Monsieur le président, chers collègues. Quatre jours après la fin du mois de janvier, je me permets à mon tour de souhaiter une année meilleure à celles et ceux qui n’étaient pas au conseil municipal de Toulouse, donc à vous tous et toutes. Mais je souhaite avoir une pensée particulière pour tous les personnels de la Métropole, qui ont eu une année très compliquée, car ce sont eux qui ont assuré la continuité du service public dans des conditions contraintes, et parfois, trop souvent, en sous-effectif. Je pense, et ce n’est pas exhaustif, au personnel des crèches, des écoles, de la gestion des déchets. Je pense au personnel des EHPAD qui, notamment au CCAS, ont géré de façon exemplaire cette crise, et ont, de fait, eu peu de clusters. Pour le personnel, donc, je formule le vœu que dans le débat d’orientation budgétaire que nous allons avoir, la masse salariale ne soit pas la variable d’ajustement des budgets de fonctionnement, ce qui est hélas le cas depuis plusieurs années, en faisant le choix d’emboîter le pas de la politique libérale du gouvernement. J’aurais préféré avoir en ce début d’année un ton un peu plus léger, mais je ne peux passer sous silence la crise sanitaire, sociale, économique que nous traversons, et dont nous ne connaissons pas encore toutes les conséquences. Nous avons donc, collectivités locales et Métropole, des responsabilités.
Monsieur le président, tout à l’heure, vous avez indiqué que la responsabilité individuelle n’était plus à la mode, et j’ai trouvé ce discours quelque peu culpabilisant. Parce qu’à mon sens, nous, Métropole, avons l’impérieuse nécessité et la responsabilité d’accompagner la détresse qui se généralise chez les seniors, les jeunes, les étudiants, les salariés, les commerçants, les invisibles essentiels, les acteurs culturels, les associations. Cette profonde angoisse du quotidien s’amplifie par une crise économique sans précédent, par une casse sociale dont on ne sait pas toutes celles et ceux qu’elle va toucher. Or nous avons vécu un premier confinement avec vous, Monsieur le président, en campagne électorale, soucieux d’accompagner les mesures gouvernementales, mais aujourd’hui, sans la pression des urnes, la Métropole subit la crise sanitaire et nous trouvons que vous restez bien souvent, trop souvent, sans voix. Sans voix et surtout sans dialogue face aux acteurs culturels en souffrance. La liste s’allonge de jour en jour et je ne suis pas exhaustive. Après la vente de l’Espace Croix-Baragnon, l’abandon du Laboratoire permanent des arts, de la scène du pavillon Mazar et de Merci. Et j’ouvre une parenthèse, à la lecture de la Dépêche ce matin et des arguties de Monsieur GRASS, je suis un peu choquée, Monsieur GRASS expliquant qu’il nous était impossible d’être aux côtés du Département, de la Région et de la DRAC pour sauver ce lieu, mais que nous allions faire une proposition de location. Donc l’abandon de Mazar, la destruction du Bleu-Bleu, la mise à la rue de Mix’Art Myrys, c’est pourtant plus que jamais, dans cette situation de crise, que le secteur culturel a besoin des collectivités, et que la société tout entière a besoin de culture, parce qu’elle nous rend plus résistants, parce qu’elle nous donne de l’espoir. Mais vous avez décidé de pratiquer, je cite la journaliste de Libération hier, « la politique de la friche brûlée ».
Pas assez de voix non plus, à notre sens, face à la crise économique qui touche tous les secteurs d’activité. Commerçants, restaurateurs, événementiel, mais aussi celui de l’aéronautique que vous n’avez pas abordé. Crise dont on sait aujourd’hui que l’impact, selon la DIRECCTE, sera la suppression de 15 000 emplois dans ce secteur en région Occitanie, sur le premier semestre. Bien sûr, vous n’avez pas de baguette magique et tout ne relève pas de votre responsabilité, j’en conviens. Mais parfois, vous avez les moyens d’agir, en conditionnant les aides. Je ne prendrai qu’un exemple, celui de Latécoère, qui avait annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et à qui vous avez vendu, contre l’avis à l’époque de l’opposition, des terrains à Montredon. Aujourd’hui, c’est un site déficitaire qui est menacé de fermeture, et la collectivité, finalement, se rend en quelque sorte complice de cette stratégie.
Enfin, je souhaite formuler un dernier vœu. En matière de mobilité, que ce mandat soit utile, et que l’annulation du Plan de Déplacements Urbains (PDU) vous incite enfin à mettre en place un plan d’urgence qui propose des alternatives à la voiture et réponde aux enjeux de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Nous l’avons dit, nous ne nous réjouissons pas de cette annulation, qui est une très mauvaise nouvelle pour les habitants de notre agglomération. Mais cela montre combien l’entêtement et le passage en force sont néfastes. Vous n’avez écouté ni les alertes de l’opposition, ni celles de la mission régionale d’autorité environnementale, de la chambre régionale des comptes, du Codev, et encore moins celles de Deux Pieds Deux Roues, de l’AUTATE ou de Rallumons l’étoile. Aujourd’hui, nous souhaitons ne pas être dans une posture, mais proposer des solutions crédibles, issues à la fois du PDU de 2012 qui s’applique, mais aussi au-delà, et je ne donnerai que quelques pistes. Mettez en place un grand Plan vélo, avec un grand projet urbain par faubourg, avec a minima 50 millions par an, pour avoir un effet de levier sur le déplacement. Lancez un grand plan Linéo en site propre, avec davantage de cadencement et d’amplitude horaire. Et enfin, n’éludez plus la question du RER toulousain. Conseil après conseil, vous vous désengagez totalement de cette question, en nous rappelant que ce n’est pas de votre compétence. Eh bien, c’est faux, puisqu’un RER urbain peut être de compétence métropolitaine, il suffit d’une volonté politique. Vous savez, par ailleurs, faire appel à l’État, vous savez aussi conventionner avec la Région. Donc au lieu de vous renvoyer la balle avec la Région, il est possible de construire une grande alternative à la voiture, sur le périmètre de la grande agglomération, de façon progressive, au lieu d’attendre 10 ans au moins, et surtout un financement accessible dans cette période de crise. Monsieur le président, nous avons vécu les six dernières années sans la moindre offre de transport structurante, et nous ne pouvons pas nous permettre de continuer dans cette voie. Merci.