Propos liminaire introductif du Conseil de Toulouse Métropole du 10 février 2022 – Isabelle Hardy

Voir l’extrait vidéo ici : /https://twitter.com/Ecolo_ToulouseM/status/1491717738347307009

Monsieur le Président, cher-e-s collègues, 

Ce Conseil s’ouvre, hélas comme les précédents depuis de trop longs mois, dans une période de crise sanitaire mais aussi de crise sociale et écologique dont nous ne voyons pas encore l’issue. 

Et la santé est passée, avec le pouvoir d’achat, au premier plan des préoccupations des citoyennes et citoyens. Certes la pandémie liée au COVID y est pour beaucoup mais d’autres facteurs sont responsables de dizaines de milliers de morts chaque année en France. Alcool, tabac, mauvaise alimentation, accidents de la route et domestiques … 

Mais êtes-vous conscients, sommes-nous conscients que c’est la pollution qui tue, que c’est la pollution qui, avec près de 100 000 morts par an selon la revue Sciences et Environnement, c’est la pollution qui aujourd’hui tue davantage que l’alcool et le tabac.  

Dans cette enceinte nous devons prendre la mesure de la gravité et de l’urgence de nos responsabilités en la matière. 

Les chiffres sont édifiants : dans notre Métropole, je vous renvoie aux mesures et analyses de l’ATMO. Les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquentes avec un déclenchement du seuil d’information, une vigilance rouge, des mesures de limitation de vitesse : à titre d’exemples nous avons eu un pic le 15 décembre, puis du 15 au 17 janvier, puis les 27 et 28 janvier. Les pics de pollution deviennent chroniques. 

A cela vous rajoutez les constats alarmants du GIEC…et l’obligation qui nous est donnée de baisser de 44 % des GES à horizon 2030. 

Nous n’avons pas le choix : « Osons déclarer l’urgence climatique » 

Un entêtement à poursuivre nos politiques d’accompagnement et de duplicité avec les modèles des dernières décennies et un manque de vision nous conduisent aujourd’hui droit dans le mur et entraineront des situations graves et certainement irréversibles. 

Le bilan peu satisfaisant du Plan Climat à mi-parcours, l’annulation du PDU, l’annulation du PLUIH sont des mauvaises nouvelles mais doivent constituer des opportunités pour réinterroger nos politiques publiques et en faire une chance pour être enfin au rendez-vous des enjeux climatiques et sociaux. 

Cela nécessite volonté et courage politique.  

Serons-nous capables de construire un monde meilleur pour les générations futures ? 

Nous serons dans cette période, à la fois vigilants et force de proposition : 

Le PLUIH a été annulé en raison notamment des insuffisances significatives du rapport de présentation au regard des objectifs de consommation des espaces et de la justification de leur modération dans le PADD. 

Nous serons très attentifs et proactifs dans l’élaboration du futur plan dont nous allons voter l’élaboration aujourd’hui.  

Sur la méthode nous vous engageons à associer les citoyens dès les premières phases et à écouter les associations qui ont une expertise et une conscience d’une véritable ville durable. Les citoyens doivent être associés de façon parallèle avec les personnalités publiques car aujourd’hui encore plus qu’hier les motivations économiques doivent être revues au filtre des défis écologiques et sociaux et nous y reviendrons dans ce conseil : 

  • Densification en adéquation avec un réseau de mobilité alternatif à la voiture 
  • Arrêt de l’artificialisation des sols 
  • Végétalisation partout où ce sera possible (écoles, espaces publics, quartiers…) pour redonner puits de fraicheurs et stockage des GES 
  • Préservation de la qualité urbaine sur l’ensemble des faubourgs et des villes de la périphérie au regard des équipements publics sociaux, culturels, sportifs…
  • Un réseau piéton, vélo, espace naturel et fluvial accessible à tous à une distance de 300m de chaque habitation.
  • Tout habitat et surtout tout quartier à réaliser devront participer à l’objectif d’une métropole à énergie positive. 
  • L’eau, l’air, les déchets et l’énergie seront des biens communs sur lesquels nous ne transigerons pas. 

