Propos liminaire introductif du Conseil de Toulouse Métropole du 16 décembre 2021 – Thomas Karmann

Monsieur le Président, chers collègues,

Je vais entamer ce propos liminaire et revenir sur différents sujets d’actualité et qui nous concerneront aujourd’hui. Tout d’abord, Monsieur le président, permettez-moi de rappeler que vous qui vous prétendez un grand démocrate et qui gérez les collectivités qui vous ont intronisé comme, je vous cite dans une interview à l’Actu Toulouse du 1er juillet dernier, un « bon père de famille », nous devons bien nous rendre à l’évidence qu’entre les affichages et la réalité il y a des différences majeures. En effet, vous nous proposez aujourd’hui le vote d’un pacte fiscal et financier qui, d’une part, n’a pas été discuté avec l’ensemble des groupes politiques de ce conseil, et d’autre part n’est pas proposé au vote de chaque conseil municipal de nos 37 communes. Sur la démocratie, on repassera. Et pour une fois, je pensais faire un propos liminaire sans parler du sujet des transports. Mais l’actualité m’en voit contraint. On lit coup sur coup dans la presse hier que nous faisons face à un pic de pollution et qu’en parallèle les travaux du prolongement de la ligne B sont, comme tous les grands projets du mandat, reportés. L’urgence en matière de transport rejoint l’urgence climatique et la nécessité de prendre soin de nos concitoyens. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous vous avons interpellé, ainsi que le président du Département, la présidente de Région, Monsieur LATTES, en tant que président de Tisséo, et les ministres en charge des transports, pour l’organisation d’un Grenelle sur les transports à l’échelle de la grande agglomération toulousaine. Alors plutôt qu’un bon père de famille, vous nous faites davantage penser à un patron d’entreprise, prenant des décisions seul, qui n’aurait que pour seule boussole la sacro-sainte rationalisation des coûts de la fonction publique territoriale. Cela transparaît encore aujourd’hui dans les délibérations qui nous sont proposées, en particulier sur le sujet lié aux ressources humaines de notre collectivité, sujet sur lequel vous avez réussi l’exploit d’écraser tous les syndicats, tel un rouleau compresseur, sans vous soucier ni de la représentation des agents, ni des spécificités de notre collectivité. De même, toujours dans la rationalisation à outrance, on observe pantois le flou grandissant sur la mutualisation des ressources humaines entre la Ville et la Métropole, au point de ne plus savoir qui fait quoi et qui travaille pour qui. Toutes ces dérives que je viens d’évoquer, cette concentration du pouvoir en étant à la fois maire et président de Toulouse Métropole, en nommant la même personne aux finances de la Ville et à celles de la Métropole, vous en êtes responsable, car les choses se passent différemment dans d’autres métropoles. Lyon en est un parfait exemple. Néanmoins, je vous le concède, ces dérives sont également le résultat d’un système politique qui s’essouffle et que vous représentez à la perfection. En effet, tant que nous continuerons à élire au suffrage universel indirect les élus des intercommunalités, nous ne pourrons jamais avoir un projet politique fort et nous resterons dans la gestion plus que dans la transformation des territoires et leur nécessaire adaptation au changement climatique. C’est la raison pour laquelle, au nom du groupe Métropole Écologiste, Solidaire et Citoyenne, nous avons, avec Madame HARDY, signé un appel national demandant une réforme institutionnelle permettant d’élire les prochains conseillers communautaires au suffrage universel direct. À défaut, nous continuerons de voir se développer des politiques intercommunales restant inféodées aux intérêts municipaux, alors même que les communes et les intercommunalités devraient avoir chacune leur légitimité propre. Au-delà de cet enjeu démocratique, il en va également d’un enjeu d’égalité entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui en France, le constat est sans appel. En 2020, les conseils communautaires ne comptent que 35,8 % de femmes élues. Et puisque la loi Engagement et Proximité fixe au 31 décembre de cette année la date pour l’adoption des mesures renforçant la parité dans les intercommunalités, il faut se rendre à l’évidence. Aujourd’hui, aucune autre solution que le suffrage universel direct n’est pertinente. Enfin, en bonne figure du patriarcat que vous êtes, vous gérez comme bon vous semble les grands projets de notre territoire, allant jusqu’à solliciter auprès de vos amis du gouvernement une fiscalité supplémentaire, sans en parler au préalable à cette assemblée. Vous bouclez à la hâte le financement de ce projet LGV. Et surtout, vous ne tolérez pas la contradiction avec votre dogme de la croissance et de la compétitivité, attractivité, métropolisation, excellence. Preuve en est votre sortie sur les réseaux sociaux où vous accusez notre camarade Maire de Bordeaux Pierre HURMIC et sa majorité d’être des fondamentalistes, car ils défendent ne serait-ce qu’un débat pour proposer des alternatives possibles et moins coûteuses à la LGV. Mais Monsieur MOUDENC, les mots ont un sens. J’ai pris le temps de regarder dans le Larousse la définition du fondamentalisme. La première définition, c’est une « tendance des adeptes d’une religion quelconque à revenir à ce qu’ils considèrent comme fondamental et originel ». Tout d’abord, je tiens à rappeler à toutes fins utiles que l’écologie politique n’est pas une religion, mais bien un courant politique qui se base sur les résultats et les avancées de la science pour proposer des solutions concrètes et cohérentes afin de tendre vers une société plus juste, qui permet à chacun et chacune de vivre en sécurité et en harmonie avec les autres et la nature. Enfin, la seconde définition du fondamentalisme, la pire, c’est un « courant théologique qui admet uniquement le sens des écritures littérales ». Monsieur, ces deux sens du fondamentalisme prouvent que vous êtes hors sujet et que vous êtes dans la surenchère des mots plutôt que d’entrer dans le fond du sujet, comme nous vous y invitons pourtant. Ainsi Monsieur le Président, soyons bien d’accord. Nous sommes toutes et tous dans cette assemblée attachés aux valeurs de la République et aux valeurs de la France : Liberté, Egalité et Fraternité. Il me semble en effet utile de le rappeler aujourd’hui, tant les miasmes morbides qui émanent massivement des candidatures d’extrême droite phagocytent le débat national en le tirant toujours plus à droite. Mais il n’est pas correct d’entrer, comme vous le faites et comme le fait le gouvernement, dans le registre de la démagogie envers des partis qui s’inscrivent depuis toujours dans la République et dans l’Europe.