L’annonce par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) du durcissement des seuils d’exposition aux deux plus dangereux polluants, les particules fines et le dioxyde d’azote, vient rappeler l’urgence d’assurer la sécurité sanitaire de nos populations.
Les particules fines (PM 2,5, inférieures à 2,5 micromètres) ont des sources multiples (transports, industrie, chauffage, agriculture, etc.), quand le dioxyde d’azote (NO2) est un gaz toxique émis principalement par le trafic routier.L’enjeu est à la hauteur du péril : chaque année, la pollution de l’air est à l’origine d’environ 7 millions de morts prématurées, dont 40 000 au moins en France et plus de 1 500 dans notre région.Selon l’OMS, elle est devenue la principale menace environnementale pour la santé humaine. Cancer du poumon, accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus, maladies pulmonaires chroniques obstructives (broncho-pneumopathies, asthme…) : elle est aujourd’hui considérée comme un facteur de risque aussi important que le tabagisme ou la mauvaise alimentation.
En ramenant les niveaux de pollution à ceux recommandés dans les nouvelles lignes directrices, l’OMS estime que près de 80 % des décès liés aux PM 2,5 pourraient ainsi être évités. L’objectif intermédiaire d’atteindre le seuil fixé en 2005 permettrait déjà de diviser de moitié le nombre de morts dues à ces particules fines.La lutte contre la pollution de l’air est bénéfique en termes de santé humaine, mais aussi pour le climat. Car non seulement certains polluants (l’ozone ou le carbone suie, une composante des particules fines) participent au réchauffement, mais les principales sources de pollution de l’air sont aussi celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre.
A Toulouse, avec ces nouvelles valeurs de référence, les chiffres d’ATMO Occitanie 2020 montrent que notre agglomération est dans le rouge :- la concentration annuelle de des PM2,5 atteint le double de la valeur limite : 10 microgrammes/m3 au lieu de 5 ;- la concentration annuelle de NO2 atteint plus du triple de la valeur limite : 33 microgrammes/m3 au lieu de 10.Cela nous rappelle combien la sécurité sanitaire n’est pas assurée à Toulouse, que la population de l’agglomération toulousaine est particulièrement exposée aux risques de maladies et morts prématurées.
Pourtant, malgré l’alerte passée la semaine dernière en conseil de Toulouse Métropole par notre groupe MECTS, la majorité de Jean-Luc Moudenc est restée dans sa posture de relativisme à l’égard de ce fléau sanitaire, se satisfait des chiffres actuels, qui “vont dans le bon sens”.
A cette occasion, Antoine Maurice a rappelé : “Aujourd’hui, 100% de la population est exposée à une pollution chronique aux particules fines et 80% de la population est exposée à une pollution chronique au dioxyde d’azote. La sécurité sanitaire n’est pas assurée. Pendant ce temps, la Zone à Faible Emissions n’avance pas, mais surtout les solutions alternatives à la voiture individuelle non plus”.En séance du Conseil de métropole, le Vice-Président en charge de l’écologie François Chollet nous a paru particulièrement peu au fait de cet enjeu : il a indiqué « je ne sais pas ce qu’est le rapport d’ATMO Occitanie”, alors même que sa responsabilité le conduit à présenter chaque année la convention de notre collectivité avec ATMO qui le lui commande. Il a même estimé que les nouvelles valeurs de référence de l’OMS étaient « jusqu’au boutiste ».
Ce manque de connaissance d’un dossier majeur de sa responsabilité, cette remise en question d’analyses d’une légitime et indépendante organisation internationale et ce déni de la réalité du danger pour la santé que représente la pollution de l’air pour la population toulousaine n’est pas rassurante pour la suite de l’action qui sera (ou pas) menée.
Pourtant, la presse locale s’est bien faite l’écho des nouvelles valeurs de référence de l’OMS et ont confirmé que l’impact de la pollution de l’air sur la santé a été sous-évalué. Ils rappellent aussi que la pollution de l’air touche d’abord les plus modestes et les quartiers populaires en bord de périphérique, encore plus exposées aux maladies et morts prématurées. Il y a nécessité à agir.
Depuis longtemps, notre groupe alerte et fait des propositions sur les transports et le chauffage notamment, pour agir concrètement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme des polluants de l’air. Jean-Luc Moudenc les rejette systématiquement. Il est temps de passer des paroles aux actes. Le temps presse. Pour le climat comme pour notre santé et nos vies.