Projet de restructuration de l’administration PROXIMA – Conseil Municipal du 1er juillet 2022 – Romain Cujives

Monsieur le Maire, Monsieur l’adjoint,   

Je prends aujourd’hui la parole pour évoquer la vive inquiétude des agents de notre collectivité qui, de toutes parts, de tous les services, de tous les niveaux hiérarchiques, ne cessent de nous faire part de leurs réserves concernant le projet Proxima.

Alors que les agents se préparent à faire face à une restructuration en profondeur de l’administration, comment ne pas rappeler, avant toute chose, dans quel contexte global s’inscrivent ces légitimes inquiétudes : 

  • Les salaires et le pouvoir d’achat de nos agents est en berne, et si nous devons nous réjouir de la réévaluation du point d’indice, celui-ci reste largement insuffisamment relevé pour compenser l’inflation galopante ; 
  • Nombre de nos agents, qui sont au contact du public, font face à des incivilités au travail, quand il ne s’agit pas d’insécurité. Nous devons être particulièrement vigilants à cette détérioration de leurs conditions de travail ;
  • Les équipes municipales, qui se sont largement mobilisées durant la crise sanitaire, et qui ont su développer en quelques semaines une faculté d’adaptation qu’aucun plan de management du changement n’aurait pu impulser, font face à un cruel manque de reconnaissance. Je vous enjoins, Monsieur le maire, monsieur d’adjoint, à être particulièrement attentif aux indicateurs de santé au travail, tant la pression qui pèse sur nombre de nos agents doit nous inquiéter, et nous amener à agir.

C’est dans ce contexte socialement difficile que vous enclenchez, sans grande précaution, le projet Proxima, qui constitue une restructuration complète de l’administration municipale, et de ses articulations avec l’administration métropolitaine. 

Dans votre esprit, Proxima doit constituer, du moins nous l’imaginons, la promesse d’une proximité retrouvée entre l’administration, les élus et les administrés. Il n’en découlera, au mieux, qu’une désorganisation complète de directions qui vont se retrouver écartelées entre territoires géographiques, sans autre perspective pour l’administration centrale que de veiller à la cohérence globale des politiques publiques. Et le pire, évidemment, c’est la lente divergence des territoires qui porteront chacun, sous l’impulsion d’une sorte de directeur général des services territoriaux, leurs propres usages dans l’exercice des missions de service public. 

Monsieur le maire, monsieur l’adjoint, chers collègues, vous allez prochainement lancer une « bourse aux postes », durant laquelle les agents avaient compris qu’ils devraient nécessairement s’inscrire, y compris pour postuler au poste qu’ils occupent actuellement. Vous nous répondez que ce ne serait pas le cas pourtant les agents continuent de le penser. Je vous le dis clairement ce n’est pas eux qui comprennent mal, c’est vous qui expliquez mal ! 

Cette méthode, monsieur le maire, outre le fait qu’elle crée une forme d’insécurité sociale qui pourrait s’apparenter à de la maltraitance au travail, me semble être profondément inopérante. Mesurez-vous bien le risque de déstabilisation durable de l’administration qui se présente devant nous ? 

Il est encore temps de stopper cette folie, et de revenir autour de la table de discussion avec les agents et leurs représentants du personnel. Certains services manquent de contact avec le terrain, c’est certainement vrai. Mais ce constat doit pouvoir aboutir à des changements moins radicaux, moins brutaux, pour des équipes municipales dont la mobilisation permet de déployer les politiques publiques votées hier, aujourd’hui et demain par notre assemblée.