« Monsieur le Président, chers collègues,

Je voudrais tout d’abord avoir une pensée pour l’ouvrier qui a perdu la vie sur le chantier de la ligne C du métro. En 2024 déjà, un autre ouvrier est mort et ses collègues ont été blessés. Aucun travailleur, aucun salarié, aucun agent ne devrait risquer sa vie en allant gagner sa vie. Le travail ne devrait jamais tuer.

Nous adressons nos pensées les plus profondes à sa famille, à ses proches, à ses collègues, et à toutes celles et ceux qui, aujourd’hui encore, travaillent sur ce chantier avec cette douleur et cette inquiétude en tête.

Ce drame nous oblige collectivement. Il nous oblige à agir pour que cela ne se reproduise plus. C’est pourquoi notre groupe déposera, en fin de conseil, un vœu afin que la Métropole prenne toute sa part de responsabilité pour renforcer la sécurité, la prévention et le contrôle sur les grands chantiers dont elle est maître d’ouvrage ou partenaire.

L’actualité, c’est aussi celle du monde agricole.

Nous voulons ici redire notre soutien aux agriculteurs et agricultrices, qui vivent une crise profonde, durable, multifactorielle. Ils nourrissent notre territoire, participent à notre économie locale, à notre souveraineté alimentaire et à la vitalité de nos communes, bien au-delà de Toulouse.

Leur colère est légitime lorsqu’ils subissent des revenus insuffisants, une concurrence déloyale, des accords de libre-échange comme le Mercosur, qui mettent en compétition des modèles agricoles radicalement différents, au détriment de ceux qui respectent des normes sociales et environnementales élevées.

Les soutenir, ce n’est pas opposer agriculture et écologie. C’est au contraire défendre une agriculture paysanne, viable économiquement, juste socialement et soutenable écologiquement. C’est ce modèle-là qui a un avenir sur notre territoire.

Je souhaite également saluer la libération de Camilo Castro, après de longs mois de détention. C’est un soulagement, mais il reste une attente forte : celle de la libération du journaliste Christophe Gleize, condamné à 7 ans de prison en Algérie, et nous déposerons également un vœu en ce sens.

Aujourd’hui, nous allons délibérer sur des sujets qui vont nous interroger sur notre vision de la Métropole, comme le PLUi-H ou le SERM.

Une métropole, ce n’est pas une ville-centre qui décide pour les autres.
Une métropole, c’est un outil de coopération entre communes, entre territoires urbains, périurbains et ruraux. Un espace où l’on construit des politiques publiques pour toutes et tous, et pas uniquement pour Toulouse.

Le compte n’y est pas toujours.

En termes de transports, la ligne C du métro est présentée comme une réponse structurante. Certes. Mais elle desservira presque exclusivement Toulouse intra-muros, alors que les besoins les plus criants sont ceux des habitantes et habitants qui viennent de l’extérieur de la ville, qui subissent les embouteillages, à cause du manque d’alternatives crédibles à la voiture.

Le SERM, le service express régional métropolitain, avec le RER comme projet structurant, est précisément une des réponses à ces enjeux : intermodalité, trains du quotidien, maillage du territoire, complémentarité avec les réseaux existants. Encore faut-il en faire une priorité réelle, et pas seulement un affichage.

Au cœur de ce conseil se trouve aussi le PLUi-H.

Pendant près de dix ans, notre métropole a navigué à vue. L’annulation de votre premier PLUi-H a entraîné un retard considérable en matière de logement, de planification, d’anticipation des enjeux climatiques et sociaux.

Ce retard, nous le payons aujourd’hui : crise du logement, artificialisation, tensions sur le foncier, difficultés pour les communes comme pour les habitants.

Nous espérons que le prochain PLUi-H, que vous nous proposez aujourd’hui, même imparfait (car aucun document de cette ampleur ne peut l’être totalement), sera à la hauteur des enjeux environnementaux, climatiques et sociaux qui sont devant nous.

Mais pour cela, encore faut-il accepter le débat démocratique, l’expertise indépendante et l’État de droit.

Vos déclarations récentes, Monsieur le Président, à propos de l’avis de la MRAE sur le projet AURA Aero à Cugnaux, nous ont profondément choqués.

Accuser les juges, ou les autorités environnementales, de céder à un prétendu « intégrisme écolo militant », laisser entendre qu’ils seraient infiltrés ou idéologiquement biaisés, est non seulement infondé, mais profondément préoccupant.

Les autorités environnementales ne font que leur travail, sérieusement et en toute indépendance : analyser, alerter, demander des garanties sur le bruit, la santé, l’environnement. Ce n’est ni du militantisme, ni de l’idéologie. C’est du droit. C’est de la science. C’est de l’intérêt général.

Opposer réindustrialisation et exigences environnementales est un faux débat. La transition écologique n’est pas l’ennemie de l’industrie ; elle en est la condition de durabilité. Et la décarbonation du transport aérien ne dispense pas du respect des règles environnementales, bien au contraire.

S’en prendre aux juges et aux experts quand leurs avis dérangent, c’est fragiliser l’État de droit. Et c’est un très mauvais signal envoyé à nos concitoyens.

En fin de mandat, vous multipliez les caricatures : les « écolos contre tout », les juges « militants », les normes « absurdes ». C’est plus simple que de répondre sur le fond, mais c’est aussi plus dangereux.

Car il ne faut pas oublier l’essentiel : gouverner, c’est respecter les règles que l’on est chargé de faire appliquer. Et écouter, même quand cela dérange.

Mais quand tout devient caricature, c’est souvent le signe qu’on a épuisé les arguments… et peut-être aussi un peu le souffle. »