Monsieur le Président,
Chers collègues,
Disons-le sans ambages, cette délibération est d’abord le fruit d’un échec. Pas plus qu’en matière de transport notre métropole ne dispose aujourd’hui de cadre juridique et stratégique fixant les orientations en matière d’urbanisme et d’habitat après l’annulation par la justice de votre PLUIH.
Je veux ici dire notre position après que vous ayez vertement critiqué la décision de justice et finalement le rôle même de cette dernière. Nous sommes opposés à une judiciarisation de la politique. Nous défendons le débat d’idée et le processus électoral comme fondement des orientations stratégiques de notre territoire. Une fois cela rappelé il convient pour nous de laisser agir la justice agir et juger au regard du droit positif. C’est ce qu’a fait le tribunal administratif et lorsque l’on commet une faute, ce n’est pas à l’arbitre qu’il faut s’en prendre, mais à soi.
Cette faute, Monsieur le Président, est de ne pas avoir su proposer un PLUIH mettant un terme, ou à minima un coup d’arrêt à un défaut historique de notre métropole, à savoir l’étalement urbain. Toulouse est la championne de France de l’étalement urbain. Deux tiers des espaces urbanisés concernent les zones pavillonnaires, qui n’accueillent pourtant qu’un tiers des habitants.
Où en sommes-nous aujourd’hui après cette annulation ? Nous sommes dans une situation difficile, une situation qui ne peut ni de doit réjouir personne puisque nous nous trouvons donc avec des secteurs entiers en forte tension alors même que le PLUIH essayait de juguler cette dernière et d’autres dans lequel nous aurions besoin de construire et d’ouvrir au développement ce qui n’est pas possible sans adoption d’un nouveau PLUIH.
De cet échec, de votre échec nous proposons aujourd’hui de faire une véritable opportunité. Nous proposons pour cela trois pistes principales.
En matière d’environnement. La loi climat résilience, fixe des objectifs clairs. En 2030 nous devrons réduire de moitié l’artificialisation nette et en 2050 nous devrons atteindre zéro artificialisation nette. Faisons prendre à notre métropole un temps d’avance en la matière puisque nous devons construire un nouveau PLUIH et que nous avons la chance de connaître cette loi et ces objectifs, gravons-les dans le marbre dès 2024 au cœur de notre PLUIH.
En matière de co-construction. L’urbanisme ne peut demeurer un débat d’expert. Sortons des cadres classiques et imposés de la co-construction, soyons innovants, novateurs, allons directement à la rencontre de la population là où elle se trouve, faisons participer numériquement les habitants de notre métropole, posons des questions simples, supprimons nos jargons, rendons l’urbanisme c’est-à-dire l’art de faire la ville, populaire !
En matière de qualité des projets. Car disons la vérité pour faire face à sa croissance ces dernières années notre métropole a été livrée corps et âme aux promoteurs immobiliers. C’est ainsi que nous assistons à la construction d’une « ville moche », où les immeubles neufs poussent de manière anarchique le long des rues, sans stratégie ni vision d’ensemble. Pire encore, nous constatons tous la piètre qualité de ce bâti, tant il se dégrade rapidement. Bienvenue dans le monde merveilleux de la défiscalisation : bâtiments conçus autour de la « contrainte » de la garantie décennale, prix de vente largement décorrélé du coût de construction et typologie des logements souvent inadaptée aux besoins des habitants… Il est urgent d’intervenir, sauf à accepter de préparer une crise encore plus importante d’ici trente ans, lorsque des bâtiments mal construits et mal entretenus seront devenus insalubres.
Voilà Monsieur le Président, chers collègues, trois pistes de travail que nous vous proposons et sur lesquelles nous seront particulièrement vigilants.