Par ailleurs, le bilan à mi-parcours du PCAET est problématique de votre propre aveu : alors que l’objectif est de baisser de 40 % l’émission de gaz à effet de serre à horizon 2030, nous sommes sur une baisse tendancielle de 9% ; alors que l’objectif est de baisser de 20 % les consommations d’énergie, la baisse tendancielle est de 4 %….Vous souhaitez le « doper » oui, mais là encore il faut accepter un plan d’urgence qui passe par des choix de rupture mais aussi un accompagnement important des habitantes et habitants. Je pense à la réhabilitation énergétique par exemple, et globalement à toutes les mesures qui doivent être guidées par le souci d’augmentation du pouvoir d’achat, de préservation de la santé, ou encore de création d’emplois. 

Et je rappelle bien sûr la nécessité de mettre en œuvre des indicateurs transparents et annuels. 

Un autre exemple est celui de la ZFE qui démontre que nous devons être plus inclusifs, plus progressifs. Aujourd’hui les habitants ne sont pas préparés et les mesures d’accompagnement ne vont pas assez loin. Cela va entrainer un report de trafic sur les communes périphériques sans que cela n’ait été anticipé. La sélection par les moyens financiers par les véhicules constituent un péage urbain que vous Monsieur le Président, comme nous, désapprouvons. Dommage de ne pas avoir profité du temps de retard pour une meilleure concertation avec tous les usagers. 

Je ne peux pas, même si nous ne referons pas le débat qui a eu lieu dans nos communes respectives (et s’agissant de Toulouse je préfère préserver nos collègues d’une mascarade) , passer sous silence l’impact environnemental assez catastrophique des travaux de la 3ème ligne de métro.  

Je ne peux pas passer sous silence le fait que cette 3ème ligne ne répond pas à l’urgence, que c’est un projet majoritairement toulousain et que des alternatives à la voiture pourraient exister plus rapidement, et que sur les aspects uniquement environnementaux, les émissions de GES sont sous-estimées, le report sur l’utilisation des transports en commun est surestimé, et des doutes persistent sur la gestion des déblais. 

Enfin, transition climatique, santé, pouvoir d’achat, emplois…doivent être des enjeux au cœur de la feuille de route développement économique : ce sont des enjeux en termes de dynamique du territoire, d’attractivité, de création d’emplois mais surtout une nécessaire nouvelle économie qu’il faut promouvoir…On est au bout d’un système : nous avons un véritable challenge à relever pour évoluer vers des modèles de développement plus vertueux, où l’utilité sociale est un guide, des modèles plus responsables de l’environnement et qui contribuent au bien être des salariés.  

Cette feuille de route, nous y reviendrons, doit aller au-delà des vœux pieux et des belles intentions :

  • Elle doit faire de notre Métropole un modèle de solidarité et de coopération avec les territoires et contribuer au desserrement économique 
  •  Elle doit construire une véritable politique de soutien aux filières émergentes 
  •  Elle doit intégrer un diagnostic précis et sans concession notamment des friches et fonciers disponibles pour un engagement vers un ZAN 
  • Elle doit intégrer davantage la politique de développement de l’ESS de façon transversale 

PCAET, PLUIH, ZFE, Mobilité, Développement économique, ce conseil et les orientations que nous devons prendre sont capitaux pour l’avenir de notre métropole…et nous devons avoir en tête et accepter que « Le défi climatique » génère un « devoir climatique » 

Mais, attention : les habitantes et habitants de notre métropole n’étant pas égaux face aux dégradations de leur environnement, il est impératif de prendre en compte ces inégalités dans notre action politique.  

Nous devons répondre à l’urgence écologique sans sacrifier la justice sociale. C’est le choix d’une écologie populaire que nous vous inciterons à faire.