Monsieur le président, Mesdames, Messieurs les élus, chers citoyens et citoyennes de Toulouse Métropole. Je suis très honoré de tenir pour la première fois un propos liminaire devant cette assemblée. Tout d’abord, je souhaite saluer le travail des services de notre métropole qui, dans ces conditions difficiles, assurent un service d’une qualité remarquable. Je souhaite aussi, Monsieur le président, saluer vos actions sur les sujets liés à la crise sanitaire, et en particulier sur l’ensemble des sujets qui ont été présentés par Madame la première vice-présidente en introduction de ce Conseil. Je vous remercie aussi d’avoir accédé à notre demande d’information sur votre gestion de la crise sanitaire. Et j’espère que nous aurons d’autres opportunités d’échanger sur le sujet, à travers des rendez-vous similaires, si la situation venait à se prolonger.

Je souhaite partager avec cette assemblée, avec nos concitoyens et concitoyennes, un certain nombre de craintes. La situation actuelle est très particulière. Nous devons mener de front un combat contre ce virus qui nous pose tant de problèmes, contre la crise sociale qui est et sera l’une des plus difficiles pour notre pays, mais également contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité, qui dessineront le cadre de vie de ma génération et des suivantes. Nous devons aussi faire face à une crise économique qui frappe de plein fouet notre région, avec près de 52 000 emplois déjà perdus sur l’Occitanie depuis le début de l’année. Sur l’emploi justement, je m’interroge sur l’opportunité, comme le mentionne le rapport Tirole, d’extraire notre métropole à la mono-industrie aéronautique pour la tourner vers l’avenir. Nous sommes convaincus que pour construire un avenir souhaitable et durable, il faut s’appuyer sur une relocalisation écologique et solidaire de nos activités économiques. Cela aussi, la crise du Covid-19 nous l’a rappelé. Et c’est en ce sens que nous proposons, à la fin de ce conseil, un vœu contre l’accord passé entre l’Union européenne et Mercosur. En tout cas, sachez, Monsieur le président, que notre groupe se tient à votre disposition pour travailler sur cette vision de l’économie métropolitaine à long terme.

Sur le volet démocratique, il me semble que les crises sanitaires et économiques actuelles contribuent à renforcer le sentiment de défiance de la population vis-à-vis des élues et élus de la République. Et cette République, à laquelle nous sommes toutes et tous ici attachés, a besoin de renouveau. Ce renouveau, nous en sommes convaincus, passe aussi par une proximité accrue entre les collectivités locales, les citoyens et les citoyennes. Sur ce sujet également, notre groupe se tient prêt à travailler avec vous. Et j’appelle de mes vœux une sollicitation de la part de notre vice-présidente en charge de la démocratie pour commencer à travailler sur ce sujet dès le début de l’année 2021, en concertation. Le Codev, dont le rapport nous a été présenté ce matin, est, je pense, un outil démocratique très intéressant. Comme vous l’avez dit, il ne faut pas le substituer à notre assemblée, mais il serait intéressant, comme a pu le faire le président de la République avec la Convention citoyenne pour le climat, de soumettre un certain nombre de ses propositions sans filtre, directement aux débats de notre assemblée.

Dans ce contexte difficile, je souhaiterais revenir très brièvement sur une délibération qui nous est proposée aujourd’hui, sur la mise en place de la Zone à Faible Émission. Sur ce sujet, nous pouvons saluer le choix que vous avez fait de retenir le scénario le plus ambitieux parmi ceux qui ont été étudiés. Mais je regrette toutefois que nous n’ayons toujours pas accès aux études de trafic associées à cette Zone à Faible Émission, que nous avons demandées à plusieurs reprises. Je regrette également que nous n’ayons pas eu l’occasion d’échanger avec vous sur l’extension potentielle de cette Zone à Faible Émission avec les communes limitrophes de Toulouse. Enfin, je tiens à souligner que cette Zone à Faible Émission, très souvent présentée comme une contrainte, est à mon sens une réelle opportunité pour notre métropole. Elle aura un impact fort sur notre métropole et ses habitants, mais elle sera une avancée nette pour la qualité de l’air. Cette Zone à Faible Émission demandera un accompagnement tout particulier et nous devrons, toutes et tous, être attentifs à la situation de nos concitoyens et concitoyennes les plus fragiles. Ce pas en avant que représente la Zone à Faible Émission ne doit pas nous pousser à retomber dans des travers dangereux. Le risque, c’est en effet de créer de nouvelles voiries routières aux alentours de la zone qui sera concernée. Ces voiries ne seront que des aspirateurs à voiture et déplaceront uniquement le problème de la pollution. Cette Zone à Faible Émission doit devenir un véritable projet positif pour notre territoire. Et cela peut se faire en l’articulant avec des enjeux de mobilité, d’énergie et d’aménagement, de manière plus générale.

Enfin, au sujet de la transition écologique, il y a quelques semaines, le Conseil d’État a pris une décision historique. Il a sanctionné l’État français pour son inaction face au réchauffement climatique. Et cela nous montre que suivre simplement les recommandations de l’État ne suffit pas. Nous devons aller plus loin. Nous devons y aller maintenant. Si j’ai choisi de m’engager dans ces élections et si je suis présent aujourd’hui dans cette instance métropolitaine, c’est parce qu’en lisant le Rapport 1.5 du GIEC il y a quelques années, j’ai lu que 50 à 70 % des leviers pour agir contre le réchauffement climatique se situent à l’échelle locale. Alors mes chers collègues, prenons exemple sur d’autres métropoles ! Utilisons ces leviers, basculons ensemble hors du siècle dernier et soyons ambitieux et ambitieuses pour les générations à venir. Je me pose la question, Monsieur le président, des choix que vous avez faits sur les grands projets de notre métropole. Pourquoi étaler dans le temps des projets qui pourraient aller dans le sens de la transition écologique, comme le Grand Parc Garonne, la rénovation urbaine, tout en maintenant un Plan d’aménagement routier de la métropole, qui bien sûr a changé de nom, devenant Plan d’aménagement multimodal, mais dont le contenu reste à dominante routière ? Pourquoi maintenir ce plan qui date déjà d’un autre temps et qui mériterait d’être repoussé aux calendes grecques ? Sur la troisième ligne de métro, son report est un bouleversement pour notre Plan mobilité, même si, pour beaucoup d’entre nous, il est avant tout la révélation d’un mensonge sur le calendrier initial, qui était déjà insincère. Non seulement ce Plan de financement était insincère, mais nous nous inquiétons de la paralysie d’un certain nombre de projets sur le long cours concernant la mobilité sur notre métropole. Enfin, sur ces problématiques de mobilité, la vraie question me semble être : « Quelles solutions allons-nous proposer sur ce mandat 2020-2026 comme alternative à la voiture individuelle pour les habitants de notre métropole ? » Bien sûr, nous avons des projets à l’horizon 2030, portés par ce PDU. Mais dans sa version actuelle, il ne permettra pas d’absorber l’ensemble des besoins futurs. Et l’on sait dès aujourd’hui que de toute façon, il entraînera une hausse des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 9 % malgré les progrès technologiques. Ce résultat constitue à mon sens une preuve de l’insuffisance de notre Plan de déplacements urbains. Et continuer à le porter tel quel me paraît irresponsable, plus encore aujourd’hui qu’hier. Je vous remercie pour l’attention que vous m’avez apportée.