Monsieur le Maire, chers collègues, Mesdames, Messieurs, 

Nous ouvrons ce conseil dans un contexte planétaire et international d’une gravité extrême. 

Cette semaine, les scientifiques ont confirmé que l’acidification des océans constitue la septième limite planétaire franchie sur neuf. Après le climat, la biodiversité, l’eau douce, les sols, l’azote et le phosphore, c’est un nouvel équilibre vital qui bascule. L’ensemble des limites qui conditionnent l’habitabilité de la Terre est désormais dépassé. Chaque alerte rappelle que l’urgence écologique est là et que les demi-mesures ne suffisent plus. 

Au même moment, la guerre continue à Gaza. Lundi soir, la France a reconnu l’État de Palestine. Ce geste attendu depuis des décennies est une étape forte. Mais ne nous trompons pas : cette reconnaissance ne mettra pas fin au génocide en cours, ni aux bombardements, ni à la colonisation illégale, ni à la famine qui décime un peuple. 

La France doit traduire ce symbole en actes : sanctions contre le gouvernement israélien et les colons violents, embargo sur les armes, interdiction des produits issus des colonies. Sans cela, la reconnaissance restera lettre morte. Nous appelons aussi à la libération inconditionnelle des otages israéliens détenus par le Hamas, comme à celle des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement en Israël. La paix ne viendra qu’avec justice et réciprocité. 

C’est pourquoi, ce soir, avec l’ensemble de l’opposition municipale, nous présenterons un vœu en soutien aux Gazaouis. Il appelle à un cessez-le-feu immédiat et à des sanctions, mais aussi à ce que Toulouse prenne sa part de solidarité : en approfondissant son accord de coopération avec Ramallah et en apportant une aide humanitaire concrète. 

Regardons maintenant l’actualité nationale. 

Reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen, l’ancien président Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt différé. Il a fait appel, et nous respectons ce droit. Mais déjà, la culture de l’impunité présidentielle se fissure. 

Je veux saluer le travail d’utilité publique de Fabrice Arfi, Karl Laske, et des milliers de contributeurs qui ont financé le film « Personne n’y comprend rien ». Sans cette vigilance citoyenne et ce journalisme indépendant, cette affaire d’Etat n’aurait pas émergée. 

La première réaction de Nicolas Sarkozy a révélé le camp qui se dessine : Sarkozy et Le Pen parlent désormais d’une même voix, avec les mêmes éléments de langage, contre la Justice et l’État de droit. C’est une dérive dangereuse pour notre République. Monsieur le Maire, vous qui revendiquez votre amitié avec Nicolas Sarkozy – celui qui vous a nommé contrôleur général économique et financier –, j’espère que vous n’allez pas, une fois encore, vous inscrire dans ce camp qui préfère attaquer la Justice plutôt que de respecter la séparation des pouvoirs. 

Venons-en maintenant à Toulouse. 

Les 170 salariés de l’APEAJ, association médico-sociale toulousaine reconnue, traversent une crise sans précédent : management brutal, souffrance dénoncée par le médecin et l’inspection du travail, et désormais répression syndicale. Quand celles et ceux qui accompagnent les jeunes les plus fragiles sont maltraités et muselés, c’est toute la ville qui est touchée. 

Dans nos propres services municipaux, la situation n’est pas meilleure. Prenons les bibliothèques : non-renouvellement de contractuels, fermetures qui se multiplient. Or elles sont des lieux essentiels de culture, d’accès aux droits, d’émancipation. Résultat : un service public dégradé et une ville qui recule. 

L’été 2025 l’a encore montré : Toulouse n’est pas prête face aux canicules. Plusieurs jours au-delà de 40 degrés, jusqu’à 42. Une ville étouffante, où la chaleur met en danger la santé des plus fragiles. Votre plan « Toulouse plus fraîche » se limite à quelques aménagements cosmétiques. L’exemple des allées Jean-Jaurès, que vous présentez comme un « îlot de fraîcheur », est éclairant : esplanade minérale, pas d’ombre. L’écart entre vos discours et la réalité vécue est criant. Ce n’est pas du confort, c’est de santé publique. 

Ces manques structurels se voient aussi dans la mobilité. Le baromètre Vélo 2025 classe Toulouse seulement « moyennement favorable » aux cyclistes. Voilà le vrai visage de votre politique : beaucoup de communication, mais des aménagements discontinus, un maillage trop lent, une ville encore d’abord pensée pour la voiture. 

La rentrée scolaire confirme ces manques. Partout, la colère des parents monte. À l’école maternelle Buffon, des classes ont été fermées après la rentrée, malgré des effectifs déjà chargés. Dans les écoles REP+, les surcharges restent la norme. Et toujours pas assez d’AESH pour accompagner les enfants en situation de handicap. 

Quant aux bâtiments, beaucoup sont vétustes. L’hiver, on y grelotte ; l’été, on y suffoque. Toujours pas de brasseurs d’air dans chaque classe, aucun plan global de rénovation. Nous proposons un plan massif pour transformer nos écoles face aux enjeux écologiques. 

Même constat dans la petite enfance. Vous avez fait voter une délibération illégale sur l’autorité organisatrice, sans projet stratégique. La privatisation de la crèche Saint-Michel, opérationnelle en cette rentrée, a dégradé le service rendu. Plus de 1 600 familles restent sans place chaque année, et les refus pénalisent particulièrement les plus précaires, à cause d’un système de points inadapté. 

Et aujourd’hui encore, vous nous demandez de valider l’extension d’une crèche privée lucrative, Babilou, qui cherche à dégager des profits au détriment du personnel et des enfants. Nous proposons, au contraire, un schéma global de la petite enfance, fondé sur des crèches publiques et associatives adaptées aux besoins de chaque quartier. 

Enfin, un mot sur Ipsophène. L’État a donné le feu vert à l’installation d’une usine de paracétamol sur l’Île du Ramier, classée Seveso, en zone inondable, au cœur de quartiers densément peuplés. Dimanche dernier, nous commémorions le vingt-quatrième anniversaire d’AZF. Vingt-quatre ans après, Toulouse porte encore ses cicatrices. Et voilà qu’on envisage d’implanter une nouvelle activité chimique à haut risque sur ce même périmètre plutôt que de chercher un terrain adapté sur notre territoire. 

Nous soutenons l’objectif de souveraineté industrielle et sanitaire, mais refusons qu’il se fasse au prix de la sécurité et de la santé des Toulousains. « Plus jamais ça », disions-nous après AZF ; c’est pourtant le chemin inverse que vous laissez faire. 

Pour notre part, nous faisons d’autres choix. 

Nous continuerons à incarner une vision claire, constructive et exigeante, avec éthique : une ville qui protège ses habitants face au dérèglement climatique et à la perte de biodiversité ; qui garantit des services publics de qualité, à tous les âges de la vie, à commencer par les tout-petits toulousains ; qui agit pour la paix et la solidarité, à Toulouse comme à l’international. 

L’avenir de Toulouse ne se construira pas sur l’écoblanchiment ni sur les inégalités. Il se construira sur l’écologie et la justice sociale. 

C’est ce chemin que nous proposons aux Toulousains : celui de l’exigence, de la solidarité et de l’espérance. Et c’est avec cette détermination que nous continuerons, ici et partout, à porter une autre voie pour notre ville.