Pour concrétiser le projet agricole et alimentaire métropolitain, des moyens sont nécessaires – Conseil de Métropole du 8 décembre 2022 – Patrick Chartier

En France, le système alimentaire dans son ensemble représente quasiment le quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. Environ la moitié de ces émissions se produisent sur le territoire national par les émissions directes des ménages, la production agricole, l’industrie de transformation… L’autre moitié est associée aux importations de produits et bien alimentaires, d’énergies, d’intrants.

L’alimentation est ainsi, pour notre pays, le 3ème poste le plus émetteur de GES après les transports et le logement. C’est donc un levier majeur d’action.

A l’échelle de la Métropole une politique volontariste dans ce domaine contribuerait fortement à l’atteinte des objectifs de l’acte II du PCAET métropolitain.

Les principaux enjeux du Projet Agricole et Alimentaire Métropolitain ou PAAM sont :

La préservation des terres agricoles, la re-localisation des productions, la promotion de l’agriculture biologique, le développement du maraîchage et de la production de légumineuses, principale source de protéines végétales et, n’en déplaise à certains, la baisse de la consommation de viande avec en parallèle la nécessité de favoriser des élevages plus vertueux et respectueux du bien-être animal.

En résumé, toute action permettant de favoriser une alimentation saine et locale qui réponde aux enjeux de santé et rende le territoire métropolitain et ses habitants plus résilients face à des hausses des prix alimentaires.

Alors qu’en est-il de la traduction concrète du PAAM ?

– La Surface Agricole Utile ou SAU métropolitaine est de 10 600 Ha, or depuis 15 ans la consommation de foncier de la Métropole est d’environ 150 Ha/an en majeure partie de terres agricoles. Plus de 1% de la SAU disparaît ainsi chaque année. Il est à souhaiter que le PLUi-H en cours de rédaction intègre pleinement la loi ZAN pour ralentir voire stopper ce processus.

– 3% seulement de la SAU est en maraîchage avec une seule Zone Agricole Protégée ou ZAP, celle des quinze sols à Blagnac. L’ambition est de doubler ces surfaces pour atteindre … 600 Ha sur les 10 600 ! À quelle échéance et n’est-ce pas insuffisant ? Les ZAP permettent de sanctuariser des terres agricoles, facilitant ainsi l’installation de jeunes agriculteurs. Combien de ZAP sont-elles prévues et sur quelles surfaces ?

– Pour l’instant seul 5% des 218.000 t/an de produits alimentaires du MIN sont en bio et 10% en local. L’objectif est une hausse de 1%/an. Cela ne manque-t-il pas un peu d’ambition ?

– Le service alimentation à la ville de Toulouse et à la Métropole va être multiplié par 3, passant ainsi de … 1 à 3 personnes ! N’est-ce pas un peu sous-dimensionné pour une métropole de 800.000 habitants ?

En conclusion, on ne peut que souscrire à la plupart des objectifs du PAAM – malgré le fait qu’il n’y en ait guère de nouveaux depuis 10 ans – mais les moyens humains et budgétaires alloués à la réalisation de ces objectifs paraissent bien faibles.