Propos liminaire introductif du Conseil de Toulouse Métropole du 20 octobre 2022 – Isabelle Hardy

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous traversons, depuis plusieurs années maintenant une période extrêmement complexe, une crise économique, écologique, sociale et démocratique dont les conséquences sont graves pour beaucoup de françaises et français, et on voit une augmentation galopante de la précarité :  pandémie, guerre, événements extrêmes de plus en plus fréquents, 8 vagues de chaleur en 10 mois, fortes précipitations et sécheresse créent un climat d’anxiété et d’inquiétude.

De plus en plus d’inégalités se créent entre celles et ceux qui s’enrichissent, les multinationales et leurs super profits, et les plus défavorisés. Nous soutenons la mobilisation des françaises et des français et des syndicats qui sont dans le combat du pouvoir d’achat, de la défense du service public, qui se battent pour défendre leurs salaires et leur droit.

Le moment est-il bien choisi pour Emmanuel Macron, certes peu avare dans l’art de la provocation, le moment est-il bien choisi pour brandir le 49.3, ou pour passer en force une réforme des retraites qui accentuera inégalités et difficultés ?

C’est une situation qui a des conséquences sur la population mais également sur les collectivités et les finances publiques.

Si je fais le lien avec les sujets qui nous préoccupent au sein de la Métropole (nous interviendrons plus en détail à l’occasion du DOB), je voudrais revenir sur la réunion sur la soutenabilité financière de Tisseo et le financement de la 3ème ligne de métro qui a eu lieu la semaine dernière et qui était particulièrement inquiétante, avec un surcoût, pour l’instant annoncé, de 300 millions d’euros, et beaucoup de flou sur le montant réel, notamment concernant les impacts de la hausse des matières premières et la hausse des taux d’intérêt s’agissant de l’emprunt. Et tout ceci sans ressources financières supplémentaires. Déjà en 2019, nous avions, et plus particulièrement Claude Raynal, souligné la grande fragilité des projections de la 1ère étude et nous n’imaginions même pas ce qui nous attendait. Il est de votre responsabilité de nous présenter, avant la fin de l’année, une analyse transparente et précise de la soutenabilité financière de cette 3ème ligne, et des solutions pour répondre à l’urgence.

Car même si on veut croire aux miracles, cette ligne ne verra le jour au mieux qu’en 2030, voire 2032. Ce qui veut dire que dans l’intervalle, il ne se passera rien, et je vous alerte sur le fait que la ZFE qui entre en application va interdire l’accès de Toulouse aux plus pauvres, aux plus précaires, et à beaucoup de professionnels et d’artisans à qui nous n’offrons aucune alternative.

Encore une fois nous le rappelons, dans la lutte contre le réchauffement climatique la mobilité est un élément clé. Il y a donc urgence à proposer des transports en communs qui soient de véritables alternatives à la voiture.

C’est la raison pour laquelle nous soutenons depuis longtemps déjà la création d’un RER Toulousain que vous avez longtemps nié, et je voudrais saluer l’excellent travail de Rallumons l’étoile et sa capacité à fédérer et agréger méthodiquement les collectivités. J’espère que nous voterons unanimement le vœu qui demande de lancer la une 1ère phase d’un RER toulousain, cadencé à la demi-heure de 5h à minuit.

A Bordeaux et à Strasbourg, les RER métropolitains deviennent des réalités avec des projets pragmatiques (avec des réalisations par étapes en commençant par optimiser l’existant) et partenariaux  (avec un portage conjoint par la Région et la Métropole), nous pouvons nous en inspirer.

Et nous sommes heureux de l’annonce faite par M. Lattes qui souhaite écrire à la Présidente de Région, nous y voyons un espoir et souhaitons que cela ne soit pas un jeu de dupe. Strasbourg, Bordeaux ont trouvé leur lieu de concertation qui leur a permis d’aboutir, trouvez le vôtre, il me semble que le plus performant serait de proposer un dépassement de Tisseo en créant un syndicat mixte avec La Région. Mais si vous préférez une autre méthode, peu importe, l’important est que cesse ce jeu de ping pong et que vous trouviez un espace où chacun s’engage et ne renvoie pas sur l’autre la responsabilité de faire.

Nous soutenons également tout ce qui pourra apporter un éclairage précis sur les modalités techniques et les réels coûts nécessaires pour avancer, en cela nous soutenons la démarche de Georges Méric qui demande des études d’aide à la décision.

Dans la lutte contre le réchauffement climatique, la sobriété énergétique est un autre élément clé. Après la mobilité, l’énergie doit faire l’objet d’attentions particulières. En ce sens votre plan pour une sobriété énergétique comporte des actions qui vont dans le bon sens, notamment l’extinction nocturne des bâtiments publics, alors même que vous l’aviez combattue lorsque nous l’avions mise en place en 2013, promettant même pendant votre campagne de « rallumer Toulouse »…Plus incohérent encore est votre décision de réduire l’offre de transport en commun avec la réduction des cadences du métro et la réduction de l’amplitude horaire de Téléo alors que le réseau ne répond déjà pas aux besoins.

Enfin, lutter contre le réchauffement climatique c’est aussi lutter contre toutes les formes de pollution. Je voudrais donc saluer la décision de Monsieur le Préfet de Région de mettre en œuvre une étude par approche équilibrée pour un couvre-feu à l’aéroport de Toulouse Blagnac, considérant la pollution sonore comme une préoccupation majeure. Et on sait que l’exposition au bruit des avions a notamment un effet délétère sur le sommeil et les systèmes cardiovasculaires et endocriniens.

Alors que la France a encore une fois été condamnée pour inaction climatique, je voudrais finir sur une note d’espoir : j’ai envie de croire en la capacité de notre Métropole à relever les défis de la transition écologique, de la justice climatique et sociale et je vous propose comme inspiration une phrase d’Arthur Keller : « Ce ne sont pas les crises qui heurtent une normalité, mais nous devons construire une nouvelle normalité en termes de modes de vie puisque notre planète est limitée ».