Propos liminaire introductif du conseil du 1er avril 2021 – Thomas Karmann

Monsieur le président, mesdames et messieurs les élus, chers collègues, mesdames et messieurs, en écrivant ce propos liminaire, j’ai envisagé de parler de l’urgence climatique, de l’insuffisance des actions du gouvernement et du fait que sur ce sujet, nos concitoyennes et concitoyens sont descendus par milliers dans la rue le week-end dernier pour manifester et défendre une vraie loi climat.

Une loi climat ambitieuse et pas une loi climat au rabais, vidée de la consistance qui aurait pu être la sienne à l’issue de la convention citoyenne pour le climat, par des lobbies qui l’ont réduite à peau de chagrin. Sur ce sujet, Monsieur le président, notre vision n’est pas la même que la vôtre. Nous appelons à avoir une loi climat ambitieuse qui saura, s’il le faut, combler les manques de certaines collectivités, qui refuse d’avancer sur les thématiques liées à la transition écologique. C’est un sujet important et un enjeu majeur pour le bien-être des habitants et des habitantes de notre pays.

J’ai pensé également parler de mobilité, mais tout ce que nous voyons sur le sujet aujourd’hui, c’est un PDU qui a malheureusement été lui aussi annulé par le tribunal et une troisième ligne de métro qui continue d’être affichée comme si de rien n’était, dans une précipitation accrue qui montre que vous enfermez notre collectivité dans une politique incohérente entre urbanisme et mobilité, comme en témoigne le pacte urbain proposé aujourd’hui.

Ce que nous voyons également, c’est l’accélération des projets routiers un peu partout sur notre métropole. La Jonction Est en est un parfait exemple, 18 millions d’euros qui n’amélioreront pas, d’après les études réalisées, la congestion de notre rocade et qui aura un effet néfaste sur la biodiversité. Nous savons bien que ce n’est pas ce type de projet qui va réduire les bouchons dans notre agglomération, c’est une illusion et une vision bloquée dans les années 80.

Les solutions, aujourd’hui, nous les connaissons. Ce sont les transports en commun structurants tels que les Linéo, les trams, le RER, ainsi que l’augmentation de la part modale des mobilités douces.

J’ai finalement choisi d’aborder deux sujets clés dans ce liminaire, notre vision de l’urbanisme pour la métropole dans un premier temps. Nous avons la chance d’avoir énormément d’espaces naturels et agricoles sur notre métropole et il est de notre devoir d’élus d’en sanctuariser le maximum. Pour ce faire, nous connaissons également les éléments nécessaires. Bien sûr, et je vous rejoins sur ce sujet, il faut prendre en compte la complexité et faire preuve de pédagogie. Mais je suis convaincu que nos concitoyennes et concitoyens comprennent tout à fait le sens de l’intérêt général et que les solutions qui peuvent être mises en place doivent l’être, c’est-à-dire la reconstruction de la ville sur elle-même, la création de logements le long des axes de transports structurants et la fin des projets d’un autre temps qui artificialisent les sols à outrance. Et je pense qu’il faut le dire, suite à l’intervention de Monsieur CARLES, il y a d’autres manières de concevoir les formes urbaines denses que par des tours immenses. On peut densifier sans monter en hauteur à des niveaux disproportionnés.

C’est dans cette réalité-là que nous devons agir aujourd’hui, bien au-delà des calculs électoralistes qui favoriseraient certains quartiers ou certaines villes au détriment des autres, mais sur ce sujet également, le flou dans notre métropole est total. Le tribunal administratif a décidé d’annuler le PLUi-H, il nous reste comme vous l’avez dit à connaître la date d’annulation. C’est un séisme énorme pour la quatrième métropole de France et cette annulation aura des conséquences significatives, nous en sommes sûrs. L’annulation de notre PLUi-H est une très mauvaise nouvelle pour les Toulousaines et les Toulousains, et tous les Métropolitains de manière générale, mais elle est symptomatique des choix de l’exécutif métropolitain. Ne pas tenir compte des avis de la mission régionale d’autorité environnementale, refuser la co-construction avec les habitants et manquer d’ambition et de volonté politique lorsqu’il s’agit de réduire la consommation foncière sur notre territoire.

