Courrier au maire : quelle sécurité pour les immeubles en ruine
Objet : Sécurisation du périmètre autour des immeubles menaçant ruine
Monsieur le Maire,
L’immeuble situé au 4 rue Saint-Rome s’est effondré ce samedi 9 mars aux alentours de 1h du matin. Nous ne déplorons heureusement aucune victime mais un drame a été évité de justesse. La gestion de cette affaire et les mesures mises en œuvre pour garantir la sécurité des personnes posent question. Vous avez ordonné dès mardi dernier l’évacuation de cet immeuble, au regard d’un risque d’effondrement imminent, en raison d’une fissure importante décelée par les experts du SDIS. Un périmètre de sécurisation a été mis en œuvre autour de l’immeuble concerné, avec notamment la fermeture complète à la circulation de la rue Saint-Rome, de la rue des Changes et de la rue du Puits-Vert. Cette interdiction de la circulation, justifiée au regard du péril encouru, a toutefois été aménagée à partir de vendredi. Un cheminement piéton a en effet été restauré sur ces trois rues. Par ailleurs, l’arrêté municipal ARVT-24-0213 pris par Mme Claire NISON précise que les « immeubles riverains sis 1 rue Saint Rome, 2 rue Saint Rome, 3 rue Saint Rome, 1 rue du Puits Vert et 2 bis rue du Puits Vert à Toulouse ont été évacués le 05 mars 2024 et sont interdits d’accéder et d’habiter jusqu’à la sécurisation de la façade du 2 rue du Puits Vert / 4 rue Saint Rome. »
Or, lorsque l’immeuble s’est effondré, plusieurs piétons se trouvaient à proximité. Le Club Saint-Germain, discothèque située au 1 rue du Puis-Vert, était ouvert et se préparait à accueillir du public cette nuit-là. Les habitants des immeubles visés par l’arrêté municipal étaient présents à leur domicile, certains ont d’ailleurs été évacués par le SDIS après l’effondrement. Vous n’êtes pas sans savoir que le dispositif de barriérage mis en place n’a pas permis de contenir les gravats au sein du périmètre de sécurité instauré, la rue du Puits-Vert en particulier ayant été complètement ensevelie sous les décombres. Aussi, l’absence de victime relève du miracle, dans cette zone extrêmement fréquentée, de jour comme de nuit. Comment justifiez-vous l’ouverture de la discothèque et la présence de riverains à leur domicile ? Considérez-vous que l’étaiement de la façade et le barriérage mis en place étaient suffisants à assurer la sécurité des personnes ?
A la suite de l’effondrement, tout le secteur a été à nouveau fermé à la circulation, y compris piétonne, et tous les commerces sont restés fermés afin de faciliter les opérations d’évacuation des gravats. Les riverains ont toutefois été autorisés à circuler au sein du périmètre. Quelle évaluation des risques encourus avez-vous menée afin de justifier l’autorisation faite aux riverains d’aller et venir au sein de la zone ? Quelle évaluation des risques avez-vous menée pour permettre la réouverture des commerces et établissements recevant du public ainsi que la réouverture de la circulation, une fois les gravats évacués ? Quelles expertises entendez-vous mener sur les édifices, y compris les immeubles privés, situés à proximité du 4 rue Saint-Rome et qui pourraient être fragilisés par l’effondrement survenu ?
Au-delà de la gestion de ce cas et de la réponse à l’urgence, une réflexion globale sur la question de la sécurité des bâtiments anciens doit être menée à l’échelle de tout le centre historique toulousain. Malheureusement, d’autres immeubles présentent des signes de vétusté qui peuvent être liés à leur ancienneté mais aussi à un défaut d’entretien des propriétaires. Face aux risques que ces situations représentent pour la sécurité publique, la ville ne peut se contenter de renvoyer à la responsabilité privée et doit urgemment se mobiliser afin d’apporter une réponse adaptée à chacune de ces situations à risque. C’est pourquoi nous vous demandons quelle stratégie vous entendez conduire afin de garantir la préservation du patrimoine ancien de Toulouse et la sécurité des habitantes et habitants.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes salutations respectueuses.
Antoine MAURICE