Monsieur le Maire, Madame l’Adjointe,
On nous parle de Saint-Gaudens, mais c’est aussi aux Minimes. On nous parle de la Creuse mais c’est aussi à la Reynerie. On nous parle de la diagonale du vide, mais c’est aussi en zone urbaine, dans notre ville, que rode le spectre effrayant des déserts médicaux.
Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes. D’ici trente ans, cette proportion dépassera les 70 %. Cette évolution fera de la santé urbaine l’un des enjeux les plus importants du XXIe siècle et les deux dernières années que nous venons de traverser nous l’ont rappelé avec cruauté.
Nous le constatons au sein de notre ville, d’importantes inégalités existent en matière de santé, qu’il s’agisse de l’accès au soin, mais aussi de l’exposition aux risques. Ainsi, les ménages les plus modestes sont souvent les plus exposés au bruit et à la pollution ; ils sont également les plus touchés par les pathologies chroniques, ce qui pose de nombreux défis en matière d’organisation du système de soins, de recouvrement ou encore de mutualisation des dépenses.
Chers collègues, face à ces enjeux, nous devons construire des politiques publiques qui répondent aux réalités, et aux défis de chaque quartier de notre ville. Plutôt que d’utiliser le même référentiel pour l’ensemble des secteurs de Toulouse, nous devons nous donner les moyens de comprendre les enjeux de chacun d’entre eux, avant de déployer des actions collectives. Ainsi, nous portons l’idée de construire des stratégies sanitaires sur la base de l’expertise des habitants, qui doivent pouvoir exprimer, prioriser, et contribuer faire émerger des projets qui permettent d’agir sur leur santé.
Nous plaidons pour donner une place centrale à la santé publique, y compris au sein de nos politiques d’aménagement urbain. Aussi, nous voterons naturellement pour la délibération que vous nous proposez aujourd’hui. Et ajouterons à notre soutien 3 propositions, précises, concrètes, réalistes :
Premièrement : nous nous félicitons naturellement que la mairie de Toulouse accompagner l’émergence de maison de santé. Toutefois, nous devons nous assurer que des médecins et des personnels de santé s’y installent durablement. Or, nous le savons, l’exercice libéral impose des contraintes auxquelles de plus en plus de jeunes praticiens souhaitent échapper. Nous vous proposons donc de réfléchir à des modes de fonctionnement alternatifs, sans tabou, pouvant aller jusqu’au salariat des professionnels de santé au sein de nouveaux dispensaires urbains. Cette réflexion pourrait s’engager au travers d’une commission réunissant personnels de santé, habitants, élus de la majorité comme de la minorité.
Deuxièmement : nous constatons, encore et toujours, qu’à Toulouse nous construisons des logements, des bureaux, et même des équipements publics dans des zones soumises à une forte pollution atmosphérique. La loi nous impose des retraits conséquents vis-à-vis des rocades, et pourtant nous organisons méthodiquement le contournement de la règlementation. Bref, il est temps de dire STOP à cette folie : c’est pourquoi nous proposons d’interdire fermement, par le biais du prochain PLUiH, toutes constructions dans les zones trop soumises à la pollution atmosphérique. Et sans attendre, partageons quelques fondamentaux d’hygiène publique : ni écoles, ni équipements publics, ni logement dans ces zones que les particules fines rendent invivables.
Troisièmement : la mairie de Toulouse déploie des politiques publiques, elle est aussi un employeur. A ce titre, nous avons le devoir de conduire, auprès des agents municipaux, des politiques publiques toujours plus ambitieuses en matière de santé au travail et de prévention des risques professionnels liés à leur santé. Qu’il s’agisse de risques physiques, de risques liés à la manipulation de produits, ou de risques psychosociaux, nous devons être plus attentifs qu’aujourd’hui aux alertes exprimées par les agents municipaux.