Monsieur le Président, chers collègues,
Je voudrais adresser mes félicitations républicaines à Dominique Faure, Jean-François Portarrieu et bien sûr mon collègue François Piquemal pour leur élection dimanche.
Ces élections législatives sont un véritable camouflet pour Emmanuel Macron. C’est la 1ère fois dans la cinquième République qu’un Président n’obtient pas la majorité absolue après son élection.
Cela prouve s’il en était besoin que c’est une élection par défaut. Par sa politique pendant cinq ans de mépris pour les Français il a œuvré pour qu’il n’y ait qu’une seule alternative entre le libéralisme et le fascisme. Il savait que sa réélection n’interviendrait qu’à ce prix. Il a donc gagné les présidentielles mais 89 députés du Rassemblement National accèdent à l’Assemblée Nationale. Nous ne pouvons pas en être fiers.
Alors bien sûr je suis heureuse que le programme de la gauche et des écologistes rassemblés ait répondu aux attentes de beaucoup de Françaises et de Français, notamment celles et ceux qui souffrent et se sentent abandonnés, car ce programme répond aux urgences sociales et climatiques et qu’il est une vraie alternative immédiate aux dangers du libéralisme.
Mais c’est aussi un vrai projet de société en rupture avec celui de Macron et de la casse sociale que nous subissons depuis 5 ans. Nous n’avons pas réussi à obtenir une majorité certes mais nous sommes aujourd’hui la deuxième force politique en France et d’opposition à la majorité libérale.
Et nous aurons fort à faire : les Françaises et les Français se déchirent aujourd’hui sur fond de peurs et de tensions entretenues et attisées avec méthode. Macron a été élu en 2017 avec la promesse d’être un rempart contre l’extrême droite. Ces mesures antisociales et libérales ont créé précarité et désespoir.
On ne peut pas susciter la peur, la peur de la gauche notamment, brandir des chiffons rouges, créer des amalgames, renvoyer dos à dos un parti raciste et un rassemblement porteur d’un projet de société, certes en rupture avec le sien, mais porteur de justice sociale et répondant aux urgences de transition climatique, et s’esquiver de la responsabilité d’avoir facilité l’élection de députés d’extrême droite.
Et que dire de l’absence du front républicain, de l’absence du réflexe des castors, ce qui était d’ailleurs une évidence pour la gauche et les écologistes pour le 2ème tour des élections présidentielles.
Aujourd’hui le rejet de l’autre, la peur, la haine, doivent être déconstruites. Et le projet porté par la NUPES est un formidable rempart car il redonne tout son sens à la République avec au cœur l’égalité qui n’existe plus : l’égalité d’accès aux services publics, pour le droit au logement, l’égalité des femmes et des hommes, la lutte contre la violence faite aux femmes, la lutte contre la pauvreté.
Dans ses propos liminaires, la co-présidente du groupe @izahardy salue les bons scores de la #NUPES aux #legislatives2022 mais s'alarme de la stratégie inconséquente du bloc présidentiel qui "a œuvré pour qu’il n’y ait qu’une seule alternative entre le libéralisme et le fascisme" pic.twitter.com/QcmInCjQ5i
— Groupe élu·e·s écologistes de Toulouse & Métropole (@Ecolo_ToulouseM) June 23, 2022
Aujourd’hui au sein de notre instance nous avons également l’obligation de faire face à l’urgence de la transition écologique et sociale. Nous devons aller plus vite et plus loin. Le contexte nous l’impose et les Toulousains et Métropolitains nous le demandent.
