de ce conseil, notre groupe présentera deux vœux qui, nous l’espérons trouverons un écho et un soutien favorables de l’ensemble des élus. Le premier concerne notre demande de remise en cause du plan de licenciement chez Thales, mais plus largement de demander à l’Etat une véritable feuille de route pour la filière française du spatial et réaffirmer notre leadership dans ce domaine.

Le second porte sur la continuité des missions de services publics assurés par la Poste, sur l’ensemble du territoire national et bien sûr particulièrement dans notre métropole où l’on voit, malgré le rétropédalage s’agissant de l’amputation de 50 millions du contrat de présence postale territoriale, la volonté de la poste de fermer des bureaux qui sont garants du service public au plus près des habitants.

L’actualité de ces derniers jours a été également la prise de position du préfet sur le couvre-feu demandé pour l’aéroport de Toulouse Blagnac.

Les conclusions de l’étude d’impact démontrent que l’année dernière, sur le créneau 22h-06h, ce sont près de 5267 arrivées et 2042 départs qui ont eu lieu depuis l’aéroport Toulouse-Blagnac.

Pour autant le Préfet a retenu un scénario dit “sécurisé” qui prévoit une interdiction de programmation des départs entre minuit et six heures et un plafonnement des vols à l’arrivée en cœur de nuit avec un « quota » de 400 vols par an, dont on ne sait pas comment il sera déterminé… 

Avec ce scénario, les vols de nuit continueront donc à perturber la vie de près de 100.000 personnes dans l’agglomération toulousaine. Il s’agit là d’un enjeu de santé publique et nous rappelons notre position de la mise en place, comme le font plusieurs aéroports internationaux, d’un couvre-feu de minuit à six heures qui permettra de concilier santé des toulousains et intérêts économiques du territoire.

Enfin je voudrais terminer par une note positive, celle du retour du Minotaure dans notre ville les 25, 26 et 27 octobre prochains. Nous sommes heureux que vous ayez cheminé positivement sur ce projet, sur lequel vous vous étiez opposé en 2013, le trouvant déconnecté des préoccupations des habitants, avec un coût exorbitant, une vision élitiste de la culture, n’étant pas en adéquation avec notre identité, allant même jusqu’à qualifier de monstruosité les halles de la Machine.

Le cheminement a donc été positif, il faut le souligner et nous souhaitons que dans ces temps troublés, de repli sur soi, de peur voire de rejet de l’autre, les habitants de la métropole et au-delà pourront s’évader, rêver (et je tiens à rassurer une partie de vos élus qui ont peur de Lilith et des ténèbres) …car la culture est un bien commun essentiel, d’autant plus en période de crise. Je vous remercie.