Acte II du Plan Climat : toujours pas à la hauteur des enjeux – Conseil de Métropole du 20 octobre 2022 – Patrick Chartier

Cet été, à Toulouse, il y a eu 22 jours où la température maximale a dépassé 35°C. Quand la température dépasse 35°C le travail en extérieur et les simples sorties sportives ou non deviennent difficiles. Les nuits sont peu récupératrices et les personnes les plus fragiles sont en difficulté. Or, jusque dans les années 80, toujours à Toulouse, il était courant d’avoir des étés sans que ce seuil de 35°C ne soit atteint. En revanche, si rien n’est fait, des étés comme celui de 2022 deviendront la norme dès les décennies 2030, 2040. Selon le GIEC, le changement climatique est entièrement dû aux activités humaines et en particulier aux émissions de GES. Il nous faut donc penser toutes les activités humaines différemment ! Pour rappel, en matière d’émission de GES, l’objectif du PCAET Métropolitain à échéance 2030 est une baisse de 40% par rapport à 2008. Cet objectif s’entend pour le territoire et non par habitant ! Le bilan de mi-parcours fait état d’un tendanciel de -9% à échéance 2030, ce qui montre l’ampleur de l’effort restant à faire ! Il est d’ailleurs curieux de noter que, dans la communication, ce chiffre de -9% à l’échelle du territoire est décliné par habitant ; ce qui permet d’afficher page 8 du rapport développement durable une baisse plus flatteuse de 14%. Ce n’est pas en changeant de thermomètre que l’on fait baisser la température !

Cet Acte II du PCAET, présente aujourd’hui l’ensemble des actions portées par la Métropole et compte sur l’effet d’entraînement des autres acteurs. Cela devrait permettre, selon M. Chollet, d’atteindre les objectifs. A noter le conditionnel. Certaines actions sont amplifiées et c’est tant mieux au regard du bilan intermédiaire. D’autres sont dites nouvelles alors qu’elles on déjà été adoptées en conseil métropolitain ; comme la création des 5 grands parcs, l’ensemble des primes à la transition écologique ou le programme Vilagil. Quant au fonds air-bois, il existe depuis plusieurs années, suite à un vœu proposé par l’opposition au mandat précédent et adopté. Mais il n’a jamais été réellement activé. Quant aux transports, ils représentent 52% du total des émissions de GES sur la Métropole. C’est donc l’axe majeur pour atteindre cet objectif mais également celui de la consommation d’énergies. Il est annoncé qu’en 2030, 7 habitants sur 10 de la Métropole auront accès à un transport en commun structurant : Métro, Tram, Linéos, bus en site propre. Quid pour les 3 sur 10 restants ? Soit environ 300.000 personnes, pour la plupart les plus éloignées de la ville centre ? Le remplacement de leur véhicule thermique par un électrique ? Mais cela ne résoudra pas le problème des embouteillages ni celui des particules fines issues des pneus et des freins. D’autre part, nous n’avons pas la même notion de TC structurant car pour avoir un report modal franc, de la voiture vers les transports en commun, il est nécessaire que ces transports en commun soient entièrement dégagés de la circulation automobile. Ce qui n’est pas le cas pour les Linéos sur l’entièreté de leur parcours ! Par exemple, pour le Linéo 10 (à vérifier), sur les 11km de ligne seuls 3 sont en site propre. Aux heures de pointes, il faut donc 35 à 45 mn d’un bout à l’autre de la ligne. Durée de transport peu incitative pour les trajets pendulaires domicile/travail. Idem pour le futur Linéo 7. A quand une voie réservée aux bus sur la rocade comme c’est le cas à Nantes ? Sur la métropole le taux d’autosolisme est de 85%. Ces voies pourraient donc également être réservées aux covoitureurs ! A quand des trains ou RER cadencés ? A quand un Réseau Express Vélo sans discontinuités ? C’est à dire, séparé du flux automobile sur 100% du parcours. Les projets et travaux engagés actuellement vont connaître une forte augmentation des prix. Par exemple, au moins + 300M€ pour la 3ème ligne de métro ? Certaines enveloppes devront donc être revues avec quelle conséquence sur cet acte II du PCAET. Sera-t-il budgétairement sanctuarisé ?

Pour embarquer l’ensemble des habitants et entreprises du territoire, il nous faut, il me semble, que dans chacune des collectivités les élu-es se sentent pleinement concernés. Qu’en est-il de la participation à l’atelier 2 T ? Objet d’un voeu adopté dans un précédent conseil métropolitain. Même si l’ensemble des actions présentées dans cet acte II va dans le bon sens, tant qu’il n’y aura pas, là aussi, pleine et entière cohérence des différents documents structurants que sont PADD, PLUiH et PDU avec les objectifs du PCAET, ces objectifs risque d’être difficile à atteindre. (C’est pourquoi nous nous abstiendrons)