Pacte de gouvernance de la Métropole – Hélène Cabanes – Conseil du 23 juillet 2020

Bonjour. Monsieur le président, mesdames et messieurs les maires, chers collègues. C’est la première fois que je prends la parole dans notre assemblée et c’est avec une certaine solennité et respect que je m’exprime aujourd’hui devant vous. Solennité et respect pour la fonction et le rôle que nous avons toutes et tous dans cette instance, puisque nous sommes au service de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Pourtant, dès notre première séance, jeudi dernier, le respect du vote des habitants qui se rendent encore aux urnes a été ignoré. C’est pourquoi je me permets aujourd’hui de vous faire part de mon sentiment personnel en tant que nouvelle élue. Lors de notre conseil d’installation du 16 juillet, j’ai assisté, médusée, à une scène que je n’aurais jamais imaginée.

Au lieu de participer à la naissance d’un projet politique de coopération entre les 37 communes qui constituent notre métropole, j’ai assisté, ébahie, à la suprématie de certains d’entre nous sur d’autres. Lors de la désignation des représentants au Syndicat Départemental de l’Energie de la Haute-Garonne (SDEHG), par exemple, Monsieur MOUDENC, vous avez proposé en tant que candidats des élus de la minorité des villes de Cugnaux et L’Union parmi les 81 places à pourvoir. C’est ainsi, par exemple, que les Cugnalais ayant voté pour la liste « Cap Citoyen » menée par Albert SANCHEZ constateront que l’ex-vice-président de la Métropole ayant perdu à Cugnaux, Monsieur AUJOULAT, siégera cependant au SDEHG, où aucun élu cugnalais de la majorité actuelle ne sera présent au titre de la Métropole. Monsieur MOUDENC, vous avez imposé vos amis politiques battus aux élections municipales de Cugnaux et L’Union, contre les élus majoritaires choisis démocratiquement par les habitantes et les habitants de ces communes. De plus, nous aurions pu penser que par parallélisme des formes vous auriez pu solliciter les élus de la minorité de Toulouse, que nenni. D’autre part, j’ai assisté à l’exclusion de fait de certains d’entre nous, pourtant conseillers métropolitains, puisque nous n’avons même pas reçu le soi-disant pacte d’orientation et de gouvernance. Vous avez proposé ce document à certains maires et avez sciemment omis de le présenter à d’autres.

Notons d’ailleurs que cette manière de procéder ne semble pas conforme à la loi « Engagement et proximité », adoptée à la fin de l’année 2019, qui oblige le Conseil de la Métropole à débattre d’abord de l’opportunité d’un pacte de gouvernance, chose que nous n’avons pas faite jeudi dernier, mais qui est opportunément mis à l’ordre du jour d’aujourd’hui. Cela contribue à renforcer l’idée que ce n’est peut-être pas un pacte de gouvernance partagée, mais un accord politique commun à certains d’entre vous. Dans ce cas, soyons au clair, ici, maintenant, vis-à-vis de nos électrices et de nos électeurs ! Dites-nous précisément en quoi consiste cet accord politique ? Un réel projet de territoire dans le cadre d’une gouvernance nous associant toutes et tous aurait pu être proposé, prenant en compte l’expression de nos concitoyens dans les multiples manifestations de ces derniers mois et face à la crise économique et sociale que l’on vit.

Eu égard aux conclusions de la convention citoyenne pour le climat et aux alertes répétées des scientifiques, nous aurions pu, ici dans cette instance, proposer un projet commun et ambitieux prenant à bras-le-corps les problèmes à venir. Ce projet aurait consisté à préparer notre métropole au dérèglement climatique et à enclencher rapidement la transition écologique et sociale. Un autre choix, à huis clos, semble avoir été fait. Mais quel est cet accord politique porté par Toulouse Métropole pour les six années à venir ? Suite à ce triste constat, après cette première séance, il m’est apparu utile d’analyser le pourquoi de cette situation. Les métropoles ont vu leurs compétences et leur puissance s’étendre de plus en plus, mais le président et les conseillers et conseillères métropolitains ne sont malheureusement pas élus au suffrage universel direct, alors que notre démocratie est en grande souffrance. Les arrangements auxquels nous avons assisté jeudi dernier ne peuvent donner raison qu’à celles et ceux qui dénigrent le personnel politique. Nous ne pouvons que comprendre les abstentionnistes, de plus en plus nombreux, quand on assiste impuissants à ce déni de démocratie.

En agissant de la sorte, vous décrédibilisez l’institution dans laquelle vous êtes pourtant le président, vous contribuez à ce que nos concitoyennes et nos concitoyens rejettent leurs élus et remettent en cause la démocratie représentative. Monsieur MOUDENC, nous sommes collègues et faisons partie, toutes et tous, de cette enceinte républicaine, mais nous n’avons clairement pas la même façon d’exercer notre mandat. La dissonance entre nos propos et vos actes est béante. Vous disiez lors de votre discours d’investiture à la présidence de Toulouse Métropole que vous souhaitiez que la démocratie s’invite dans les projets métropolitains. Quelques heures après, vous balayez d’un revers de main des maires élus démocratiquement, parce qu’ils ne font pas partie de votre famille politique. Vous annoncez vouloir écouter tout le monde, mais vous ne vous entourez que des vôtres, vous dites être un vrai démocrate respectueux des institutions et en même temps, vous faites signer un pacte d’allégeance connu seulement de quelques-uns, sans que la totalité de notre assemblée en ait eu connaissance. Ce pseudo « pacte de gouvernance » débute avec une citation que je vous livre pour terminer, une citation d’André GIDE : « Il est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant qu’on ne les a pas tentées. » Nous partageons cette devise et nous nous emploierons dans ce mandat à prôner avec constance un projet écologique, solidaire et démocratique défendu par des élus travaillant pour l’intérêt général. Merci.