Dossier d’autorisation environnementale de la 3ème ligne de métro – Romain Cujives – Conseil municipal du 8 février 2022

Monsieur le Maire,  

Chers collègues,  

Cette intervention se déroulera en deux temps, le premier celui qui vient de débuter durant lequel je brosserai à grand trait le contexte qui nous pousse aujourd’hui à débattre, le second sera conduit par ma collègue Madame Cabanes et s’attachera à l’étude précise de la délibération qui nous occupe.  

Vous réunissez aujourd’hui le conseil municipal de Toulouse, afin d’émettre un avis sur le dossier d’autorisation environnementale du projet de 3e ligne de métro. Il s’agit ainsi de l’ultime étape règlementaire préalable au lancement des chantiers du métro. Je veux avant tout rappeler, chers collègues, que ce projet de 3e ligne de métro constitue, pour notre territoire, le plus important projet d’infrastructure de transports jamais étudié : 27 km de ligne, 21 stations, 2,8 milliards d’euros d’investissements, une mise en service espérée pour fin 2028… ces quelques chiffres donnent le tournis. Certains ici y verront la promesse d’une réponse à tous les défis de notre territoire, qu’ils soient démographiques, économiques, sociaux ou écologiques. D’autres n’y percevront qu’une illusion, traduite dans un projet pharaonique dont la réalisation ne serait pas garantie. Chers collègues, le groupe au nom duquel je m’exprime aujourd’hui ne versera ni d’un côté ni de l’autre. Notre engagement, notre responsabilité, consiste à analyser les éléments qui nous sont fournis avec méthode, rigueur et objectivité.  

Autant le dire sans détour ce projet de 3e ligne de métro n’était pas le nôtre,  

Nous préférions un développement plus équilibré des transports publics à l’échelle du territoire métropolitain, mais également de nos voisins du Sicoval ou du Muretin par exemple maillant l’ensemble des zones d’habitat, d’emplois, d’enseignement et de loisirs avec des transports performants. 

Nous préférions un plan de mobilités susceptible de se déployer progressivement, et démontrant ses premiers effets sans délai, et en tout état de cause sans attendre fin 2028.    

Nous préférions un projet de transports misant sur les infrastructures routières et ferroviaires existantes limitant ainsi son impact environnemental.    

Nous préférions un projet d’aménagement du territoire qui organise la complémentarité des transports publics, et favorise concomitamment le développement de la marche à pied et des déplacements en vélos, qui sont à la fois excellents pour la santé, pour le portefeuille et pour la préservation de notre environnement.  

Votre projet, nous en avons identifié depuis longtemps les limites. Nous avons par ailleurs dévoilé il y a fort longtemps aux Toulousains la véritable date de mise en service de la 3e ligne de métro, loin des mensonges que vous colportiez en période de campagne électorale. La politique se meurt des mensonges organisés et des dissimulations coupables financées par des campagnes de communication institutionnelles. Ce projet fut annoncé en 2014 et nous savons maintenant qu’il est fort probable qu’il ne soit inauguré qu’après l’année 2028, certains annoncent 2029, les plus pessimistes 2030.  

Ainsi, rendez-vous compte, nous aurons consacré 15 longues années à la concertation, la conception puis la construction de ce projet. 15 années, alors que l’urgence fait désormais office de routine pour nombre de toulousains : urgence sociale face à l’augmentation du coût de la vie et particulièrement du coût des déplacements, urgence démographique alors que l’accueil des néo-toulousains se fait bien souvent dans des quartiers mal desservis par les transports publics, et bien sûr urgence climatique, urgence à réduire notre pollution pour éviter de nouvelles urgences sanitaires.  

Vous l’avez compris, il ne serait pas raisonnable de remettre en cause l’opportunité même de la 3e ligne de métro à la veille de sa mise en chantier. Il ne serait pas responsable de renvoyer aux calendes grecques l’émergence d’une solution de transports puissamment améliorée pour notre territoire. Ainsi, nous concentrons nos contributions sur l’identification de pistes d’améliorations susceptibles d’en renforcer la pertinence. 

C’est dans cet état d’esprit que je m’adresse à vous aujourd’hui. Chers collègues, de quoi parlons-nous exactement ? D’un projet d’infrastructure. D’un projet de transports d’une ampleur encore jamais vue à Toulouse, certes, mais malheureusement pas encore d’un projet de territoire. Nous avons besoin, et c’est en tout cas l’intime conviction que je partage avec vous aujourd’hui de penser le développement de notre offre de transports publics conjointement au développement urbain.  

Nous avons besoin de cohérence et, osons le dire, de planification dans la mise en œuvre des politiques publiques.  

Or, nous le constatons chaque jour, notre territoire manque cruellement de cette vision stratégique, et de politiques publiques coordonnées. Nous construisons une 3e ligne de métro ? Nous devons dès à présent prévoir de concentrer autour de cette infrastructure l’essentiel des nouveaux logements, ainsi que les équipements publics associés : scolaires, culturels, associatifs, sportifs.  

Dès lors il convient de se poser quelques questions. Avez-vous- traduit cette ambition dans les documents d’urbanisme ? La réponse est non.  

Avez-vous anticipé la maîtrise foncière autour des stations de la 3e ligne de métro, en vue de mieux encadrer l’aménagement des futurs quartiers ? La réponse est encore non. Avez-vous lancé la construction des équipements publics, qui devront être livrés préalablement à l’accueil de nouvelles populations dans des quartiers déjà au bord de l’implosion ? La réponse est toujours non.  

À l’heure où notre maison brûle, nous le savons en matière de transport en commun, plus qu’en tout autre, chaque inconséquence devient inconscience, chaque errements devient coupable, chaque manque d’anticipation devient fardeau. Je pourrais poursuivre en évoquant l’opportunité de réduire la place réservée aux voitures dans les quartiers qui seront desservis par la 3e ligne de métro, contribuant ainsi à développer massivement le vélo et la marche à pied en complément des transports publics.  

Je pourrais évoquer l’opportunité de répondre bien avant 2050 à l’objectif « zéro artificialisation nette » désormais fixé par la loi, en misant sur le renouvellement urbain autour de la 3e ligne. Tous ces impensés de votre majorité, monsieur le Maire, illustrent une forme d’impréparation, au-delà du travail remarquable et sous pression des équipes techniques. Ces impasses auront des traductions très concrètes dans la qualité d’aménagement du territoire que vous lèguerez à la fin de votre mandat.  

Chers collègues, au regard de la qualité du dossier d’autorisation environnementale dont la complétude et la sincérité viennent jeter le triste voile du doute et de la suspicion, il convient aujourd’hui de se demander si le plan grand adversaire de la troisième ligne ce n’est pas vous monsieur le Maire. 

Voir l’intervention complémentaire d’Hélène Cabanes : Dossier d’autorisation environnementale de la 3ème ligne de métro – Hélène Cabanes – Conseil municipal du 8 février 2022 – elus-ecolocitoyens-toulousemetropole