Concertation relative au projet de réseau de chaleur et de froid du Grand Matabiau : position du groupe


Pour consulter le site dédié à la concertation : Consultation du public sur la demande d’autorisation environnementale et la demande de permis de construire du projet « Grand Matabiau Quais d’OC » – Je participe !

Un projet qui a beaucoup évolué depuis 2021


Le projet a beaucoup évolué par rapport aux intentions initiales de la collectivité. Dès 2021, nous alertions la majorité et les services de la Métropole sur les risques sanitaires et environnementaux inhérents à la construction d’une chaufferie biomasse, pensée à l’époque comme la seule source d’énergie pour approvisionner le réseau de chaleur et qui aurait, de surcroit, pu être implantée au coeur d’une zone résidentielle, dans le quartier Négreneys.
Le projet, tel que présenté aujourd’hui et soumis à l’avis du public, prévoit la construction d’une centrale multi-énergies et non plus seulement une chaufferie biomasse. Ainsi, il est prévu d’alimenter le RCU grâce à la géothermie, qui sera la source d’énergie principale grâce au pompage de la nappe d’eau chaude présente sur le site. L’usage de cette énergie n’a pas d’incidence sur la qualité de l’air et permet donc de protéger la santé des riverains. De plus, elle ne nécessite pas d’intrants contrairement à la biomasse, ce qui limite les nuisances liées au transport et au stockage, ainsi que les impacts sur la biodiversité. Nous saluons ce choix technique de la géothermie, qui est le moins impactant et le plus adapté, considérant l’existence avérée du gisement géothermique sur le site d’Atlanta.
En complément de la ressource géothermique, il est prévu la construction d’une chaufferie biomasse et d’une chaufferie gaz, qui permettront de répondre à la plus forte demande de chaleur en hiver. Ces deux sources d’énergie viendront en appoint et le dimensionnement des installations sera donc relativement modeste, comparé à l’option initiale d’alimenter le RCU uniquement à partir de la biomasse. De ce fait, les impacts négatifs sur la qualité de l’air, les nuisances pour les riverains et l’impact sur la biodiversité seront plus limités. Compte tenu de ces évolutions et des choix techniques retenus, le projet nous semble aujourd’hui relativement équilibré.
Nous émettons un avis favorable à ce projet, tout en émettant les recommandations suivantes afin d’optimiser la performance environnementale du réseau de chaleur.


Préserver la qualité de l’air


La combustion de la biomasse est une source majeure d’émission de particules fines (PM10, PM2.5) et particules ultrafines (PUF), dont l’impact sanitaire délétère est avéré. La concentration en particules augmente notamment l’hiver, en raison du recours au chauffage au bois chez les particuliers (a
fortiori lorsque les foyers sont anciens et ouverts). Le RCU permet de réduire ces émissions en se substituant aux chauffages individuels, peu efficaces. Pour autant, la chaufferie elle-même pourrait être une source importante d’émissions. Pour réduire autant que possible l’impact de la chaufferie biomasse, nous recommandons l’usage de combustibles de qualité, composés majoritairement de plaquettes forestières, avec une humidité comprise entre 20 et 35% et, bien entendu, l’interdiction des bois de récupération. Nous recommandons en complément la mise en place de dispositifs d’épuration des fumées aussi efficaces que possible, au-delà des exigences réglementaires. Enfin, la qualité de l’air en sortie d’usine et dans les environs devra être suivie très régulièrement afin de confirmer l’absence d’incidence et de surexposition des riverains.


Garantir un approvisionnement responsable en biomasse

La biomasse est une énergie renouvelable, à condition qu’elle soit exploitée et gérée durablement. Dans le cas du bois-énergie, il est important que les forêts soient gérées dans une approche multifonctionnelle permettant de préserver la biodiversité et les services écosystémiques rendus par la forêt. Certains projets de chaufferie biomasse ne sont pas vertueux, lorsqu’ils fonctionnent avec d’importants volumes de biomasse issus de forêts mal gérées, voire issus de la déforestation et importés de l’étranger. Afin d’éviter tout risque, nous recommandons de mettre en place une politique d’approvisionnement durable en biomasse, fondée sur ces deux critères :

  • Origine locale : région Occitanie ou région Nouvelle-Aquitaine
  • Certification durable : 100% des volumes issus de parcelles certifiées PEFC, FSC ou autre label officiel


Renforcer la transparence et le dialogue


Le développement d’un tel projet suscite des inquiétudes qui sont tout à fait légitimes pour les riverains. Pour faciliter le dialogue, nous recommandons la création d’un comité de suivi du site, dans lequel pourront siéger les élus de l’opposition, les associations et les riverains ainsi que des représentants de l’ADEME, de la DRAAF, de la Région et des COFOR31 afin de suivre la délégation de service public, le bon fonctionnement de l’installation, les pratiques d’achat de bois, la performance énergétique et environnementale et tout autre sujet d’intérêt pour les parties prenantes.