Feuille de route Economie – Emploi – Innovation – Isabelle Hardy – Conseil de Toulouse Métropole du 10 février 2022

S’agissant de cette feuille de route, comme nous l’avons indiqué en commission, vous avez associé les acteurs économiques au sens large ainsi que les autres collectivités et nous avons regretté de ne pas l’avoir été, tout du moins les élus de la commission développement économique. Nous avons toutefois adressé sur proposition de Mme Faure quelques éléments d’orientation et nous sommes disposés, si vous le souhaitez, à participer à la déclinaison des actions issues de chaque ambition, car aujourd’hui nous ne pourrons que survoler les choses. 

Nous partageons tout d’abord comme vous l’indiquez en préambule, la nécessité pour notre Métropole de revisiter nos modèles de développement économique. Les crises économique, sociale, sanitaire, la crise des finances locales, l’impératif de transition écologique et sociale des territoires, la nécessité de porter des propositions ambitieuses avec des ressources limitées, font que nous devons impérativement développer de nouveaux modèles, plus vertueux, avec un rapport au profit différents, des modèles respectueux de notre planète et des femmes et des hommes qui y vivent. 

Je ne ferai que quelques remarques : 

Tout d’abord il est beaucoup question dans ce document d’objectif d’attractivité et de rayonnement de la Metropole. Alors si aujourd’hui les villes rassemblent la majorité de la population mondiale et dominent l’organisation de l’économie, elles incarnent aussi l’empreinte écologique de l’humanité. Il est donc impératif aujourd’hui de construire une Métropole solidaire, une métropole de coopération avec les territoires, avec une volonté de desserrement économique qui n’apparaît pas de façon claire dans cette 1ere version. 

L’ambition 1 qui est de faire de Toulouse une Métropole qui investit dans le foncier, l’accueil, l’accompagnement et le développement des entreprises et des entrepreneurs appelle des questions de notre part et notamment une demande précise qui est de pouvoir, avant toute chose, avoir connaissance d’un diagnostic et d’un recensement précis du foncier disponible et des friches et cela au-delà de l’aire urbaine. C’est une ambition dont nous reparlerons car développer nos réserves foncières économiques et industrielles est en contradiction avec les obligations de la loi climat et résilience qui impose d’aller vers des zones à zéro artificialisation nette. 

Toujours dans cette ambition 1 vous déclinez des axes d’orientation où il est question d’accueillir des jeunes entrepreneurs et des start up ; à ce stade il serait opportun d’affirmer comme priorité le soutien au développement de l’économie sociale et solidaire qui n’apparaît que tardivement dans cette feuille de route. 

Sur l’ambition 3 qui est de faire de Toulouse une Métropole accélératrice du développement de ses filières stratégiques et de ses campus d’excellence, deux remarques : 

L’objectif d’accompagner le numérique, et notamment le déploiement de services numériques ne doit se faire qu’avec une puissance publique forte, qui n’abandonne pas les données au privé, et non pas dans une logique libérale et opportuniste guidée par les intérêts privés. 

Par ailleurs, il n’est nulle part fait mention du soutien aux filières émergentes, comme celles liées à la transition énergétique.   

Sur l’ambition 4 : Toulouse une Métropole au service de son économie de proximité et du développement local 

Sur la partie tourisme, tout d’abord la stratégie en matière de tourisme fluvial que ce soit le canal ou la Garonne n’est pas développé et par ailleurs au-delà du volet de développement de la proximité, il manque la volonté d’accompagner un tourisme plus durable et plus vertueux. 

Sur l’action 13, qui est de développer et de renforcer une offre commerciale de proximité diversifiée et équilibrée sur le territoire, l’enjeu est plus que jamais de taille et, chose difficile, la stratégie doit être travaillée au-delà même du territoire de la Métropole. 

Les modes de consommation sont profondément modifiés , l’impact du e-commerce est venu transformer les comportements et donc le fonctionnement des points de vente, le commerce s’est en parallèle financiarisé, les modèles des années 80 et leur logique de flux est dépassé… Bref, le commerce ne se décrète pas, mais il s’organise. Il s’organise avec les outils réglementaires comme les SCOT, mais aussi et surtout avec le PLUi-H qui est capital dans l’organisation du commerce. Dans l’attente, je vous propose un moratoire sur les autorisations de grandes surfaces commerciales. Si nous ne le faisons pas, vous prenez un grand risque de décisions irréversibles. 

Je voudrais terminer par les enjeux et le formidable potentiel de développement de l’économie sociale et solidaire pour le dynamisme, l’attractivité et le rayonnement de notre territoire. Il faut aujourd’hui aller plus loin que les actions, certes nombreuses qui ont été réalisées.  

Aujourd’hui il y a une prise de conscience presque collective que l’ESS peut répondre aux crises ;  

Et les crises écologique, sociale, économique et démocratique que nous traversons nous obligent. Nous n’avons pas le choix que de soutenir le développement de modèles économiques plus vertueux, dont le rapport au profit change.  

L’ESS est créatrice d’emplois durables non délocalisables, facteur de cohésion sociale et territoriale, génératrice d’innovation sociale et d’implication citoyenne, et elle apporte des solutions concrètes aux besoins quotidiens des habitant.e.s et des territoires.  

L’ESS est une réponse aux transitions, elle est multisectorielle, et nous pouvons irriguer l’ESS dans toutes les politiques de la métropole : la mobilité, l’énergie, la santé, culture, numérique, handicap, le logement, l’alimentation et les circuits courts… 

Bref, nous pouvons faire de l’ESS un pilier de l’économie de demain.