Inégalités femmes-hommes parmi les élues et élus de la Métropole – Romain Cujives – Conseil du 23 juillet 2020

Mon intervention portera justement sur la question des indemnités, sur laquelle il me semble que vous avez balayé un champ d’intervention de cette délibération en en oubliant un autre. L’adage populaire nous dit : « errare humanum est, perseverare diabolicum». Monsieur le président, chers collègues, lors du deuxième conseil municipal de Toulouse, je vous avais fait part de ma profonde stupéfaction de voir qu’en 2020, au cœur de la maison commune de tous les toulousains, il existait, par votre choix et uniquement votre choix politique, des disparités en matière d’indemnités entre les femmes et les hommes. Ne résistant pas d’ailleurs à l’impératif consistant à informer nos collègues métropolitains de ces réalités-là, je voudrais vous dire ce qui se passe à la Ville de Toulouse. 14 % des hommes de la majorité municipale percevront plus de 3 000 euros d’indemnités par mois. Seuls 7 % des femmes de cette même majorité…

Donc, je continue, pour informer nos collègues de la majorité métropolitaine mais aussi l’ensemble des conseillers métropolitains sur la raison pour laquelle j’évoque ce que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer en Conseil municipal. C’est par votre faute, Monsieur le président, et uniquement par la vôtre et celle du premier adjoint de Toulouse qui m’avait alors indiqué que les disparités d’indemnités entre les femmes et les hommes allaient être corrigées en Conseil métropolitain, et qui m’invitait donc à attendre ces instruments correctifs, chose que j’ai faite. Je conclus donc sur la partie municipale, parce qu’il est important de le rappeler, même si cela semble écorcher quelques oreilles. Donc, en moyenne, les hommes de votre majorité percevront 2 416 euros d’indemnité par mois, cependant que les femmes ne percevront que 2 207. J’imaginais, ainsi que vous m’y avez invité, qu’au moment d’examiner les indemnités métropolitaines, les instruments correctifs que vous annonciez allaient arriver. J’ai donc regardé cela.

Quelle est la réalité en matière de répartition de responsabilités et donc en matière de répartition d’indemnités au sein de ce conseil métropolitain, avec les choix qui ont été les vôtres ? Eh bien, sur 10 Toulousains qui sont viceprésidents, 60 % d’entre eux, six, sont des hommes. Je ne me suis pas arrêté aux vice-présidences. J’ai souhaité aller regarder s’il en était de même pour le Bureau de la Métropole. Et que nous apprend là aussi la réalité, même si elle vous déplaît ? Sur 19 personnes issues de votre majorité, Monsieur le président, 11 sont des hommes, huit sont des femmes, soit près de 58 %. Quelles sont donc les conséquences ici même, au sein de ce Conseil métropolitain ? Les hommes percevront en moyenne 1 408 euros d’indemnités par mois, cependant que les femmes ne percevront elles que 1 304 euros par mois. C’est très exactement le même choix que celui que vous avez fait au sein de la Ville de Toulouse, c’est-à-dire 8 % d’indemnités en moins pour les femmes que pour les hommes. Sur les 19 personnes touchant le plus d’indemnités au sein de cette assemblée, parce qu’il faut que chacun se rende compte de la réalité de ces disparités, cela représente 61 504 euros par an de différence, soit sur l’ensemble du mandat qui va s’écouler, 369 504 euros.

Monsieur le président, vous le savez, vous connaissez le deuxième adage populaire : « Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre, c’est la seule. » Et une nouvelle fois, je veux vous dire la conviction qui est la mienne, c’est que le signal qu’envoie cette assemblée par-delà nos murs est un bien triste signal. En persévérant et en réitérant ici le choix que vous avez fait à la Ville de Toulouse, vous montrez qu’il ne s’agissait pas d’une erreur humaine qui est toujours pardonnable, mais qu’il s’agit bien d’un choix politique, qui lui est par définition inexcusable.