Concernant l’urgence sociale, il fallait quand même oser, quelques jours à peine après le débat des élections législatives qui avait en son cœur les enjeux du pouvoir d’achat, du pouvoir de vivre des Françaises et des Français… Il fallait oser décider en bureau de Tisseo, une augmentation des tarifs qui fait porter l’effort sur les plus pauvres et les plus précaires. Soit dit en passant, il est quand même étrange de convoquer un point presse après le bureau, avant le conseil syndical qui est censé débattre et voter. Encore une méthode peu démocratique… Mais revenons sur le fond sur 2 points : le 1er est que vous avez a priori décidé (je dis à priori car il y a des flous entre les éléments présentés en bureau et ceux repris par la presse), vous avez décidé d’une augmentation en valeur absolue du tarif de l’abonnement et du ticket. En faisant ce choix, pour les tarifs classiques, l’augmentation sera de 2% par an soit 9 à 11% sur la période de 6 ans, alors que pour les tarifs solidaires l’augmentation sera de 3 à 4 % par an avec 23 % sur la période pour le tarif les plus solidaires. Et en ce qui concerne les jeunes, vous projetez de moins aider les non boursiers, quand on sait que ce n’est pas parce qu’un jeune n’est pas boursier qu’il est aidé par sa famille. Nous vous demandons donc de profiter du Conseil Syndical pour retravailler cette grille des tarifs afin qu’elle soit vraiment juste et solidaire.
En ce qui concerne la transition écologique, il faut aussi aller plus loin et plus vite.
Votre politique est en panne avec un PDU rejeté et un PLUi-H à refaire. Beaucoup de projets urbains sont rejetés par les habitants.
Il est temps :
- D’accélérer la mobilité avec des ambitions conformes aux exigences d’urgence climatique,
- D’irriguer la très grande agglomération d’un projet de transport en commun avec un RER toulousain qui est la bonne réponse, nous ne le dirons jamais assez, aux bouchons des rocades
- De revoir d’urgence les projets urbains en particulier des faubourgs toulousains et des villes de la Métropole avec une priorité donnée aux modes doux, aux vélos et aux piétons.
- De rendre les Linéos + en site propre pour en faire des transports en communs structurants et fréquentés.
- Et de de faire du slogan « une métropole verte et bleue » une réalité.
L’AUAT a restitué il y a quelques jours des éléments d’observation sur l’évolution de notre territoire sur les 50 dernières années. Je voudrais vous en livrer 3 éléments inquiétants :
- Notre territoire est en surchauffe avec des écarts annuels à la température moyenne de plus de 2 degrés de façon constante depuis 10 ans
- ll n’y a pas de baisse des émissions de gaz à effet de serre depuis 10 ans, ni sur les transports, ni sur résidentiel, ni sur l’industrie
- Et l’AUAT observe un fort étalement urbain et une consommation foncière très importante.
Vous avez Monsieur le Président il y a quelques jours annoncé un certain nombre de mesures dans le contexte de canicule que nous traversons. Nous vous invitons à aller plus loin et plus vite, c’est le bon moment puisque nous construisons le futur PLUi-H, un rendez-vous qui nous offre des opportunités mais qu’il ne faut pas rater. :
- En ayant une vision globale et à long terme et en nous questionnant collectivement sur le modèle de développement que nous souhaitons pour notre Métropole, en opposition avec le réflexe du « Combien » …combien de logement, combien d’emplois…qui sont des modèles qui ne fonctionnent plus.
- Nous vous invitons à aller plus loin en incitant et à accompagner tous les Maires de la Métropole à ouvrir les jardins publics sur de grandes amplitudes horaires, à débitumiser cours d’écoles et espaces publics,…
Enfin un autre projet exemplaire que vous devriez accompagner est celui de la Ferme urbaine des Pradettes, qui pourrait rayonner à l’échelle métropolitaine. Comment refuser d’accompagner un projet qui répond en tout point aux urgences climatiques : un espace d’agriculture urbaine en plein cœur de Toulouse, un lieu d’éducation pour les enfants et de sensibilisation des adultes, un lieu de verdure et de biodiversité , un îlot de fraîcheur indispensable pour la régulation du climat dans une zone fortement urbanisée.
Souvent nous avons l’impression, élus de la minorité que vous refusez systématiquement et par principe nos propositions et vœux. Notre ambition et notre volonté sont intactes pour être force de proposition pour l’intérêt de toutes les habitantes et habitants de la Métropole, dans une période qui est grave pour l’avenir de notre planète si nous ne prenons pas la mesure des urgences.