L’annulation apparaît donc en cohérence avec les avis de la MRAe sur le PLUi-H qui disaient, à l’époque : « Malgré l’affichage dans le PADD d’un objectif de modération de la consommation d’espace et de développement de la ville sur elle-même, le projet de PLUi-H demeure fortement consommateur d’espace. Le scénario apparaît peu ambitieux, particulièrement lorsqu’on le compare aux objectifs fixés dans les autres grandes métropoles françaises. » En tant que quatrième métropole de France, nous ne pouvons pas continuer à engranger un tel retard. C’est un total chamboulement en ce début de mandat. Nous avons la sensation que tout s’effondre. Quel sera le prochain document annulé de la sorte ? Et dans ce sens, nous serons particulièrement vigilants à ces sujets, en particulier sur la révision du SCoT, car l’enjeu se situe ici au niveau d’un nouvel équilibre territorial.

Enfin, pour terminer ce propos, je souhaite partager avec vous ma vision après une année dans cette assemblée. Tout d’abord, après presque un an de mandat, j’ai appris beaucoup de choses sur le fonctionnement de notre Métropole, mais également tout un tas de sigles que nous manipulons à chaque réunion et je ne sais toujours pas comment font ceux qui les connaissent tous par cœur. En un an, j’ai également remarqué que les conseils comme celui que nous tenons aujourd’hui perdent de leur substance démocratique, que ce soit avec la nouvelle organisation qui a été décidée, entre la commission consultative du bureau et le bureau qui retirent aux conseillers métropolitains et aux conseillers de nos communes qui s’investissent à la Métropole, une partie des informations qui passaient jusqu’alors en commission. Même s’il faut bien le souligner, un certain nombre de vice-présidents qui assistent au bureau font l’effort de présenter à chaque commission les délibérations qui sont passées en bureau. C’est également les choix de discussion sur divers sujets qui ne sont pas toujours très clairs. Parfois vous discutez avec la conférence des maires, parfois uniquement avec des élus qui ont signé un pacte avec vous en début de mandat, tout cela n’est pas très clair et une telle diète d’informations à destination des conseillères et conseillers métropolitains est réellement dommageable pour le fonctionnement démocratique de cette instance.

Ce conseil semble devenir une chambre d’enregistrement, et encore, dans le meilleur des cas. Que dire de cette publication de Mobilités le mag’, le magasine de Tisséo publié le 2 mars 2021 ? Celle-ci, au-delà de proposer des contenus intéressants et de mettre en avant l’égalité entre les femmes et les hommes de manière très bien pensée, nous offre sur la dernière double page une information, je cite : « Le pacte sur la troisième ligne de métro est un document élaboré en co-construction, approuvé et signé par différents partenaires, dont Toulouse Métropole. » Je ne reviendrai pas sur l’aspect « co-construction » mais ce qui est certain, c’est que le 2 mars dernier, à la publication de ce document, le pacte urbain n’avait pas été présenté aux élus de notre métropole puisqu’il a été présenté en Commission Urbanisme le 8 mars dernier et qu’il nous est proposé au vote aujourd’hui. Je vous pose donc la question, à quoi va servir notre vote aujourd’hui ? A-t-il une réelle utilité ? Quoi qu’il en soit, j’espère, chers collègues, que les impressions de cette première année de mandat ne seront pas confirmées dans les années à venir et que nous saurons trouver des solutions pour intégrer les élus métropolitains et communaux, quelle que soit leur appartenance politique, pour construire ensemble sur les différents sujets et réussir à faire métropole.

Sachez, Monsieur le président, que vous pouvez compter sur notre groupe pour participer activement au conseil d’aujourd’hui comme aux suivants, et que nous participerons aux différents groupes de travail dans lesquels nous serons invités, de manière à faire avancer, de manière démocratique et constructive, l’intérêt général de notre métropole et le bien-être des habitants. Enfin, Monsieur le président, et je sais que j’ai dépassé le temps, il me semble que dans les vœux qui nous ont été transmis sur table, il manque un vœu que nous avons co-présenté avec le groupe AMC, concernant les cirques sans animaux.