Monsieur le Maire, chers collègues, Mesdames, Messieurs,
Alors que la tension atteint un nouveau seuil d’inquiétude au Proche-Orient, avec l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, la multiplication des frappes, y compris contre des civils, et le risque, toujours plus réel, d’un embrasement régional — voire mondial — notre responsabilité, ici à Toulouse,
est de ne pas détourner le regard.
Nous ne sommes pas à Jérusalem, ni à Téhéran, ni à Rafah.
Mais ce qui s’y joue nous concerne.
Car dans un monde traversé par la guerre, l’injustice, les reculs démocratiques, nous avons le devoir de rester lucides, engagés, et fidèles à nos valeurs humanistes.
Celles-là mêmes qui ont façonné l’histoire de la Ville rose, terre d’asile des Républicains espagnols comme de nombreux exilés.
1 – Gaza
Depuis dix-huit mois, un drame humanitaire d’une ampleur inédite ravage Gaza.
Oui, nous avons condamné sans réserve l’attaque terroriste du 7 octobre 2023.
Rien n’excuse le terrorisme.
Mais rien ne justifie non plus une riposte aveugle qui écrase toute une population :
- 55 000 morts — l’équivalent d’une ville comme Castres rayée de la carte ;
- dont 15 000 enfants ;
- 125 000 blessés ;
- et deux millions d’êtres humains affamés.
Toulouse, ville solidaire, ville debout, ne peut rester silencieuse.
Nous devons, en notre nom, exiger :
- Un cessez-le-feu immédiat et permanent ;
- La libération inconditionnelle de tous les otages ;
- L’ouverture totale de l’aide humanitaire ;
- La reconnaissance de l’État de Palestine, aux côtés d’Israël – seule voie crédible vers la paix.
Nous proposons de renouveler et renforcer l’accord-cadre de coopération entre Toulouse et Ramallah, pour soutenir des actions de santé, d’éducation.
Le 9 juin, nous avons soutenu la Flottille de la liberté, arrêtée illégalement en mer.
Nous demandions que Toulouse condamne cette interception, exige la libération des 12 marins détenus et fasse pression pour un embargo français sur les ventes d’armes.
Monsieur le Maire, nous avons condamné sans réserve les menaces de mort qui vous ont visé à cette occasion.
Mais nous avons aussi déploré l’amalgame que vous avez commis, en accusant certains partis, dont les Écologistes.
C’est irresponsable.
Et cela alimente la haine.
Nous le refusons.
Toulouse vaut mieux que cela.
Notre débat démocratique aussi.
2 – Campagne 2020
Les révélations de Mediacités relatives à la campagne municipale de 2020 sont graves :
- Des agents municipaux auraient travaillé sur leur temps de travail pour votre campagne ;
- Des salles publiques auraient accueilli des réunions partisanes ;
- Des fichiers internes auraient été utilisés à des fins électorales.
Si cela est confirmé, il s’agirait d’un détournement de fonds publics et d’une violation du Code électoral.
Dès le premier conseil municipal de cette mandature, j’avais parlé d’une tâche indélébile, à propos de la campagne de caniveau que vous aviez menée, jusqu’à des attaques homophobes de vos soutiens et des insinuations personnelles indignes.
Vous m’aviez alors répondu que j’étais un « mauvais perdant ».
Mais les éléments révélés tendent à montrer que la tâche était peut-être encore plus profonde…
et que je n’étais pas si mauvais perdant, quand vous semblez être aujourd’hui un si mauvais gagnant.
Sans transparence, la politique perd son sens.
Sans confiance, la démocratie se fissure.
C’est pourquoi j’ai saisi le procureur de la République, via mon avocat, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale.
Nous ne demandons rien d’autre que la vérité.
Et la sincérité du scrutin est en jeu.
La confiance démocratique l’exige donc.
Nous resterons vigilants.
3 – Laïcité
Le 8 juin, 15 000 fidèles participaient à une messe géante au MEETT.
Le vicaire général a publiquement remercié la collectivité — et vous, Monsieur le Maire — pour la gratuité du site.
Je vous remercie, tout d’abord, de bien vouloir confirmer ces faits .
Nous réaffirmons, au nom de notre groupe, notre attachement profond à la laïcité.
La laïcité protège toutes les convictions.
Mais elle n’en finance aucune.
La mise à disposition d’équipements publics à des fins cultuelles ne saurait être gratuite.
C’est pourquoi nous vous invitons à mettre en place un cadre transparent :
- publication systématique des montants de location ;
- critères clairs et limités pour l’octroi de la gratuité,
uniquement pour des événements d’intérêt général reconnu,
qu’ils soient culturels, éducatifs ou caritatifs.
La neutralité de la République n’est pas négociable.
Elle est la garantie du vivre-ensemble.
4 – Conseil municipal
Aujourd’hui, vous présentez le compte administratif 2024 et le budget supplémentaire pour 2025.
Nous y verrons vos choix politiques :
- Des associations qui paient les conséquences de l’austérité votée par vos amis à l’Assemblée ;
- Des services publics réduits, comme les bibliothèques — une manifestation a lieu sous nos fenêtres, et nous la soutenons ;
- La poursuite d’une vente “par appartements” du patrimoine public, qui nous appauvrit collectivement ;
- Des dérives dans la politique petite enfance, confirmées par la Chambre régionale des comptes.
Face à cela, le groupe écologiste reste mobilisé et fait des propositions :
- Un vœu pour rétablir un véritable service public des bibliothèques, pilier de l’émancipation ;
- Un vœu pour une réforme du financement de l’accueil du jeune enfant,
qui garantisse à la fois qualité d’accueil et juste rémunération.
Conclusion
De Gaza à Toulouse, un même fil rouge traverse nos débats :
Justice. Transparence. Paix.
Justice pour les civils bombardés ou affamés — qu’ils vivent à Gaza, en Israël ou ailleurs.
Transparence dans l’usage des moyens publics, ici comme ailleurs.
Paix sociale, fondée sur des services publics solides, et une vie associative pleinement soutenue.
Et surtout : une exigence d’éthique et de responsabilité pour celles et ceux qui représentent Toulouse.
À chaque fois que l’on s’habitue à l’inacceptable, à chaque fois que l’on détourne le regard, c’est un peu de démocratie que l’on abîme.
Alors non, nous ne détournerons pas le regard.
Nous ne céderons ni à la résignation, ni aux intimidations, ni à la banalisation de l’injustice.
Nous continuerons à alerter.
À proposer.
À construire.
Parce qu’une Toulouse écologique, sociale, démocratique et digne n’est pas un rêve lointain : c’est un cap.
Et ce cap, nous allons le tenir. Ensemble.