Parcs, nature en ville et jonction Est – Michèle Bleuse – Conseil du 17 décembre 2020

Merci, Monsieur le président, Monsieur CHOLLET. C’est vrai qu’on arrive en fin de journée, vers la fin du conseil, et pourtant cette délibération est d’importance. En tout cas, elle est d’importance pour nous, semble-t-il, et pour tous les citoyens de notre métropole. Comme vous l’avez dit, cette délibération 17.10 consiste en reconnaissance d’intérêt métropolitain, de trois, entre guillemets, «grands parcs», pour l’essentiel toulousains quand même. L’objet sera, si on comprend bien la délibération, la création et l’aménagement de trois « grands parcs », sur Toulouse. Et la méthode qui est décrite dans cette délibération, c’est qu’il sera établi, comme vous l’avez indiqué Monsieur CHOLLET, des plans guides, et vous auriez pu dire aussi, en parallèle, des actions de renaturation de ces cours d’eau. Les mots, ils ont du sens, c’est pour ça que nous mettons des guillemets à vos expressions. Vous parlez de « grand », alors que vous l’avez reconnu vous-même, il s’agit de linéaires, pour l’essentiel, d’ailleurs, toulousains. Donc, nous sommes retournés voir le plan guide toulousain qui a été présenté au mois de mars 2019 et qui a été repris dans une délibération sur la nature en ville au mois d’octobre, si j’ai bonne mémoire, à Toulouse. Pourquoi c’est important ? Parce que les élus métropolitains, et j’espère que vous avez montré ce document en commission, moi je n’y suis pas, auraient pu voir effectivement des éléments précis qui montrent votre vision du «grand».

Pour nous ce n’est pas grand, c’est petit. Le Touch, c’est 6 kilomètres de linéaires de berges sur 90 à maximum 400 mètres, c’est écrit dans les documents toulousains. Les canaux, en cumulé, c’est 18,5 kilomètres sur 50 à 100 mètres de largeur maximum. L’Hers, c’est plus grand effectivement, 13,5 kilomètres, c’est ce qui est indiqué dans les documents toulousains, sur 200 à 600 mètres, avec des surfaces, latéralement des berges, plus importantes. Mais là, problème tout de même, c’est quoi des « parcs » ? Après s’être interrogé sur le sens du mot «grand ! » Un parc, c’est quand même, dans l’esprit de tous, et on pourrait aller chercher des définitions, une zone non minéralisée. C’est une surface importante, si vous le qualifiez de grand, non minéralisée, non minéralisée en profondeur et végétalisée. Et justement, pour ce troisième grand parc, dans l’Est, c’est le lieu où vous indiquez sur le plan guide de Toulouse que vous allez minéraliser en construisant la Jonction Est. Donc on peut légitimement s’interroger de l’intégration de ce terme «grand parc», alors que vous avez la volonté non pas de déminéraliser à cet endroit-là, mais de minéraliser encore plus.

À l’époque, à Toulouse, nous vous avions interrogé sur la visibilité budgétaire de ces projets de grands parcs, sur Toulouse il y en a cinq. Effectivement, il y en a un qui est cité dans cette délibération, que vous maintenez sur Toulouse, et puis il y a le Grand Parc Garonne, là c’est autre chose parce que justement, dans les documents toulousains, on voit que c’est beaucoup plus important, le Grand Parc Garonne, ça intègre des surfaces non minéralisées et végétalisées beaucoup plus importantes. Et vous aviez le projet, sur les îles du Ramier, de déminéraliser, en effet. Donc pas de visibilité budgétaire à Toulouse quand vous aviez présenté ces projets, des promesses sans calendrier, sans chiffrage. Ce matin nous avons été très attentifs à ce que vous nous avez dit des annonces en anticipation des stratégies budgétaires de la Métropole. Donc les débats d’orientation budgétaire, les budgets primitifs, plan d’investissement, sont décalés à 2021. Mais vous avez aussi dit à la presse que dans cette stratégie budgétaire, vous reportiez la fin du calendrier sur les grands projets, dont le Grand Parc Garonne si j’ai bien lu. Donc, nous, la question qu’on se pose, pour que ces trois « parcs », car pour nous ils ne sont pas « grands », puissent véritablement bénéficier de déminéralisation, de végétalisation ; qu’ils puissent se faire sans que leur financement ne soit décalé, pour cela peut-être qu’il faudrait mieux ne pas reconnaître l’intérêt métropolitain et faire comme pour l’autre, les garder à la Ville de Toulouse puisqu’ils sont pour l’essentiel sur la ville de Toulouse. Puisque nous en avons parlé ce matin, Monsieur MOUDENC, la Ville de Toulouse aura des marges budgétaires, qui vont disparaître à la Métropole. Donc l’intérêt, si on veut vraiment avancer, pour essayer de faire quelque chose sur ces trois sites, c’est peut-être, nous le pensons, de ne pas transférer à la Métropole pour ne pas voir ces aménagements décalés à des dates indéterminées comme la fin du « Grand » Parc Garonne. Donc ce qu’on veut vous dire en synthèse, c’est que nommer « grand parc », de fait les berges, les affluents de la Garonne, des canaux, c’est une tentative de greenwashing. La nature en ville, parce que c’est ainsi à Toulouse que ces projets ont été présentés, mérite des actions, pas des déclarations d’intention à des échéances indéterminées.

Et, oui, nous pourrons en parler parce que vouloir déminéraliser, ça peut être des déclarations d’intention. Nous, nous n’oublions pas, Monsieur MOUDENC, que vous aviez promis de créer entre 80 et 85 hectares d’espaces verts nouveaux à la ville de Toulouse et qu’en fin de mandat nous les avons cherchés vainement… nous ne les trouvons pas et vous n’avez pas répondu en fin du mandat à la totalité de nos interrogations. Aujourd’hui, vous vous posez comme ceux qui vont déminéraliser, mais tout de même, dans le projet, le seul qui ait un peu de largeur, un peu de surface, c’est-à-dire l’Hers… Eh bien à l’Hers, vous écrivez carrément qu’il y aura l’échangeur de la Jonction Est, et ça ce n’est pas de la déminéralisation, c’est de la minéralisation. Vous voulez concilier des choses inconciliables. À un moment, il faut prendre des décisions, dire : « Oui, ces Trames vertes et bleues, elles ont un intérêt. » Heureusement qu’il y avait les fleuves et canaux, parce que s’il n’y avait pas eu les fleuves et canaux à ces endroits-là, ce serait minéralisé. C’est ça qui a sauvé, effectivement, un minimum de Trames vertes et bleues, mais l’objectif, là, c’est d’être bien plus ambitieux. On ne peut pas à la fois le positionner, à la ville de Toulouse, comme de la préservation de la nature en ville et en même temps, vouloir y faire autant de choses pour autant d’usages. Il y a des moments, oui il faut acter que ce que vous voulez faire c’est vraiment déminéraliser, végétaliser, et à ce moment-là dites-nous clairement, sur l’Hers, « on ne fera pas la Jonction Est. »